Newsletter du Chanvre n°20 : mars 2024

 

Le chanvre à l’honneur au SIA

Lancement du livre Portraits de Chanvriers

Le livre « Portraits de Chanvriers » élaboré à l’occasion des 20 ans d’InterChanvre a été présenté le 27 février lors d’une conférence de presse au SIA sur le stand de la région Ile de France, région qui compte deux chanvrières. Plusieurs binômes producteurs-industriels ont illustré que la filière chanvre est la seule filière intégrée des producteurs aux produits finis. « Portraits de chanvriers » a également été présenté lors du Plateau TV de Semae le 2 mars.
Au travers de ce livre de 10 binômes de portraits de producteurs et d’industriels ou utilisateurs de produits finis, InterChanvre souhaitait, à l’occasion de ses 20 ans, mettre à l’honneur les acteurs de la filière qui œuvrent au quotidien au bénéfice de la société et de l’environnement. « Nous nous devions de les remercier pour tout ce travail accompli qui permet à la France d’être premier producteur européen de chanvre et troisième mondial, précise Nathalie Fichaux, directrice d’InterChanvre. Pour valoriser au mieux cette filière, nous avons fait le choix d’une conception graphique qui illustre l’ancrage territorial. Nous avons pris soin de couvrir toutes les régions chanvrières et les principaux marchés, et d’apporter in fine les perspectives de déploiement de cette plante incroyable ! »

Pour commander votre exemplaire, cliquez ici (attention nombre de tirages limité)

Un parcours du chanvre 

Différents acteurs de la transformation du chanvre étaient présents au SIA permettant de proposer aux visiteurs un véritable parcours du chanvre pour en découvrir toutes les facettes : Planète Chanvre et Wall up Préfa, Gatichanvre, La Chanvrière et le Pôle européen du chanvre, Cavac Biomatériaux, AuraLip, Pyrénées Chanvre… InterChanvre et LCBio (Lin et Chanvre Bio) étaient également présents sur le stand Terres OléoPro le 27 février et sur le stand de la Normandie le 28 février.



Le chanvre présent sur l’espace de la Bioéconomie 

Pendant toute la durée du salon, InterChanvre a exposé toutes les applications non alimentaires du chanvre (construction, textile, plasturgie, cosmétique, papeterie…) sur l’espace de la bioéconomie du stand Agri’Expo dans un labyrinthe des biosourcés (lin, laine…). Les matières premières et produits finis présentés ont permis au public de voir de plus près le chanvre et tout ce qui en découle, et parfois même de le toucher du doigt ! Des infographies et des panneaux explicatifs ont permis de répondre à la curiosité des visiteurs.



La personnalité de la filière

Franck Barbier et Nathalie Fichaux, un binôme très complémentaire au service de l’interprofession

A l'instar des binômes producteurs-industriels présentés dans le livre, InterChanvre, l'interprofession du chanvre, fonctionne grâce à un binôme président-directrice très complémentaire pour présenter l’ensemble de la filière lors de nombreux rendez-vous, notamment politiques. Objectifs : faire connaître cette filière afin de développer l’utilisation des produits finis qui en sont issus, et donc développer la production et la transformation du chanvre, lever les freins réglementaires ou autres à ce développement...
Franck Barbier, président d'InterChanvre, de la chanvrière Planète Chanvre en Seine-et-Marne et agriculteur producteur de chanvre dans ce département, intervient sur les problématiques de l'amont agricole et de la transformation industrielle ainsi que sur les débouchés. Son expérience d'agriculteur et de président de chanvrière crédibilise les informations apportées par Nathalie Fichaux, directrice d’InterChanvre et également secrétaire générale de Construire en Chanvre, sur le fonctionnement de la filière du producteur aux produits finis et sur les chiffres de la production et des chanvrières. Nathalie Fichaux intervient également sur la présentation des débouchés existants, sur ceux actuellement en R&D et sur la structuration de la filière (développement du maillage territorial). Président et directrice portent au quotidien la volonté d’InterChanvre de ramener de la valeur aux agriculteurs producteurs de chanvre.



Les débouchés

En Bref 

A l’occasion de ses 20 ans, l’UTC (Union des Transformateurs du Chanvre), qui fédère les industriels de 1e et 2e transformation du chanvre industriel et représente le collège des industriels d’InterChanvre, fait peau neuve avec de nouveaux statuts et la création d’un logo. Ce logo illustre la multiplicité des structures avec chacune sa couleur ; l’ensemble forme une feuille de chanvre industriel. Il permettra d’apporter plus de visibilité aux activités de l’UTC qui défend la qualité des productions via la charte engagement et ses labels et partage un observatoire des prix.



Construction
Lancement du 1er Prix National de la Construction en Chanvre (PNCC)  

Construire en Chanvre lance le premier Prix National de la Construction en Chanvre et son nouveau logo pour apporter une nouvelle dynamique à l'association et montrer ce que l'on sait faire avec le chanvre dans le domaine de la construction via les réalisations des architectes, ingénieurs, clients... Ce prix comportera trois catégories de projets : réhabilitation en béton de chanvre, construction en béton de chanvre, réhabilitation ou construction utilisant de la laine de chanvre. Une communication officielle a été réalisée en mars pour faire connaître ce prix. Les candidats ont jusque début mai pour déposer leur dossier sur le site internet de Construire en Chanvre (https://www.construire-en-chanvre.fr/prix_national_de_la_construction_chanvre). Un jury sélectionnera le meilleur projet dans chaque catégorie pour une remise des prix à l'assemblée générale de Construire en Chanvre le 18 juin prochain à l’Espace éco-chanvre & fibres végétales de Noyal-sur-Vilaine (Ille-et-Vilaine).



Une isolation en chanvre pour le collège Henri IV de Poitiers  

Commencée en juin 2022, la réhabilitation du collège Henri-IV de Poitiers, situé dans le cœur historique de la ville, est un projet d’envergure peu commun : une surface de près de 6 000 m2 et plus de trois ans de travaux nécessaires avant d’accueillir les 450 élèves à la rentrée 2025. Cette réhabilitation doit faire de cet établissement un lieu adapté aux exigences d’un collège du 21e siècle, tout en utilisant des matériaux écologiques. C’est ainsi que Biofib’Trio de Cavac Biomatériaux, composé de laine de chanvre, lin et coton, sous forme de panneaux souples faciles à poser et à découper, est actuellement utilisé pour isoler les murs périphériques avec 5 700 m2 en panneau 145 mm et 2 900 m2 en panneau 60 mm. Cette isolation en chanvre a été proposée par le plaquiste intervenant sur ce chantier, un adepte des matériaux biosourcés et en particulier des produits Biofib.



Textile
NatUp sort le premier fil de chanvre 100% français  

Après avoir lancé en 2022 le premier fil de lin 100% français, la French Filature de NatUp Fibres, filiale de la coopérative NatUp, poursuit la relocalisation de savoir-faire nationaux disparus depuis plus de deux décennies en lançant le premier fil de chanvre 100% français. Cette aventure a été possible notamment grâce aux financements régionaux en Normandie, à la R&D des constructeurs de machine, aux agriculteurs et aux teilleurs. La French Filature utilise un procédé "au mouillé", ce qui lui permet d'obtenir un fil d'une grande finesse, particulièrement adapté à l’habillement et au linge de maison. Il peut se tisser et se tricoter pour confectionner des chemises, pantalons, draps … Ce fil de chanvre a déjà été tissé par l'entreprise Lemaitre Demeestere. La French Filature garantit ainsi une traçabilité complète et une optimisation de l’impact environnemental du produit fini et participe à l’initiative Bleu Blanc Chanvre qui a pour ambition de créer une filière textile chanvre 100% made in France.



Alimentation
En Bref 

InterChanvre est actuellement en négociation avec le Ministère de l’agriculture afin que le Plan Protéines Végétales s’ouvre d’une part, aux cultures protéagineuses autres que les légumineuses et d’autre part, au débouché de l’alimentation humaine afin d’en faire bénéficier le chanvre.



Sur le terrain

VirgoCoop : l’usine de défibrage entre en fonctionnement 

Implantée à Caylus (Tarn et Garonne), l’usine de défibrage de Virgocoop est en marche. Elle est dotée d’une première ligne de défibrage entrée en fonctionnement à l’automne 2023 pour produire des fibres courtes, et d’une seconde depuis début 2024 pour obtenir des fibres longues, idéales pour du fil 100 % chanvre. VirgoCoop peut ainsi transformer jusqu'à 2 000 t de pailles par an, soit environ 400 HA de chanvre. Le lancement de cette usine, qui a nécessité plus d’un million d’euros d’investissement, a été possible notamment grâce à celui des sociétaires de la coopérative et à la région Occitanie. Fondée en 2018, la coopérative citoyenne VirgoCoop s’est donnée pour mission de recréer localement des filières textiles écologiques et éthiques avec en priorité le chanvre et la laine. Plus de 100 agriculteurs et éleveurs sont partenaires de Virgocoop pour cultiver du chanvre ou fournir de la laine de brebis Lacaune. Ces fibres naturelles sont transformées en fils par Virgocoop et des partenaires pour être ensuite utilisés par Les Tissages d’Autan à Castres, rachetés par Virgocoop en 2021.



Gatichanvre redémarre la transformation du chanvre 

Rachetée en 2021 par Jean-Raymond Vanier, président du groupe Plantes & Fruits qui produit, transforme et vend des plantes médicinales et aromatiques cultivées par 50 à 70 producteurs du Centre-Val de Loire, Gatichanvre renaît de ses cendres. Après des mois de travail pour monter les machines et réaliser les ajustements nécessaires, la nouvelle ligne de défibrage vient d’entrer en fonctionnement pour remplacer l’ancienne trop vétuste. Les premiers ballots de paille de chanvre ont été transformés avec succès, une étape cruciale vers le fonctionnement à plein régime de l’usine dès cette année pour traiter les pailles de la récolte 2022 (340 ha) et 2023 (650 ha). Plus de 1000 HA de chanvre seront produits en 2024 dont 50% certifiés Bio. L’objectif est d’atteindre 1 500 à 2 000 HA d’ici 2025 à 2027, ce qui correspond à la capacité de transformation de l’usine (9 000 à 12 000 t/an de paille). Les fibres produites sont principalement dédiées aux marchés de l’isolation et de la plasturgie mais également du textile. La chènevotte est destinée aux marchés de la construction (enduits, bétons et blocs de chanvre), du paillage et de la litière. La poussière de chanvre sera valorisée dans un méthaniseur agricole local (Gatigaz).



Économie

La CVO collectée dorénavant par InterChanvre 

Lors du Conseil d’Administration d’InterChanvre de février dernier, la coopérative de semences Hemp it a annoncé ne plus pouvoir collecter la CVO (Contribution Volontaire Obligatoire) nécessaire à la R&D, au lobbying et à toutes les actions menées par InterChanvre. Hemp it va donc fournir à InterChanvre les éléments nécessaires à la facturation de cette CVO aux producteurs de chanvre directement par l’interprofession. Un document accompagnera les factures d’Hemp it pour expliquer cette évolution.



Réglementation 

B4C et ACDV candidats pour la présidence du groupe européen de normalisation 

La norme NF EN 16640-X85 0022 (Détermination de la teneur en carbone biosourcé par la méthode du radiocarbone) est actuellement retravaillée par les acteurs des matériaux biosourcés pour la faire évoluer. Pour ce faire, deux réunions ont déjà eu lieu avec l'Afnor suivie d'une réunion avec B4C (Pôle de la bioéconomie) et ACDV (Association Chimie du végétal). Par ailleurs, la norme NF EN 15804+A2 impacte négativement les matériaux biosourcés car elle considère qu’ils sont brûlés en fin de vie des bâtiments, ce qui ne correspond pas à la réalité car ils sont recyclables. Le bilan carbone des matériaux biosourcés est, de ce fait, moins bon sur le papier qu’en réalité, ce qui empêche de faire valoir leurs qualités environnementales, notamment celle du chanvre dans les FDES (fiches de déclarations environnementales et sanitaires). Il est donc stratégique que les acteurs français des matériaux biosourcés, et notamment du chanvre, soient présents dans les instances de réévaluation des normes. B4C (qui représente notamment InterChanvre) et l’ACDV viennent de candidater pour obtenir la présidence du groupe européen de normalisation qui doit examiner la norme NF EN 16640-X85 0022.



Au-delà des frontières

L’armée américaine teste la construction en béton de chanvre 

Par le biais de son programme de recherche sur l'innovation dans les petites entreprises (SBIR), l'armée américaine a accordé une subvention de 1,9 million de dollars à Americhanvre Cast Hemp pour des recherches approfondies sur le béton de chanvre. Ceci s’inscrit dans le cadre du plan d'adaptation climatique du ministère de la défense et de la stratégie climatique de l'armée. Americhanvre Cast Hemp et ses partenaires étudieront la résistance du matériau au feu, ses propriétés isolantes et son empreinte carbone (via une analyse du cycle de vie). L’armée américaine a déjà reconnu le rôle des matériaux isolants biosourcés, tels que le béton de chanvre, dans la réduction de cette empreinte carbone. Americhanvre Cast Hemp surveillera les performances des constructions en béton de chanvre et travaillera au développement ultérieur des ressources nationales nécessaires pour le développement de ce matériau. Tous les acteurs travaillent selon les Règles Professionnelles françaises établies depuis 2012. La certification du béton de chanvre pourrait changer l'industrie de la construction américaine.



Revue de presse : le chanvre au SIA

02/03/2024 Challenges : Chanvre : l'agriculture à la rescousse de la décarbonation de la construction


02/03/24 Sciences et Avenir : Chanvre : l'agriculture à la rescousse de la décarbonation de la construction


02/03/24 ABC Bourse : Chanvre : l'agriculture à la rescousse de la décarbonation de la construction


28/02/2024 La France Agricole : L’interprofession du chanvre cherche des producteurs


23/02/2024 Le Parisien : Du chaource, du chanvre et du Champagne… le « Made in Aube » fait son show au Salon de l’agriculture



Agenda 

A venir

27-28 mars : 8e édition des Rencontres du Made in France à Paris, en partenariat avec l’Institut Français de la Mode (exposants et conférences sur le textile, cuir et confection), avec la présence Tissage d’Autan, filiale de Virgocoop en tant qu’exposant.

16 avril : 2ème édition des Rencontres régionales de la construction en chanvre en Hauts-de-France, à Loos-en-Gohelle (Pas-de-Calais) organisées par la délégation régionale Hauts de France de Construire en Chanvre  constituée du CD2e et de CODEM FRD

26 avril : journée de la Fédération de la Mode Circulaire qui regroupe un écosystème du secteur du textile sensible aux enjeux environnementaux. InterChanvre est partenaire pour promouvoir l’intégration du chanvre dans l’approche circulaire de l’association.

5 au 7 juin : 21ème conférence annuelle de l’EIHA (Association européenne du chanvre industriel) à Prague (République tchèque).

11 juin : 10e rencontres Interprofessionnelles des filières textiles lin bio et chanvre organisées par Lin et Chanvre Bio (LCBio) à Tôtes (Seine-Maritime) sur une exploitation qui cultive du lin et du chanvre bio.

11 juin : 3e édition de la Journée du Biosourcé et Géosourcé pour le Bâtiment en Hauts-de-France à Amiens sur le site de FRD-Codem.

13 juin : le Collectif Biosourcés Grand Est organise l’événement « Bâtir des deux mains » au BTP CFA Marne à Reims. Objectif : informer et sensibiliser maîtres d’ouvrage, maîtres d’œuvre, artisans, architectes et apprenants aux matériaux biosourcés et géosourcés dans le Grand Est.

18 et 19 juin : Assemblée générale de Construire en Chanvre à Espace éco-chanvre & fibres végétales de Noyal-sur-Vilaine (Ille-et-Vilaine). Remise du 1er Prix National de la Construction en Chanvre à cette occasion et visite de chantiers et de réalisations.



Ça s’est passé

Mars

4 au 6 mars 2024 : JEC World à Villepinte, salon N°1 au monde dédié aux matériaux composites et à leurs applications.


Février

24 février au 3 mars 2024 : le chanvre à l’honneur au Salon International de l’Agriculture (SIA) via un parcours du chanvre, une exposition sur le stand de la bioéconomie, le stand TerreOléo Pro et la conférence du lancement du livre « portraits de chanvriers » (voir en début de newsletter).

6 au 8 février 2024 : salon Première Vision à Villepinte, rendez-vous bi-annuel des professionnels de la mode créative. Le stand "Textiles de France" a permis de faire un zoom notamment sur l’initiative Bleu Blanc Chanvre avec, entre autres, la présentation des premiers textiles en chanvre 100% français.


Janvier

31 janvier 2024 : Soirée de présentation des solutions de construction en chanvre aux responsables matériauthèques des cabinets d’architecture par Construire en Chanvre grâce à Archimaterial (plateforme documentaire et collaborative dédiée à la mise à disposition de la documentation des produits de l’architecture et de la construction). Étaient présents des cabinets comme l’atelier de Jean Nouvel.

11 janvier 2024 : Visite du Préfet Bertrand Gaume et du Sous-Préfet Stéphane Sinagoga de l’Essonne chez Gatichanvre

1er janvier : le Pôle européen du chanvre devient une Société coopérative d’intérêt collectif (SCIC) suite à l’assemblée générale constitutive du 13 décembre 2023 à Troyes.


Décembre

Décembre 2023 : Gatichanvre présent à la 4e édition du Forum des opportunités organisée par la chambre d’agriculture du Loiret à Sully-sur- Loire.



 

Newsletter du Chanvre n°19 : novembre 2023

 

Cette newsletter de l’automne, qui paraît généralement en octobre, vous arrive exceptionnellement un peu plus tard en raison de la rédaction en parallèle du livre « portraits de chanvriers » relatant le témoignage de 21 acteurs de la filière chanvre à l’occasion des 20 ans d’InterChanvre.



La personnalité de la filière

Mathis Rager, acteur à 360 degrés de la construction en chanvre

A 33 ans, architecte et co-fondateur d’Anatomies d'Architecture, Mathis Rager est également chargé de mission pour Construire en Chanvre depuis février 2020 et formateur depuis 2021. « La réalisation de très gros projets à l'autre bout du monde m’a fait prendre conscience qu’il fallait changer notre façon de construire. Je me suis alors orienté vers les matériaux biosourcés. Très vite, j’ai réalisé que le chanvre avait de nombreux atouts. Tous les projets d’Anatomies d'Architecture l’intègrent : le premier a été livré (la rénovation de la maison Costil dans l'Orne qui a été plusieurs fois primée*) et trois sont à l'étude. » En tant que chargé de mission, Mathis Rager représente la filière au travers de communications, salons, événements... et intervient dans des écoles d'architecture ou de design pour développer l'utilisation du chanvre. Il a également réalisé une cartographie des acteurs français de la construction en chanvre. « Mais il faut également sensibiliser le grand public pour qu’il fasse évoluer la demande auprès des fournisseurs de matériaux, d’où la rédaction de plusieurs ouvrages. » Dans « Le tour des matériaux d'une maison écologique » qui vient de sortir aux Editions Alternatives, Mathis Rager démontre que la construction avec des matériaux locaux est encore possible aujourd’hui, à partir de l’exemple de la maison Costil. Il a également rédigé « Le tour de France des maisons écologiques » et collaboré au « Guide mixité, bois et autres matériaux biosourcé » en 2020 destiné aux professionnels. L'objectif de ces ouvrages dans lesquels la part belle est faite au chanvre est de « transmettre au plus grand nombre et montrer l'importance de gérer la ressource en matériaux locaux ».
*Lauréat du Trophée Séquence bois 2023, lauréat "Green Solutions Awards" 2023, lauréat du Prix René Fontaine, Maisons paysannes de France 2023, nomination Equerre d’Argent «1ère oeuvre» 2022, nomination Prix national de la construction bois 2022.



Les débouchés

Construction
Amiens : le béton de chanvre a résisté à trois incendies 

La médiathèque en bois local et béton de chanvre projeté d’Amiens Métropole, qui devait ouvrir en septembre dernier, a subi trois incendies lors des émeutes urbaines de juin dernier. Les participants à l’AG de Construire en Chanvre le 20 juin dernier avaient eu le privilège de la visiter. « Malgré ses trois incendies, le béton de chanvre est en bon état, souligne Claude Eichwald, expert en construction en béton de chanvre et en sinistre. Sur l'entrée principale la plus sinistrée, seule la première travée est irrécupérable : l’ossature en bois est très atteinte et on observe des déformations structurelles. Hormis cette travée, les murs à ossature en bois et béton de chanvre peuvent être conservés. » Une fois de plus, le béton de chanvre a démontré sa très bonne résistance au feu.



En Bref  

L’association CF2B (Collectif des filières biosourcées du bâtiment), dont la vocation était de travailler sur des sujets de R&D communs aux filières « paille », « chanvre » et « ouate », sera dissoute en fin d’année. Les filières ont en effet constaté qu’elles n’avaient finalement plus de sujets techniques communs à travailler.



Plasturgie
Matéri’Act, nouvelle filiale de Forvia, s’appuie sur l’expertise d’APM 

Premier groupe de l’industrie automobile avec un objectif « zéro émission nette » à horizon 2045 validé par le SBTi (Science Based Target Initiatives), Forvia vient de créer Matéri’Act, une filiale pour se doter de ses propres capacités de développement, production et commercialisation de matériaux durables de pointe afin d’atteindre plus rapidement cette neutralité carbone. Matéri’Act a pour mission de proposer trois types de matériaux dont des compounds plastiques biosourcés et/ou recyclés offrant une réduction du bilan carbone allant jusqu'à 85% comparé aux matériaux actuels. Pour se développer, cette nouvelle entité va s’appuyer sur des partenariats et sur l’expertise acquise depuis plus de 10 ans par APM en R&D, gisement de matières premières durable et en production de biocomposites. Coentreprise créée par Forvia et Interval, coopérative agricole intégrée dans les coproduits du chanvre à travers sa filiale Eurochanvre, APM est experte dans la production de biocomposites intégrant des fibres naturelles. Son offre de matières durables comprend deux gammes principales : NAFILean (compounds de polypropylène vierges et recyclés renforcés de fibres de chanvre à 20%) destinés à l’injection de pièces structurelles automobiles et NAFIBoost (compounds concentrés en chanvre à diluer) pour d’autres secteurs d’activité (construction, biens de consommation…). Les produits d’APM permettant une décarbonation supérieure à 20% par rapport aux standards du marché seront dorénavant commercialisés par Matéri’Act, en tant que guichet unique pour les clients automobile et au-delà.



Alimentation
En Bref 

● Emilie Capel, fondatrice en 2021 de V21 est lauréate du Projet CAP’ (Creative Agro Project) pour son projet de développement d’une boisson instantanée à base de protéines de chanvre à destination des sportifs. CAP’ est un appel à projet à destination d’entreprises innovantes de l’agroalimentaire pour accompagner la création et la commercialisation d’une boisson sportive. Prochain objectif : lancement aux JO 2024. V21 commercialise déjà de l’huile vierge, des graines entières ou décortiquées, et des protéines végétales de chanvre bio issues de sa production de chanvre dans le Gers.

● La 4e édition du concours d’huile de chanvre a eu lieu en Italie à Frattamaggiore le 15 septembre dernier, organisée par l'association Fracta Sativa UniCanapa. Six entreprises françaises y ont participé. Si le 1er prix a été attribué une nouvelle fois par Molino Crisafulli, les deuxième et troisième prix ont été remportés par deux Français : Chanvreel et L’Chanvre. L'Chanvre s'est également distingué en remportant le prix de l'huile la plus savoureuse.



Textile
Le chanvre à l’honneur lors de la Fashion Week 

Après avoir recréé un décor de champ de chanvre avec ses propres plants pour le défilé Coperni à l’automne 2021, la ferme 91530lemarais, structure créée en 2019 dans l’Essonne pour créer des liens entre l’agriculture et l’art, a mis à nouveau le chanvre à l’honneur lors de la Fashion Week cet automne. La marque taïwanaise Shiatzy Chen a réalisé un défilé avec notamment une quinzaine de looks réalisés avec le tissu Studio Sativa 91.530 en chanvre, chanvre cultivé dans la ferme d’art en Essonne et tissé en France par Lemaitre Demeestere. S’intéressant à l’écologie, la marque taïwanaise privilégie des matières comme le chanvre et a collaboré à cette occasion avec 91530lemarais pour un partenariat artistique : les dessins de l’artiste Daniela Busarello, réalisés avec les pigments naturels et inspirés par la terre de la ferme, ont été réinterprétés par la designer de Shiatzy Chen pour être brodés ou imprimés sur certaines pièces du défilé du 2 octobre dernier.



En Bref 

● Suite au lancement des marques Bleu Blanc Chanvre et Bleu Blanc Lin en juin dernier pour produire des textiles Made in France en chanvre ou en lin, trois groupes de travail ont été créés sur les thématiques suivantes : « la traçabilité de ces nouvelles filières », « comment rendre le chanvre et le lin utilisables par la filière textile et comment répondre aux attentes des marques » et « communiquer sur ces nouvelles marques ».

Agrochanvre est labellisé Gots depuis juin dernier pour ces fibres textiles courtes bio destinées à la cotonisation. Cette certification reconnue au niveau international va au-delà du label bio en y ajoutant des exigences environnementales et sociales. Pour Agrochanvre, qui a déjà commercialisé ses premiers produits labellisés Gots, cela permet d’accéder à de nouveaux marchés.

● Le groupe de travail chanvre textile au sein de l’Alliance se structure en deux comités : un comité d’orientation composé de sept personnalités expertes de la filière lin et de la filière chanvre et un comité technique composé de Lin et Chanvre Bio, d’InterChanvre et de l’Alliance. L’objectif est d’identifier les priorités stratégiques et définir la feuille de route opérationnelle collective pour structurer la filière chanvre textile européenne. Parmi les thèmes abordés : le glossaire du chanvre, les itinéraires techniques textile, la mécanisation de la récolte et le process de transformation fibre-fil-tissu, l’empreinte environnementale, les propriétés du chanvre textile, la stratégie de promotion, et la certification européenne pour défendre, fédérer et promouvoir le chanvre textile.



Sur le terrain

Récolte 2023 : quantité et qualité au rendez-vous en chènevis  

Bien que tardifs en raison d’un mois d’avril très pluvieux, les semis de chanvre 2023 s’étaient bien déroulés, suivis d’une belle levée avec beaucoup moins de dégâts d'oiseaux, contrairement à 2022. Mai 2023 un peu frais a ralenti la croissance, de même que juin très chaud : la Vendée a été particulièrement impactée avec une densité de pieds importante mais des tiges pas très hautes. La récolte réalisée dans des conditions exceptionnelles avec un mois sans pluie, se traduit par de très bons rendements (sauf dans l’Ouest) et une qualité de graines excellente dans la plupart des régions productrices. Les rendements atteignent en moyenne 12 à 14 q/ha, y compris en production de semences. Dans l’Est de la France, ils sont plus hétérogènes oscillant de 8 à 20 q/ha, des niveaux rarement atteints jusqu'à présent. Les rendements en paille sont plutôt faibles dans l'Ouest pour les raisons citées ci-dessus. Pour les autres régions, ils sont moyens à bons (5 t à 13 t/ha). Avec une alternance de pluies et de chaleur en août et septembre, le rouissage s’est réalisé correctement. La récolte ayant pu se dérouler sans interruption majeure, fin octobre, la majorité de la paille pressée était rentrée.



Économie

L’UTC modifie ses statuts 
Olivier Joreau président de l’UTC

L’Union des Transformateurs de Chanvre a modifié ses statuts pour pouvoir intégrer de nouveaux industriels et accroître sa représentativité. Peut devenir adhérente de l’UTC toute entreprise exerçant dans la filière chanvre sur le territoire français (à l’exclusion de la production de fleurs de chanvre et de ses dérivés ainsi que des molécules extraites du chanvre) et répondant aux critères suivants cumulativement : détenir un outil industriel de transformation des matières premières de chanvre en fonctionnement, avoir des producteurs sous contrat pour au minimum 200 HA de paille de chanvre ou traiter au moins 50 t de graines, acheter la paille ou les graines auprès de producteurs payant la CVO (Contribution Volontaire Obligatoire). Vous correspondez à ces critères et vous souhaitez intégrer l’UTC ? Contactez-nous à l’adresse suivante : j.lagneau@interchanvre.org



En Bref 

En juillet 2023, FRD (spécialiste de la valorisation des fibres végétales en matériaux) et le Codem (centre technique pionnier de la construction durable, la formulation et la caractérisation d’éco-matériaux) ont fusionné pour donner FRD-Codem. Objectif : créer au niveau national et international un centre de ressources technologiques de référence dédié aux matériaux biosourcés et aux éco-matériaux.



Réglementation 

En bref  

Lors du séminaire stratégique d’InterChanvre en mai dernier, il a été décidé de recentrer les activités de l’interprofession sur les débouchés industriels du chanvre. Les fleurs et toutes les molécules qui en sont issues ne seront plus dans le champ d’action de l’interprofession. En effet, au niveau mondial, 70 % de la production de molécules issues de chanvre est réalisée dans un objectif de production de stupéfiants, production ne correspondant pas aux objectifs d’InterChanvre.



Au-delà des frontières

La diversification booste les surfaces 

Cette carte issue de l’étude d’intelligence économique commandée par InterChanvre montre que les pays qui ont misé sur les débouchés des molécules issues du chanvre voient leurs surfaces de production diminuer. En revanche ceux, comme la France, qui ont investi dans la diversification des débouchés industriels, voient leurs surfaces de production augmenter.



Agenda 

A venir

29 novembre : rencontre Terre OléoPro à Paris.

5 au 6 décembre : 10ème édition du Congrès National Bâtiment Durable à Montpellier.



Ça s’est passé

Novembre

9 et 10 novembre : forum européen du lin et du chanvre à Versailles avec une table ronde sur le chanvre

7 novembre : participation d’InterChanvre à la visite de chantier d’une rénovation à base de chanvre à Domagné (35) organisée par Batylab et LB Ecohabitat.

6 novembre : conférence sur la construction hors site bas carbone au Palais du Luxembourg à Paris, organisée par InterChanvre et Construire en Chanvre avec les filières bois et paille.


Octobre

19 octobre : réunion des groupes de travail Bleu Blanc Chanvre et Bleu Blanc Lin à Paris.

18 au 20 octobre : stand Construire en Chanvre à Artibat (salon de la construction et des travaux publics) au à Rennes.

18 octobre : signature de la charte pour la création de l’« association pour la construction hors site et hors sol » (fabrication en atelier) à la Maison de l'Architecture de Paris par trois partenaires dont Grand Paris Aménagement qui adhère à Construire en Chanvre.

18 octobre : inauguration de l’écoquartier en béton de chanvre réalisé par Wall Up avec Crédit agricole Immobilier à Melun.

16-18 octobre : Hemp Club à Prague avec un correspondant pour InterChanvre.

12 octobre : participation d’InterChanvre à la visite de chantier d’une rénovation à base de chanvre à Montreuil sous Pérouse (35) organisée par Batylab.


Septembre

20 au 22 septembre : Sibca (salon de l'immobilier bas carbone) à Paris avec une table ronde sur la construction en béton de chanvre préfabriqué.

19 septembre : Cultinov à Noyon (02), journée dédiée à la découverte des débouchés de demain dont les cultures à bas niveau d’intrants (BNI) comme le chanvre avec des stands de Planète Chanvre, du Pôle Européen du Chanvre et d’InterChanvre.

16 septembre : fête du chanvre à Chervreux (79).

15 septembre : Le Pôle européen du chanvre a organisé une journée de visite pour découvrir l’écosystème « chanvre bâtiment » autour de Troyes. Une quarantaine d’acteurs, d’horizons et de métiers variés, ont pu découvrir cette filière de la plante à sa mise en œuvre ! Au programme : visite de La Chanvrière, du showroom IsoHemp, de l’atelier de préfabrication de Cibbios et d’un bâtiment récemment construit avec des murs préfabriqués en chanvre.

13 septembre : SPACE à Rennes avec l’Espace éco-chanvre et Lin et Chanvre Bretagne.

11 septembre : inauguration de la nouvelle usine de La Chanvrière à St Lyé (10).

1er au 11 septembre : foire de Châlons-en-Champagne avec la 1ère rencontre interrégionale des fibres naturelles le 8 septembre.


Août

26-27 août : fête de l'Agriculture organisée par les JA 35. 20 000 visiteurs professionnels et grand public dont 3 000 visiteurs sur le Village végétal piloté par Roches aux Fées Communauté où la culture et la valorisation du chanvre étaient le thème central.


Juillet

27 juillet : journée Farming Tour Hemp it à Dol de Bretagne (35) organisée par Hemp It avec une présentation des différentes variétés de chanvre et des différents usages.

25 au 27 juillet : la Chanvrière présente au IND Hemp meeting aux Etats-Unis.


Juin

22 juin : lancement de Bleu Blanc Chanvre et Bleu Blanc Lin à Paris.

20 juin : assemblée générale de Construire en Chanvre à Amiens.

8 au 10 juin : congrès EIHA à Bruxelles.

8 juin : assemblée générale de Bioéconomie4Change.

6 juin : 9e rencontre Lin et Chanvre Bio à Leudon-en-Brie (77). Les 200 participants ont notamment pu découvrir les différents process de travail des fibres, assister à une table ronde, entendre les témoignages d’agriculteurs, de filateurs et de tisseurs sur les dernières avancées sur le terrain, et ceux des marques sur leur vision de la mode durable en lin et en chanvre.


 

Newsletter du Chanvre n°18 : mai 2023

La personnalité de la filière

Marc Sourdeau, nouveau président d’Hemp-it et Hemp-it ADN

Installé depuis 1990 sur une exploitation de 170 HA dont 70 à 75 HA en production de semences (maïs, oignon, chicorée et 12 à 13 HA de chanvre), Marc Sourdeau a été élu président de Hemp-it et Hemp-it ADN en décembre dernier. Membre du bureau depuis quatre ans, il accède à ce poste après avoir été secrétaire et vice-président. Un de ses objectifs est de regagner les marchés perdus à l’export. « En 2019, 60 % de la production étaient vendus à l'export et 40 % en France, relate Marc Sourdeau. Pour la récolte 2022, la tendance s'est inversée avec 55 % de la production destinée à l’Hexagone. En 2019, la coopérative s'est dotée d'un nouvel outil industriel avec une capacité de production de 3 000 t de semences. La production était alors de 1 800 t. Mais depuis, nous avons perdu des marchés à l'export, notamment en raison de la crise énergétique, la transformation du chanvre demandant beaucoup d'énergie. La production a chuté à 1 420 t pour la récolte 2022.  Mais je reste optimiste. Le chanvre, matière première biosourcée, a le vent en poupe. On en parle pour de multiples débouchés. La transformation du chanvre va forcément se développer même s’il faudra du temps. Côté production de semences, il faut que nous soyons prêts à répondre à ce développement futur. » Autres objectifs pour le nouveau président : obtenir relativement tôt les souhaits des clients en termes de variétés pour anticiper la production de semences et ainsi coller au marché, et communiquer auprès des chanvriers sur les nouvelles variétés développées par Hemp-it ADN pour qu’ils les testent dans leur bassin de production.



Les débouchés

Construction
Un hôtel quatre étoiles à Pornic 

A Pornic (Loire-Atlantique), la construction d’un hôtel 4 étoiles incluant du chanvre est une première. Celui-ci devrait être livré en partie cet été. Tous les murs extérieurs ont été construits en béton de chanvre projeté sur une ossature primaire en béton et une ossature secondaire en bois. 12,5 t de chènevotte ont été nécessaires pour obtenir un mur de 31 cm d’épaisseur. Le béton de chanvre est protégé, notamment des conditions atmosphériques (humidité, sel…), par un enduit à la chaux. Le béton de chanvre a été choisi essentiellement pour son confort d’été. Il permettra en effet de maintenir une certaine fraîcheur à l’intérieur de l’hôtel, même avec des températures extérieures élevées. Les cloisons intérieures ont également été réalisées en laine de lin, coton et chanvre. Par ailleurs, Pornic étant situé dans une zone avec une certaine activité sismique, le béton de chanvre conforte le bon comportement sismique de la construction (qualité démontrée en laboratoire). Mais ce critère n’étant pas pris en compte dans les Règles Professionnelles, la filière ne peut s’appuyer sur cet avantage pour promouvoir le béton de chanvre.



Du béton de chanvre pour la nouvelle usine des Chanvres de l’Atlantique 

L’usine des Chanvres de l’Atlantique située à Geours de Maremme (Landes), en fonctionnement depuis mai 2022, transforme la graine de chanvre et abrite également des bureaux. Les murs ont été conçus en béton de chanvre projeté (chènevotte et argile) avec une ossature en bois. A l'intérieur de ce bâtiment d’une surface de 1 500 m2, deux chambres froides (250 m² et 50 m²) utilisées pour conserver la graine à 1°C sont également conçues avec des murs en béton de chanvre (chènevotte avec un liant à base d'argile et de chaux). Ces bétons avec de l’argile sont hors Règles professionnelles de Construire en Chanvre mais très performants. « Comparé à notre première usine que nous avions en location avec des chambres froides isolées avec 20 cm de polystyrène, nous observons ici que les moteurs des groupes froids de ces chambres froides se mettent en route 10 fois moins, explique Vincent Lartizien, fondateur des Chanvres de l’Atlantique. Les analyses des données sont actuellement en cours pour mesurer précisément le gain énergétique réalisé. Nous constatons également un bien-être thermique dans les locaux. L'été dernier quand la température a atteint 40°C à l’extérieur, nos locaux n'ont jamais dépassé 25°C (sans climatisation). Inversement, cet hiver quand la température extérieure est descendue à 0°C, les locaux affichaient au minimum 15°C. » Une deuxième usine va être construite prochainement pour le défibrage du chanvre. « L’objectif est d’aller beaucoup plus loin dans l'utilisation du chanvre lors de cette construction. »



Un complexe scolaire à Castelsarrasin 

Retrouvez le dossier de Presse de Saint Astier (producteur de chaux) sur la construction de ce complexe scolaire de Castelsarrasin (Tarn-et-Garonne)



Plasturgie
Des scooters électriques en chanvre 

Dans le cadre du projet Ssuchy (2017-2022) piloté par le laboratoire Femto-ST basé à Besançon, qui regroupait 17 partenaires publics et privés, avec l'objectif de développer des matériaux composites biosourcés utilisable par l'industrie, des matériaux à base de chanvre (fibres de chanvre et résine végétale) ont été mis au point avec des propriétés mécaniques spécifiques qui peuvent concurrencer les matériaux à base de fibre de verre, voire de fibre de carbone. Suite à ces travaux, un chassis monocoque pour scooter électrique est déjà fabriquée par l'industriel hollandais NPSP pour le fabricant de scooter Van Eko. « Cette coque d’une seule pièce offre un intérieur creux pour le casque mais également la batterie électrique, souligne Vincent Placet du laboratoire Femto-ST. Il s’ensuit également un allègement du scooter et un allongement de son autonomie.» Deux autres applications ont été travaillées mais pas encore industrialisées : une planche de cockpit pour l'entreprise aéronautique allemande Eadco. « Il nous reste un critère de résistance au feu (sur les quatre obligatoires) à réussir. Pour cela, un nouveau projet est nécessaire pour poursuivre nos travaux. » Autre application : une planche de coffre pour l'équipementier automobile français Trèves. « Pour l'instant, les prototypes répondent à une partie du cahier des charges (propriétés mécaniques, durabilité) mais pas encore aux cadences de production à cause de la résine végétale utilisée. Le deuxième frein est le prix des pièces supérieur à ce que vise Trèves. »



Du chanvre sur les bateaux de Bénéteau 

Les clients du groupe Bénéteau souhaitant des bateaux de plus en plus respectueux de l'environnement, ce dernier a notamment réfléchi à la substitution d’une partie de la fibre de verre par des fibres végétales. « Cavac Biomatériaux étant situé à 30 minutes de Bénéteau et celui-ci étant intéressé par une origine locale de la matière première, nous avons développé ensemble un matériau à base de chanvre avec un grammage spécifique, explique Jean-Philippe Perrin de Cavac Biomatériaux. Une fois validé par leur laboratoire, ce matériau a été transféré pour l'industrialisation au groupe Chomarat, fournisseur historique de Bénéteau pour les fibres de verre, avec qui nous avons travaillé main dans la main pour servir Bénéteau. » Ce matériau à base de chanvre, maintenant utilisé par Bénéteau pour les capots de coffre de pont, permet d'alléger un peu le produit en remplaçant une partie de la fibre de verre. C'est également un avantage pour le recyclage du bateau en fin de vie. Il a été présenté officiellement en avril 2022 au Salon International du multicoque à La Grande Motte. En avril 2023, il a été finaliste des JEC Innovations Awards. Après l'automobile, le chanvre arrive donc dans le nautisme !



Textile
Normandie : les producteurs de lin se mettent au chanvre 

Après 70 HA en 2022, 273 HA de chanvre sont implantés cette année par 40 agriculteurs de la Plaine de Caen et des alentours qui produisaient déjà du lin textile pour la Linière de Caen. Ce chanvre est destiné à être défibré en fibres longues par la coopérative pour le marché du textile. La Linière de Caen est la première structure en France à défibrer le chanvre en fibres longues grâce à l’adaptation d’une ligne de teillage (séparation fibre-paille) du lin. Sur ces exploitations, le chanvre, qui côtoiera le lin, prend la place de la betterave sucrière suite à la fermeture de la sucrerie mais également d’autres cultures.



Slip Français : la collection en chanvre s’élargit 

Après des chaussettes, caleçons et polos réalisés avec un mix chanvre-lyocell lancés en 2022, le Slip Français élargit sa gamme de vêtements à base de chanvre avec un short et un sweat-shirt en molleton de coton et de chanvre.



Alimentation
Succès du chanvre au SIA 

Comme chaque année au SIA, InterChanvre a animé une journée autour du chanvre sur le stand de Terre Oléopro. Cette année, les visiteurs ont pu déguster des graines et de l’huile de chanvre produite devant eux grâce à une presse à huile du fabricant Ecolea Technologie. Plus de 50 kg de chanvre ont ainsi été pressés et 550 doses de graines de chanvre distribuées. Si beaucoup de consommateurs sont arrivés sur le stand avec une petite réticence sur le chanvre en tant qu’ingrédient alimentaire lié à la méconnaissance du produit et de ses utilisations, ils en sont repartis convaincus après la dégustation ! Un vrai succès !



Produits à base de CBD : des avancées plus rapides en France qu’au niveau européen 

Au niveau européen, l’UIVEC (Union des Industriels pour la Valorisation des extraits de Chanvre) souhaite accélérer la procédure d'autorisation des ingrédients à base de CBD (qui sont considérés comme étant des Novel Food). Près de 200 dossiers de demande d’autorisation de commercialisation sont en effet en attente. « Les délais sont anormalement longs car la Commission Européenne et l’Efsa ont changé plusieurs fois leur fusil d'épaule, nous demandant des données supplémentaires, explique Zoé Demange, déléguée générale de l’UIVEC. Pour accélérer cette procédure, nous réfléchissons à la réalisation d’études communes car plusieurs de nos membres ont déposé des dossiers Novel Food. Nous sommes également en contact avec des acteurs américains. Ceux-ci nous ont fait part de la parution en juin d’une étude importante contenant un certain nombre de données toxicologiques que nous pourrions fournir à la Commission Européenne pour la rassurer. »
● En attendant, au niveau français, l’UIVEC a travaillé avec les autorités à la mise en place de mesures afin de clarifier la situation applicable aux produits à base de CBD en alimentation humaine dans l’Hexagone. « Malgré l'absence d'autorisation européenne, des États Membres, dont la France, tolèrent en effet la commercialisation des produits à base de CBD sur le marché de l'alimentation humaine. Les critères suivants ont ainsi été retenus pour les produits alimentaires en France : 20 % maximum de CBD, une dose maximale journalière de CBD de 50 mg, une dose de THC journalière inférieure à la dose de référence de l’EFSA (1 µg/kg de poids corporel), pas d'allégations thérapeutiques ou de santé. Cela permet de conserver sur le marché tout produit alimentaire contenant du CBD qui respecte ces critères et d’écarter les autres. » L’UIVEC a également obtenu la possibilité de pouvoir déclarer aux autorités (et donc de commercialiser) via Téléicare* un complément alimentaire contenant du CBD (à condition qu'ils respectent les critères cités auparavant), chose impossible avant mars 2023.
*Téléicare vous permet de transmettre directement votre déclaration de mise sur le marché de complément alimentaire à la DGCCRF, en mode dématérialisé.



Sur le terrain

Réforme de l’assurance récolte : un nouveau dispositif à trois étages 

● Le précédent dispositif de l’assurance récolte reposait sur le régime des calamités agricoles et sur l’assurance multirisques climatiques qui bénéficiait d’une subvention au titre des aides de la Pac. Or moins de 20% des agriculteurs étaient couverts. De plus, les grandes cultures étaient exclues du régime des calamités agricoles. L'objectif du nouveau dispositif est de mieux couvrir les agriculteurs.

● Il comporte trois étages de couverture des risques :
- les aléas de faible intensité (1er étage) sont assumés par les agriculteurs assurés et non assurés.
- les aléas d’intensité moyenne (2e étage) sont pris en charge par l’assurance multirisques climatiques subventionnée pour les agriculteurs assurés. Le seuil de déclenchement est de 20 % de pertes de récolte pour les grandes cultures.
- les aléas exceptionnels (3e étage) déclenchent une intervention de l’État y compris pour les agriculteurs non-assurés. Les conditions d’indemnisation sont cependant plus favorables pour les agriculteurs assurés (90 % au lieu de 45 % en 2023 pour les non-assurés). Le seuil de déclenchement est de 50 % de pertes de récolte pour les grandes cultures.

● Les agriculteurs sont également inciter à s’assurer grâce notamment à un taux de subvention des primes et cotisations d’assurance porté à 70% en 2023 (contre 62% en moyenne en 2022) et un périmètre des garanties subventionnables élargi, avec notamment un niveau de franchise subventionnable dès 20% (contre 25% en 2022).

● Les prix de référence pour le chanvre pour 2023 (barème socle) pris en compte par l’assurance pour calculer l’indemnisation sont de 520 €/t pour le chènevis conventionnel et 1 300 €/t pour le chènevis bio, 130 €/t pour la paille en conventionnel et 325 €/t pour la paille en bio. Principales caractéristiques des différents contrats d'assurance récolte concernant le chanvre :



Économie

Un observatoire des marchés du chanvre 

Un observatoire des marchés du chanvre a été mis en place depuis un an par l’UTC (Union des Transformateurs de Chanvre) à la demande du Ministère de l’agriculture pour mieux suivre les cours des différents matières premières issues du chanvre. Tous les semestres, les données (prix, volumes produits) sont collectées auprès des chanvrières pour chaque débouché. Ces courbes d’évolution des prix permettent notamment de fournir aux nouveaux acteurs arrivant dans la filière chanvre (comme par exemple les liniers normands) des éléments tangibles pour veiller à une meilleure rémunération des producteurs.



Réglementation 

CNR pour le logement : deux propositions pour favoriser les biosourcés retoquées 

Lancé par le gouvernement le 28 novembre 2022, le Conseil National de la Refondation (CNR) dédié au logement a trois ambitions dont un volet écologique (adapter le logement aux transitions écologiques et énergétiques). Suite aux travaux de trois groupes constitués d'une cinquantaine d'intervenants de différents horizons, douze propositions ont été faites ; huit ont été retenues par la Ministre du logement. Parmi celles-ci, une proposition concerne les matériaux biosourcés (et donc le chanvre) : relocaliser, industrialiser et développer les filières territoriales autour d'équipements et de matériaux locaux et renouvelables. « Ce n'est pas l'enjeu que je partage, précise Philippe Lamarque, président de Construire en Chanvre, qui a participé aux travaux. Nous avions émis deux propositions pour encourager l’utilisation des matériaux biosourcés lors de la rénovation de bâtiments qui n'ont malheureusement pas été retenues. Avant de vouloir développer la production des biomatériaux (proposition du ministre), il faut déjà permettre et encourager leur utilisation sur le terrain. »
Les deux propositions non retenues sont les suivantes :
● Mettre en place des incitations financières dont la TVA circulaire : un polystyrène importé qui mobilise de très grandes externalités négatives devrait avoir une TVA supérieure à un béton de chanvre produit en France en circuit court sans effet négatif.
● Inclure des indicateurs carbone dans la validation des choix de matériaux de rénovation énergétique, la norme actuelle ne prend en compte qu’un facteur de résistance thermique pour lequel les matériaux bio-sourcés sont disqualifiés.



Rénovation biosourcée : deux recommandations pour le chanvre 

Fin 2022, Guy Hascoet a été missionné par le Ministère de l’Écologie pour faire un rapport sur ce que l’État peut mettre en œuvre pour accélérer et amplifier la rénovation biosourcée en France. Il a interrogé plus de 40 structures dont Construire en Chanvre et InterChanvre pour identifier les leviers. Le rapport a été rendu en mars 2023.
Parmi ses 24 recommandations, la recommandation n°2 semble très pertinente notamment pour le chanvre : « Constituer et doter un fond de soutien (4 à 5 M€ sur 6 ans) pour les différentes filières biosourcées pour les aider à se structurer plus fortement, avec la contractualisation de leurs objectifs pluriannuels. Cela permettrait le renforcement des équipes, des capacités à conduire des travaux d’expertises techniques et de représentation dans diverses instances et organismes, l’implication dans les « plateformes » régionales… ». Les filières manquent en effet de ressources financières pour embaucher des permanents (beaucoup d’actions reposent sur des bénévoles qui ont des difficultés à répondre à toutes les sollicitations), réaliser de la R&D, du lobbying… Une deuxième recommandation (n°12) concerne spécifiquement le chanvre : « Approfondir et élargir les travaux engagés par la filière chanvre sur l’évaluation de la contribution des producteurs de chanvre au stockage carbone en fonction des débouchés et usages de la plante ou de ces différentes parties. »



Au-delà des frontières

UE : vers une certification des outils et des systèmes d’absorption du carbone 

● Un groupe d’experts a été nommé à la Commission européenne pour plancher sur la certification des absorptions carbone. Il comprend environ 70 membres d’horizons divers (scientifiques, ONG, représentants du secteur de l’industrie, experts d’autorités nationales, d’organismes de certification, d’instituts de recherche…). L’objectif principal est de participer au développement de la législation secondaire (prévue pour 2025 et 2026) devant compléter la proposition de règlement, actuellement discutée, qui établit un cadre de certification de l’UE concernant les absorptions de carbone et les différents systèmes et outils mis en place dans les États membres. Ce texte participe aux travaux de la Commission européenne visant à parvenir à la neutralité climatique d'ici à 2050.

● Les experts devraient participer :
- à la préparation d’initiatives politiques et législatives sur le sujet du carbone ;
- aux retours d’expériences et échanges de bonnes pratiques sur des initiatives publiques et privées. Le travail du groupe se concentre sur la certification, la quantification, les rapports et l’évaluation des critères.
- aux échanges et à la coopération entre la Commission européenne, les États Membres et les parties prenantes concernées ;
- aux réflexions concernant les liens avec d’autres réglementations environnementales européennes qui traiteraient également de l’absorption carbone (comme le règlement relatif à la prise en compte des émissions et des absorptions de GES résultant de l’utilisation des terres, du changement d’affectation de celles-ci et de la foresterie).
● La première réunion du groupe a eu lieu le 7 mars 2023, avec à l’ordre du jour une discussion sur les absorptions industrielles de carbone, le stockage permanent et les produits de stockage du carbone, un panel sur le stockage agricole de carbone notamment dans les sols et la forêt, et une discussion sur les utilisations finales. En 2023, les réunions trimestrielles seront axées sur le carbon farming (sols, forêts, tourbières), l’absorption industrielle (stockage permanent et longue durée dans les produits) et la procédure de certification.



Agenda 

A venir

7 au 9 juin : Congrès EIHA à Bruxelles

8 juin : Assemblée Générale de Bioéconomy For change (B4C) à Lille

20 et 21 juin : Assemblée Générale de Construire en Chanvre à Amiens

22 juin : Lancement de Bleu Blanc Chanvre et Bleu Blanc Lin



Ça s’est passé

12 mai : EcoBatival à Toulouse

17 avril : 1e édition de la Journée de la Mode Circulaire organisée par l'Institut Français de la Mode à Paris, sous le haut patronage de Bérangère Couillard, secrétaire d’État chargée de l’Écologie. Une occasion de réunir les adhérents, les acteurs et experts engagés du secteur mode et textile. InterChanvre fait partie de cette organisation qui représente les commerçants professionnels de la mode circulaire et les entreprises de l'industrie du recyclage textile.

17 avril : « Plastique, quelles solutions pour la planète ? » : réunion des experts et parties prenantes pour discuter des principaux défis liés à la réduction de la pollution plastique et de sa mise en œuvre pour les entreprises organisée par Boston Consulting Group à Paris

5 avril : Portes ouvertes au groupe scolaire Denis Mukwege à Melun. Cette magnifique école est entièrement isolée en chanvre.

24 mars : inauguration du nouveau siège de l’activité des productions végétales spécialisées de Cavac construit en matériaux biosourcés sur son site de Mouilleron-le-Captif au nord de La Roche-sur-Yon (Vendée). Ce bâtiment tertiaire de 500 m², conçu par l’agence CAN Ia, se veut être une vitrine des produits isolants et du savoir-faire de la filiale Cavac Biomatériaux.

20 mars : La filière chanvre en Normandie a officiellement été lancée à la Coopérative Linière du Nord de Caen à Saint-Manvieu-Norrey (Calvados) en présence d’Hervé Morin, président du Conseil régional de Normandie.

2 février : lancement du Pôle européen du chanvre à Troyes (Aube) avec l’Assemblée générale constitutive de l’association, qui basculera en société coopérative d’intérêt collectif (SCIC) en fin d’année. Plus de 200 participants étaient présents, de France mais également de République tchèque, Belgique, Turquie et États-Unis.


 

Newsletter du Chanvre n°17 : février 2023

La personnalité de la filière

Benoit Savourat, 25 ans au service de l’essor du chanvre
Photo © Nathalie Fichaux

Benoit Savourat est président de la Chanvrière de l’Aube depuis 25 ans, une longévité qui lui a permis de participer et de vivre « le réveil du chanvre, puis une accélération depuis trois-quatre ans. En 1998, le chanvre était alors sous perfusion des aides européennes, se souvient Benoit Savourat. Pour maintenir cette production sur le territoire, il nous a fallu près de 10 ans pour trouver un modèle économique viable avec le minimum d'aides publiques, modèle qui fonctionne toujours maintenant. » Pendant des années, le marché a également peu évolué en volumes et est resté centré sur la papeterie comme débouché pour la fibre. « Nous avons alors travaillé sur d'autres débouchés potentiels : l'isolation, la plasturgie, le textile… et participé à la création de Construire en Chanvre pour que le chanvre soit reconnu et assurable dans la construction. Aujourd'hui, le chanvre est inscrit dans une dynamique très positive avec un développement tous azimuts de ses débouchés. La coopérative s'est également bien développée avec très récemment un nouvel outil de transformation opérationnel depuis 2021 capable de transformer 100 000 t de pailles. Depuis 2015, nous avons doublé nos surfaces pour atteindre 11 200 HA avec 680 producteurs. »
Benoit Savourat participe également à la création du pôle européen du chanvre lancé fin 2018, un projet qui s’est transformé le 2 février 2023 en structure pour piloter l'écosystème créé pendant ces quatre ans. « Nous avons réuni tous les acteurs de la chaîne de valeur des différents marchés : 350 personnes ont participé à l’élaboration de la feuille de route. L’objectif est de sécuriser les débouchés du chanvre produit dans la région avec des clients (textile, bâtiment, plasturgie, alimentation, cosmétiques…) installés le plus près possible de l’usine et que notre région, bassin de production européen le plus ancien et le plus important, acquiert une visibilité pour faire de notre territoire la référence de l’économie du chanvre en Europe »



Les débouchés

Construction
Dernières FDES parues 

Une FDES est un document normalisé concernant les produits de construction et de décoration qui présente les résultats de leur Analyse de Cycle de Vie ainsi que des informations sanitaires dans la perspective du calcul de la performance environnementale et sanitaire d’un bâtiment. Elle est valable 5 ans. Deux FDES sont parues pour l’isolant (en rouleau et en panneau) de Tecnichanvre applicable en murs, combles, ou cloisons acoustiques. Quatorze fiches FDES sont parues récemment pour les isolants Biofib de Cavac Biomatériaux : l’isolant Biofib’Trio (lin, chanvre et coton) pour neuf épaisseurs (de 45 mm à 200 mm), l’isolant Biofib’Chanvre pour trois épaisseurs (45, 100 et 200 mm) et l’isolant Biofib’Cloison en fibres de chanvre pour deux épaisseurs (45 et 60 mm). Retrouvez ces FDES sur le site Inies : https://www.base-inies.fr/iniesV4/dist/consultation.html



Plasturgie
Forvia primée pour NAFILean-R 

Forvia a reçu le prix Automobile Awards 2022 (organisé par LR66) catégorie Innovation Green des Prix équipementiers pour sa gamme de matériaux biocomposites à base de chanvre NAFILean-R utilisée pour les tableaux de bord, les consoles centrales et les panneaux de porte. Ce prix récompense l’équipement le plus pertinent en matière d’environnement. La gamme NAFILean-R est un matériau composite entièrement recyclable à base de fibres naturelles de chanvre produite par APM, co-entreprise dont les actionnaires sont Forvia et la coopérative agricole Interval. Il est composé d'environ 20 % de matières organiques combinées à une matrice en polypropylène, elle-même recyclée jusqu’à 100 %. Il en résulte une réduction de poids pouvant atteindre jusqu'à 25 %. Aujourd'hui, Forvia équipe 19 modèles de voiture avec des produits NAFILean, soit une flotte de 14 millions de véhicules, permettant une économie de 30 000 t de CO2 en phase de production des voitures et de 72 000 t en phase d’utilisation grâce à la légèreté des matériaux NAFILean. Les premiers véhicules équipés de la matière NAFILean-R seront commercialisés début 2024.



Textile
Une video pour promouvoir le chanvre durable français 

Marmara Hemp a lancé en octobre dernier une video très pédagogique montrant tout le processus de production et de transformation du chanvre en France. L'objectif est d'expliquer à tous les acteurs du textile que seul le chanvre français ou européen est un chanvre durable car travaillé de façon 100 % mécanique, sans eau et sans produits chimiques contrairement à d’autres origines de chanvre notamment chinoise. Le chanvre français présente donc une empreinte environnementale faible. « Les acheteurs de denim (toile de jean) ont souvent entendu parler du chanvre mais ne savent pas que deux types de procédés de transformation existent dont un (le process chimique) à impact environnemental fort, explique Denis Druon de The Flax Company à l’initiative de ce projet. D’où la réalisation de cette vidéo que nous diffusons à toutes les marques, aux acheteurs, aux filateurs, sur les différents salons et congrès pour informer un maximum d'acteurs et promouvoir le chanvre français, notamment Marmara Hemp, première fibre de chanvre à être certifiée durable, Cradle to Cradle Platinum, et avec une analyse du cycle de vie (ACV) réalisée par un organisme indépendant certifié. Cette ACV a été approuvée par Higg et est inscrite dans le Higg Index (norme d'auto-évaluation de l'industrie du vêtement et de la chaussure pour évaluer la durabilité environnementale et sociale tout au long de la chaîne d'approvisionnement).



La CELC change de nom 

En décembre 2022, la CELC est devenue l’Alliance pour le lin et le chanvre européens et son équipe est renforcée avec une ambition : développer l'ensemble de l'industrie tout en faisant du lin et du chanvre européen les fibres premium durables préférées dans le monde entier. Le nouveau nom en anglais incarne l’ambition internationale de la structure. L’Alliance va notamment concentrer son action sur le développement d’un écosystème commun vertueux pour le lin et le chanvre européens. L'industrie du chanvre, qui jusqu'à présent s'était surtout concentrée sur les applications non textiles, devrait bientôt suivre la même voie que le lin sur les questions textiles, et pas seulement dans le secteur des usages techniques performants. Un groupe de travail européen géré par l'Alliance et InterChanvre va se mettre en place dès que les élus auront rédigé la feuille de route afin de développer l'industrie textile du chanvre. L'enjeu est de monter une filière qui ne soit pas exportée en Chine pour conserver les qualités environnementales du chanvre.



Alimentation
Alterseed finaliste du concours Protein Connect 

Pour sa 2e édition, l’European Protein Connect Challenge de Protéines France (association d’acteurs pour promouvoir le développement des protéines végétales en France) dédié aux start-up les plus prometteuses du secteur des nouvelles protéines a sélectionné huit finalistes du monde entier avant de décerner son prix à la start-up Yeasty. Parmi ces huit finalistes : le projet Alterseed incubé au Génopôle d’Evry-Courcouronnes et AgroParistech. « La protéine de chanvre est notre cœur de cible car c’est une super graine, souligne Laetitia Halbeisen, co-fondatrice d’Alterseed. L’idée est de proposer aux industriels de l’agroalimentaire une alternative végétale à la consommation de viande, prête à l’emploi. Alors que la graine de chanvre sous forme de farine (forme déshydratée) nécessite des additifs pour être utilisée, nous misons sur un procédé de fermentation pour travailler la graine et rendre ses protéines assimilables afin d’obtenir un délicieux produit prêt à l’emploi, ayant conservé les bénéfices santé de la graine de chanvre (richesse en acides aminés, en oméga 3 et 6) auxquels s’ajouteront les effets probiotiques des ferments. Être finaliste de ce concours nous apporte une visibilité, nous permet de faire parler du chanvre alimentaire au niveau des acteurs français et européens de la protéine. »



Économie

Un outil pour mesurer le stockage du carbone par le chanvre et ses débouchés 

Une étude prospective d'InterChanvre réalisé fin 2022 montre que pour répondre aux besoins des marchés en matière de chanvre, il est nécessaire de multiplier par deux les surfaces de production en cinq ans. « Nous n'y arriverons pas si nous ne séduisons pas plus de producteurs qu'aujourd'hui », souligne Nathalie Fichaux, directrice d’InterChanvre. Pour cela, le conseil d'administration d'InterChanvre souhaite valoriser la séquestration du carbone par le chanvre pour mieux rémunérer les producteurs et en attirer de nouveaux. InterChanvre travaille actuellement à la création d’un outil propre au chanvre pour obtenir le Label Bas Carbone car l’outil de calcul « grandes cultures » conçu par Terres Inovia, Arvalis et AgroSolutions n'est pas suffisant dans sa première version pour la culture. L’outil « chanvre » prendra en compte le carbone stocké au niveau de la production de chanvre (l'amont) mais également au niveau des débouchés (l’aval), ce qui est pertinent pour les premières instances interrogées. L’objectif est d’obtenir rapidement une validation de cet outil pour pouvoir l'appliquer dès 2023.



Réglementation 

Vente de fleurs et de feuilles autorisée par le Conseil d’État 

Le 29 décembre 2022, le conseil d'État a décidé de suspendre définitivement le deuxième alinéa de l'arrêté du 30 décembre 2021, ce qui autorise définitivement la vente de fleurs et de feuilles brutes de chanvre. Dans cet alinéa figurait également l'obligation de contractualisation entre producteurs et acheteurs. InterChanvre prend acte de cette décision.
Afin de finaliser l’arrêté d'ici quelques semaines, un nouveau cycle de réunions interministérielles est initié. Dans ce cadre, InterChanvre travaille avec la Mildeca et le Ministère de l'Agriculture pour sécuriser au mieux ce marché. « Les risques de confusion avec l’aspect stupéfiant de la plante renforcent la nécessité de mettre en place un système de déclaration et de contrôle des parcelles de chanvre utilisées pour produire la fleur, comme il existe déjà pour les autres usages historiques du chanvre, précise l’interprofession. De plus, il apparaît fondamental de mettre en place des formations et procédures qui permettront aux forces de l’ordre de distinguer les semences autorisées de celles qui sont proscrites. » L’interprofession prône également la mise en place d’un label sur ce nouveau marché permettant de valoriser la production française.



Au-delà des frontières

Création d’une fédération internationale du chanvre 

En novembre 2022, l’EIHA (association européenne du chanvre industriel) a créé FIHO (Fédération of International Hemp Organizations), association internationale regroupant 20 associations dans le domaine du chanvre avec, à sa direction, le français Frédéric Vallier. Son objectif est de réunir les leaders du secteur, l'expertise du marché et les ressources, parler d'une seule voix sur les questions relatives au chanvre au niveau mondial, identifier et créer des opportunités pour développer la production, la commercialisation et le commerce durables du chanvre afin que cela bénéficie à l'industrie mondiale du chanvre, aux consommateurs et à l'environnement.



En bref 

Journée Cavac du 6 sept 2022

Plus de 150 agriculteurs sont venus découvrir la culture de chanvre et la filière Cavac biomateriaux aux Brouzils. Au programme : visite d’essais (azote, couverts d’interculture, variétés), échange avec les spécialistes de la filière dont InterChanvre et les techniciens de la Cavac et de nombreuses activités proposées pour tout savoir sur le chanvre.

● L'ONU a publié en janvier un rapport sur les différents marchés du chanvre, rapport auquel l’EIHA a fortement contribué. Pascal Mortoire, ancien directeur de La Chanvrière de l'Aube, représentait les acteurs français à l'événement du 18 janvier où ce rapport a été présenté.



Revue de presse

23/01/2023 France Bleu Occitanie : la culture du chanvre renait en Occitanie boostée par la demande dans le bâtiment -> Accéder à l'article

19/01/2023 France Info : lutte contre le réchauffement cliamtique, et si la solution était le chanvre -> Accéder à l'article

15/01/2023 Ouest-France : usages du cannabis en France, ce qui est légale et ce qui ne l’est pas -> Accéder à l'article

07/01/2023 France 3 Pays de Loire : à la découverte de l’Anjou, premier département horticole de France -> Accéder à l'article

04/01/2023 France Info : CBD au volant, « en cas de contrôle positif, il faut systématiquement demander la prise de sang » -> Accéder à l'article

03/01/2023 France Info : galette des rois, quand le chanvre remplace la pâte d’amande -> Accéder à l'article

12/01/2023 Le Moniteur : kalamua, premier enduit monocouche pour blocs et béton de chanvre. -> Accéder à l'article

29/12/2022 La France Agricole : la vente de fleurs et de feuilles de CBD est possible -> Accéder à l'article

28/12/2022 Actu.fr : Pierre et Salim ont créé des pâtes à base de chanvre du perche -> Accéder à l'article

22/12/2022 Actu Environnement : isolation zéro carbone, béton de chanvre et brique rouge font bon ménage -> Accéder à l'article



Agenda 

A venir

15 février : La Chanvrière de l’Aube fête ses 50 ans à Troyes avec ses adhérents

21 au 22 février : formation sur la culture du chanvre à Perpignan (66) avec la chambre d'agriculture

23 au 24 février : formation sur la culture du chanvre à Montauban (82) avec la chambre d'agriculture

25 février au 5 mars : Salon International de l’Agriculture (SIA) Porte de Versailles (Paris) avec une journée sur le chanvre, le 3 mars hall 2.2 sur le stand de Terres Olépro, le partenaire d'InterChanvre



Ça s’est passé

16 janvier : les voeux du Ministre de l'agriculture avec InterChanvre


26 janvier : les rencontres du chanvre en Normandie à Lisieux (Calvados) avec 165 personnes inscrites et trois interventions de Joël Lagneau d'InterChanvre

18 janvier : Séance sur le chanvre industriel à l'ONU à Genève (Suisse)

30 novembre : rencontres OléoPro à Paris

23 novembre : congrès de l’UIVEC (Union des industriels pour la valorisation des extraits de chanvre)

17 et 18 novembre : 1ère édition du Festival FAIRESPECTIVES qui met en lumière les métiers d’art et du patrimoine engagés dans la transition écologique organisé par le Campus Versailles (pôle de formation et d’innovation au service du renouveau des métiers du patrimoine et de l’artisanat d’excellence)

10 au 13 novembre : Salon du Made In France à Paris avec les participations de Franck Barbier, président d'InterChanvre, et de Antoine Moissié, DG de la Chanvrière de l'Aube, sur le stand du Slip français

26 au 28 octobre : Congrès de la CELC à Venise avec pour la première fois une table ronde sur le chanvre textile et la participation de Nathalie Revol de Lin et Chanvre Bio

19 octobre : Présentation de la filière chanvre au Pôle de compétitivité Innov'Alliance basé dans le Sud de la France avec la participation de Joël Lagneau d’InterChanvre

3 au 6 octobre : Batimat, salon professionnel de la construction et du bâtiment, pendant lequel est sorti le livre MIXITE des matériaux biosourcés. Cet ouvrage est le fruit de 16 mois de collaboration entre la filière bois et la filière chanvre, InterChanvre et Construire en Chanvre qui ont cofinancé ce livre. Retrouvez le ici.

5 octobre : Conférence sur le chanvre textile à la Caserne à Paris piloté par InterChanvre avec la participation de tous les acteurs du chanvre textile

 

Newsletter du Chanvre n°16 : octobre 2022

Les Hommes de la filière

Arnaud Day, une expertise fibre pluridisciplinaire au service du chanvre

Directeur scientifique de FRD (Fibres Recherche Développement) depuis 2013, Arnaud Day travaille sur les fibres végétales depuis 1998. En 2004, il termine une thèse combinant physiologie moléculaire, biochimie et chimie des parois végétales sur le lin qui lui apporte un goût certain pour les approches pluridisciplinaires. Un atout qui lui permet de passer sur le terrain en 2006 pour faire ses premiers pas dans le chanvre à l’Institut Technique du Chanvre avec deux objectifs : améliorer le matériel de récolte et trouver de nouveaux débouchés. Retour à l’Université de Lille en 2007 comme Maitre de Conférence avec des travaux de recherches néanmoins ciblés sur les fibres végétales.
Puis curieux d’élargir ses recherches au monde industriel, Arnaud Day demande une disponibilité pour rentrer chez FRD. Dans ses nouvelles missions, le chanvre occupe une place majeure. « Il dispose d’atouts indéniables en phase avec les attentes sociétales en termes de technologie, d’environnement et d’économique. Le champ du possible avec les fibres végétales est immense. » Parmi les sujets travaillés : formulation d’un nouveau composite chanvre-polyoléfine permettant des gains d’allégement de pièces, qualité des pailles au stade optimal de récolte des fleurs pour le CBD (cf. newsletter InterChanvre numéro 14), travaux sur le rouissage du chanvre, … « Mais c’est aussi dans une logique de complémentarité des ressources végétales qu’il faut appréhender les solutions à venir pour améliorer l’empreinte environnementale des produits finaux. » En janvier dernier, Arnaud Day a été promu Chevalier du Mérite Agricole.



Les débouchés

Construction
Du chanvre pour la station légumes de la Cavac 

La Cavac, collecteur et transformateur de chanvre, a misé sur ce matériau pour un nouveau bâtiment à Mouilleron le Captif (périphérie de la Roche sur Yon) en Vendée qui hébergera les équipes de sa station légumes fin 2022. Avec 500 m² de surface de plancher, il abritera des bureaux, des salles de réunion et de repas pour une capacité de 56 personnes. Conçu par Can Ingénieurs Architectes, le bâtiment comprend une ossature en bois et des murs en béton de chanvre avec une partie projetée sur site et une autre préfabriquée en atelier, nécessitant au total 5,18 t de chènevotte. La toiture a été isolée avec 85 m³ de BioFibTrio de Cavac Bioatériaux composé de coton, lin et fibre de chanvre. Ce même produit a été utilisé pour une isolation phonique des cloisons intérieures (30 m³). L’ouvrage comporte d’autres matériaux biosourcés : linoléum véritable pour le revêtement de sol du premier étage, peintures biosourcées et enduit à la terre (produit localement) sur les murs intérieurs en béton de chanvre. Il bénéficie par ailleurs d'une conception bioclimatique : des brise-soleil rétractables et inclinables sur les façades sud, est et ouest ainsi que des débords de toiture et des casquettes sur les fenêtres les plus exposées au soleil.



Le granulat de Chanvre Mellois labellisé 

Chanvre Mellois a développé un processus de transformation adapté aux petits tonnages de chanvre récoltés chez ses producteurs pour produire du granulat de chanvre. Le fabricant vient d’obtenir le label « Granulat Chanvre Bâtiment » ce qui montre que ce label n’est pas réservé qu’aux grandes structures. Rappelons que le label garantit un suivi et une stabilité (dans une plage donnée) de certaines caractéristiques du granulat : granulométrie, masse volumique apparente, taux d’humidité, taux de poussière, couleur et la quantité de matière issue du chanvre. Lors de la première demande, ce label est délivré par la Commission Label de Construire en Chanvre sur justificatifs et analyses des granulats réalisées par un laboratoire indépendant. Par la suite, un audit annuel réalisé par un organisme certificateur confirme (ou pas) le maintien du label. Chanvre Mellois va ainsi pouvoir apposer le logo du label sur sa production. Cela lui permet de prouver sa conformité vis-à-vis des règles professionnelles et ainsi d’obtenir l'assurabilité décennale pour les artisans.



Un ouvrage sur la mixité Bois et matériaux biosourcés 

En 2019, un premier ouvrage intitulé « Guide Mixité, Solutions constructives – Vol.1 » a été publié par le Comité professionnel de Développement des Industries Françaises de l'Ameublement et du Bois (Codifab) sous l’impulsion de la filière bois et des organisations professionnelles de l’industrie bois construction. En 2022, un second volume (Guide Mixité, Bois et autres matériaux biosourcés – Vol. 2 ) a été réalisé pour convaincre maîtres d’œuvre et maîtres d’ouvrage du bien-fondé des solutions mixtes bois et matériaux biosourcés. Pour asseoir les arguments d’efficacité énergétique, de performance technique, de faible impact environnemental, de complémentarité des matériaux et de confort augmenté pour l’usager, ce guide repose sur une partie didactique et sur une partie démonstrative. Dix retours d’expérience viennent ainsi illustrer et enrichir le propos. Les différents systèmes bois sont expliqués et montrés dans leur association avec la paille, la ouate de cellulose, la laine, le béton et les laines de chanvre, les panneaux de fibres de bois ou de fibres végétales, le coton recyclé… InterChanvre a co-financé cet ouvrage. Une partie des textes a été rédigée par Mathis Rager, chargé de mission de Construire en Chanvre avec des infographies magnifiques réalisées par Raphaël Walter, associé de Mathis Rager chez Ad’A (Anatomies d’Architecture).



Plasturgie
Un gobelet biosourcé chez Cavac Biomatériaux 

La filiale de la Cavac lance ce mois-ci un gobelet en chanvre fabriqué avec de la chènevotte micronisée (particules inférieures à 1 mm) incorporée dans un biopolymère certifié « home compost Tüv » à savoir une résine issue d’une production bactérienne qui ne rentre pas en concurrence avec le débouché alimentaire. La chènevotte étant totalement compatible avec le biopolymère, aucun additif n’est nécessaire pour obtenir un matériau solide. La couleur du gobelet est obtenue grâce à un colorant bio de qualité alimentaire. Ce gobelet biosourcé est réutilisable et peut être lavé au lave-vaisselle sans se dégrader. En fin de vie, il peut être recyclé ou composté. Il sera commercialisé via des entreprises qui ont un service RSE ou qui proposent des goodies ou encore des collectivités, des associations... « Il y a un bon accueil du public, précise Jean-Philippe Perrin, responsable marché matières techniques de Cavac Biomatériaux. C’est plus cher que les gobelets plastiques mais le marché est mature. » Cavac Biomatériaux a poussé l’innovation jusqu’à faire en sorte que son gobelet accepte les couvercles en cellulose moulée des fast-food pour qu’il soit le plus utile et le plus éco-conçu possible.



Pari gagné pour le 6e Colloque Fibres naturelles et polymères de FRD 

Plus de 250 participants (objectif largement dépassé), des innovations, des interventions plébiscitées et des échanges très riches : le colloque Fibres naturelles et polymères qui se tenait à Troyes les 14 et 15 septembre derniers a été un véritable succès, l’occasion de montrer les avancées impressionnantes de ces 3 dernières années et la capacité de la filière à se tourner de plus en plus vers de nouveaux secteurs applicatifs après celui de l’automobile où on en est déjà au stade de l’industrialisation. « Nous avons pu faire passer des messages auprès de nos partenaires clés », souligne Pierre Bono, directeur de FRD. « En un peu moins de 24 h, l’événement permettait à quelqu’un qui se posait des questions sur la filière de connaître au moins 80% du réseau et des solutions. » L’offre était en effet riche et très pointue avec une vingtaine d’exposants et pas moins de 17 interventions d’acteurs industriels, institutionnels ou de chercheurs. Celle de Vincent Placet, ingénieur de recherche à l’Université de Franche-Comté, sur la faisabilité de renforts pour des composites structuraux à base de chanvre a suscité un nombre important de réactions. « Nous sommes vraiment dans un secteur qui a atteint une maturité de réflexion et d’échanges. » Pour la 7e édition, FRD réfléchit à une ouverture à l’international car « aujourd’hui, 80% des fibres végétales françaises sont exportées ».



Alimentation
Des baguettes de chanvre en distributeur automatique 

Créée en 2019, l’association Chanvre des Landes compte 441 adhérents : agriculteurs, artisans-transformateurs, distributeurs (restaurant, épicerie, cantine…) et consommateurs. Objectif : faire découvrir le chanvre et financer, via les ventes de ses produits, la recherche de nouveaux débouchés. A son actif : des graines de chanvre caramélisées et des saucisses végétales au tofu de chanvre. Pour battre le pavé des marchés de St Julien-e-Born et de Mézos où l’association est présente tous les week-ends, il lui fallait un produit d'appel. La baguette avec des graines de chanvre entières dans la mie est ainsi née. Devant son succès, Térence Domer-Marie, directeur de l’association, installe en mai dernier un distributeur automatique dans un quartier situé près de la plage qui vit surtout l'été. Les bénévoles de l’association se chargent de son approvisionnement. Une vingtaine de baguettes est ainsi vendue chaque jour. Reste maintenant à voir si les clients des boulangeries ouvertes seulement pendant la haute saison vont basculer vers le distributeur automatique de baguettes de chanvre. Chanvre des Landes est en tout cas prête à adapter la production à la demande !



Textile
Canalia, nouvelle signature de La Chanvrière 

Convaincue que le chanvre a toute sa place parmi les fibres textiles, La Chanvrière poursuit son développement sur le marché du textile. Elle lance la marque Canalia pour ses fibres courtes (dite cotonnisées, idéales pour une utilisation en mélange), mi-longues et longues. Gage de qualité, elle va garantir aux clients filateurs de la coopérative un chanvre local (produit au maximum à 120 km de l’usine), le label Oeko-tex (textile contrôlé vis-à-vis des substances nocives), le label France Hemp Fibers d'InterChanvre certifié par Ocacia (qui garantit le respect des engagements RSE) et une Analyse de Cycle de Vie (en cours d’élaboration). Côté fibres longues (qui permettraient de réaliser des vêtements 100 % chanvre), le projet, initié en 2014, vient de vivre sa deuxième année de récolte avec 50 HA de différentes variétés pour observer la qualité du rouissage. Une fois la variété et le bon rouissage validés, La Chanvrière a pour objectif d’atteindre 200 à 300 HA en 2023.



Une première ligne de teillage du chanvre en France 

Habituée à travailler le lin, la Linière de Caen vient de se doter d’une nouvelle ligne de teillage capable cette fois-ci de teiller le chanvre (séparation fibre-paille). Elle va d’abord être testée avec des petites quantités de chanvre avant de traiter la récolte 2022 en février-mars prochain. La coopérative sera alors la première structure en France à défibrer le chanvre en fibres longues ; pour cela, elle a adapté une ligne de teillage du lin. 15 M€ ont été investis au total dans ce projet dont 1,2 M€ d’aides obtenues dans le cadre du Feader avec l’appui d’InterChanvre. L’objectif est ensuite que les fibres de chanvre soient utilisées en priorité par des filatures françaises. Alors qu’il n’en existait plus sur le territoire, deux viennent de rouvrir : Nat'up dans l’Eure et Safilin dans le Pas de Calais. « Le chanvre étant une plante vertueuse, il est important de recréer une filière française pour éviter que les fibres fassent le tour du monde, précise Henri Pomikal, vice-président de la Linière de Caen. Les rendements sont équivalents à ceux du lin .C'est prometteur ! » Après 70 HA de chanvre implantés en 2022, l’objectif de la coopérative est d’atteindre 250 à 300 HA en 2023 pour cette culture en plein développement dans la Plaine de Caen.



Sur le terrain

Le chanvre, une plante résiliente 

Si les semis de chanvre ont été réalisés dans de bonnes conditions au printemps dernier, ils ont été suivis de deux mois sans pluie entraînant des levées de graines hétérogènes jusque début juin. Conséquence : une hétérogénéité de maturité et de taille de plants, voire des manques des pieds. Côté rendement, on observera donc des différences importantes entre d’un côté, les parcelles où tout a levé en même temps, celles ayant eu des pluies de fin juin-début juillet comme en Champagne ou en Ile de France, et de l’autre, les parcelles qui ont subi une sécheresse importante et des températures très élevées (42°C) sur une longue période sans réelle baisse la nuit comme en Vendée. Pour les premières, les rendements devraient être en baisse de 10 à 15 % seulement tandis qu’en Vendée, les rendements en paille et en graines pourraient chuter de 50% par endroit. Dans les parcelles présentant une hétérogénéité des levées, la maturité des graines est également hétérogène, d’où des difficultés pour déterminer une date optimale de récolte pour être valorisées en alimentation humaine. Quant à la qualité des fibres, les parcelles coupées de bonne heure à destination du débouché textile ont profité des pluies de début septembre pour un parfait rouissage. Pour les autres, certaines ont été récoltées blanches, favorable à certains marchés moins techniques (papier, demande spécifique, paillage…). Le soleil de début octobre devrait permettre de ramasser le chanvre encore en plaine dans de bonnes conditions. Même si le chanvre a souffert des conditions climatiques particulières de l’année, il a cependant montré une résilience beaucoup plus grande que la plupart des cultures.



Pépites, la nouvelle filière chanvre en Auvergne-Rhône-Alpes 

Confortée par les résultats de deux ans d’essais de culture du chanvre localement, la Maison François Cholat située dans le Nord-Isère, qui a déjà une expérience du travail en filière (appro-collecte pour la filière blé notamment) s’est positionnée en tant que chef de file pour la création d’une filière chanvre régionale appelée Pépites. Celle-ci comprend l’implantation et le suivi de la culture auprès des producteurs ainsi que la construction d’une usine de première transformation (défibrage, nettoyage des graines…). Les produits issus de la paille permettront l’élaboration de matériaux de construction biosourcés en s’appuyant sur des entreprises iséroises. Les graines seront valorisées en alimentation humaine et animale. Afin de structurer au mieux cette filière locale qui intéresse bon nombre de partenaires régionaux. La Maison François Cholat a créé une entité indépendante avec une gouvernance Copil/Codir dans laquelle chacun pourra s’investir : la société Pepites.



Réglementation 

PSN : les éco-régimes peuvent compenser une baisse de l’aide couplée à l'hectare 

Le plan stratégique national (PSN) de la France, outil clé de de la réforme de la Pac qui entrera en vigueur au 1er janvier 2023, a été approuvé par la Commission Européenne le 31 août 2022. Il définit la façon dont la France compte utiliser les outils mis à disposition par la future Pac pour accompagner les agriculteurs français. La culture du chanvre est soutenue à plusieurs titres dans le PSN, notamment grâce à l’aide couplée à la production qui est maintenue dans le PSN 2023-2027. InterChanvre s’est battue pour le maintien de celle-ci dont l’enveloppe annuelle tournera autour d’1,6 M€. Mais si le ministère de l’Agriculture anticipe un soutien pour 16 500 HA (soit 97 €/ha), InterChanvre revendique des surfaces à aider sur 22 000 HA en 2022 avec une progression de 10% par an. L’augmentation des surfaces entrainera mécaniquement une baisse du montant du soutien à l’hectare (73 €/ha pour 22 000 ha). La culture du chanvre est également valorisée dans le cadre des éco-régimes du PSN. Représentant 25% des aides du 1er pilier, ces outils d’aide à l’exploitation visent à accompagner la transition agroécologique. Le chanvre est ainsi comptabilisé dans les cultures à potentiel de diversification dans la grille de diversification des cultures requises pour accéder à l’éco-régime. A partir d’un certain pourcentage de surface dans l’assolement annuel, le chanvre rapporte des points supplémentaires comparé à d’autres cultures.



Au-delà des frontières

Evolution internationale de la culture du chanvre à l’étude 

InterChanvre a sollicité le service des études d’intelligence économique du Pôle B4C (anciennement Pôle IAR) pour une étude sur l’évolution internationale de la culture du chanvre (développement des surfaces, de l’offre, aspects réglementaires et innovations technologiques). Voici quelques enseignements extraits de cette étude.
Amérique du Nord : chute des surfaces et diversification Le Canada poursuit le développement des voies de valorisation de la graine (protéines, huile) sur laquelle les sociétés de transformation sont positionnées historiquement. Des projets d’unités d’extraction de protéines de chanvre sont en cours. La filière CBD se développe notamment en termes de capacités d’extraction et de nouvelles variétés sont autorisées pour ce débouché. Les marchés se développent également pour valoriser à la fois la fibre longue et la chènevotte (écoconstruction, matériaux non-tissés, biocomposites…). Aux Etats-Unis, la chute des marchés du CBD et les difficultés liées aux aléas climatiques ont eu pour conséquence un abandon de la culture du chanvre de la part des producteurs qui n’en ont pas replanté en 2021. Les investissements et subventions attribuées pour développer la valorisation de la fibre de chanvre se multiplient. La filière béton de chanvre commence à se structurer également avec la mise en place d’une certification du béton de chanvre comme matériau de construction naturel.
Europe : une dynamique d’investissements Pologne et Lituanie connaissent une baisse des surfaces suite à une surproduction en 2019/2020. En Pologne, la réglementation est en voie d’évolution pour faciliter la culture du chanvre et le pays investit à la fois pour le CBD et la fibre. Les pays baltes attendent avec impatience des évolutions de la réglementation pour pouvoir développer le chanvre sur leurs terres où le climat est très favorable. Certains acteurs estiment que les surfaces pourraient atteindre 50 000 ha/an. En Lituanie, une récente évolution de la réglementation permet désormais la culture du chanvre pour ses fleurs, ainsi que leur commercialisation sur le marché intérieur. Le pays investit également sur la fibre pour l’industrie textile. En Russie, les surfaces sont toujours en croissance et les investissements sont importants pour développer la valorisation de la fibre, notamment pour produire de la cellulose.
Chine : entre développement et réglementation La Chine reste le premier producteur de chanvre à l’échelle mondiale et a inclus le chanvre dans son plan de développement quinquennal. Il s’ensuit une forte dynamique d’investissement sur la fibre et le CBD. Mais l’interdiction en 2021 des produits dérivés de chanvre (huile, graine, CBD) dans les produits cosmétiques pourrait avoir des conséquences à la fois pour les producteurs de chanvre chinois qui devront exporter leurs produits, mais également pour les entreprises étrangères qui commercialisaient ce type de produits en Chine.



Ouvrage de référence 

Le chanvre, Matière à transitions 

Cet ouvrage des Editions Loco, co-édité avec l'Esad de Reims, offre une approche globale, transversale, et multi-située du chanvre, rendant compte d’un enchevêtrement de problématiques. Un objet de recherche que se partagent aujourd’hui les designers, les ingénieurs, les agronomes, les sociologues, les historiens mais également les étudiants, les enseignants, les collectivités locales, ou encore les agriculteurs, les coopératives, les professionnels de la construction, du textile, de l’agro-alimentaire... Ils sont tous rassemblés ici à travers textes, analyses, entretiens, témoignages et photographies.



Revue de presse

21/09/2022 Entraid : Retour de la FRCuma Grand Est à la foire de Châlons en Champagne avec un temps fort consacré à la culture du chanvre.
-> Accéder à l'article

07/09/2022 Agrodistribution : Chanvre : La Cavac mène une opération séduction
-> Accéder à l'article



Agenda 

A venir

19 octobre : Présentation de la filière chanvre au Pôle Innov'Alliance (Avignon)

26 au 28 octobre : Congrès de la CELC (Venise)

Ça s’est passé

3 au 6 octobre : Salon Batimat à Paris-Porte de Versailles avec la sortie du livre MIXITE des matériaux biosourcés

5 octobre : Chanvre textile : quel est l’impact environnemental du chanvre ? Conférence à la Caserne, 12 Rue Philippe de Girard, 75010 Paris

19 septembre : Inauguration de la filature de Nat'up fibre en Normandie

14 et 15 septembre : 6ème Colloque Fibres naturelles et polymères de FRD à Troyes (Aube)

6 septembre : Journée Chanvre à la Cavac en Vendée (Démonstrations matériels, conférences, essais variétaux, fosse pédologique ...)

31 aout : Lancement des travaux sur le chanvre avec l'école de commerce de Lille (EDHEC)

25 aout : Atelier chanvre à l'Université d'été des écologistes à Grenoble

 

Newsletter du Chanvre n°15 : juin 2022
(spéciale Congrès All Hemp)


Cette newsletter N°15 fait écho au congrès All Hemp, événement autour du chanvre organisé en France les 30 et 31 mai derniers par InterChanvre, un congrès sous le signe d’une économie décarbonée à tous les niveaux. « Ce 2e congrès a réuni 820 participants en présentiel ou connecté, a souligné Franck Barbier, président de l'interprofession du chanvre. C’est une vraie réussite !»

Retour sur les moments forts de cette journée.



Les Hommes de la filière

Guillaume Gontard, architecte et sénateur, fervent défenseur du chanvre

« Je suis heureux d'accueillir le congrès d'InterChanvre au Sénat, soulignait Guillaume Gontard, architecte et sénateur, président du groupe Écologie, Solidarité et Territoires, en introduction. En tant qu'écologiste, j'ai toujours défendu cette culture historique. Nous connaissons tout son potentiel pour se nourrir, se loger, produire du papier, des bioplastiques, des cosmétiques, voire soulager certaines douleurs. Le chanvre constitue également un atout majeur pour la transition écologique car c'est une plante qui a besoin de peu d'intrants, peu d'eau et qui stocke le carbone autant que la forêt. Son seul défaut est sa réputation liée au cannabis.
Avant d'être sénateur, je suis avant tout architecte et sensible à l'impact environnemental de la construction, à la nécessité d’utiliser des matériaux plus locaux. Élu au Sénat en 2017, je me suis intéressé au chanvre suite à une mission d'information sur l'herboristerie conduite par un collègue sénateur qui avait fait remonter beaucoup de blocages quant au développement du chanvre. Nous nous sommes emparés de cette question et avons rencontré InterChanvre. L'Assemblée nationale a ensuite pris le dossier via une mission d'information sur tous les usages du chanvre pour laquelle l'interprofession du chanvre a été auditionnée plusieurs fois.
Le groupe Ecologie, Solidarité et Territoires vient de rédiger une proposition de résolution pour pointer toutes ces problèmes réglementaires concernant les différents usages du chanvre (CBD, construction, bio-plastique…) car, pour pouvoir développer cette production et tous ses débouchés, la filière a surtout besoin de visibilité avec un cadre législatif clair. »



Sur le terrain

Comment augmenter la production de chanvre ?

« Le chanvre en France, c’est 21 700 HA aujourd’hui, rappelle Stéphane Borderieux, président de la FNPC (Fédération nationale des producteurs de chanvre). Revenir à 200 000 HA (0,6 % de la SAU) comme en 1830 n’est pas utopique à condition de lever un certain nombre de verrous techniques, économiques et réglementaires pour que l’amont agricole puisse développer cette culture. Or, nous craignons que les producteurs s'éloignent de cette culture de moins en moins rentable en raison de la forte hausse des coûts de production (engrais, matériel…) depuis 2021. »

Mieux rémunérer les producteurs 

« Il est indispensable d’augmenter les prix payés aux producteurs avec des contrats pluriannuels pour rassurer l'industrie de 2e et 3e transformation sur la qualité et les volumes de production. Il faut également améliorer le développement des outils de récolte et sélectionner des variétés adaptées aux nouveaux marchés émergents à plus forte valeur ajoutée (marché des molécules, alimentation humaine, cannabis médical…). » C’est le rôle d’Hemp-it (coopérative des producteurs de semences de chanvre), premier opérateur européen. La France est premier exportateur mondial de semences grâce à un vrai savoir-faire reconnu. 13 à 15 % de son chiffre d'affaires (3,3 milliards d'euros) est investi dans l’innovation variétale.

Valoriser le rôle de décarbonation du chanvre 

« Le premier défi d’une culture de diversification comme le chanvre est de repenser le développement de la filière par rapport au changement climatique : en quoi le chanvre peut concourir à réduire la consommation globale française en énergie fossile ? souligne Christian Huyghe, directeur scientifique de l’Inrae. L'agriculture française représente 3 % du PIB mais 20 % des émissions de gaz à effet de serre, tout comme l'ensemble résidentiel et tertiaire (via le chauffage et la climatisation). Le chanvre a un rôle énorme à jouer pour réduire les émissions de ces deux secteurs, d’autant plus que sa production permet aussi de capter du carbone contrairement aux autres matériaux isolants non biosourcés par exemple.
Pour être encore plus vertueux, il faudrait implanter dans la culture un couvert végétal qui fournisse les quantités d’azote importantes nécessaires au chanvre. Enfin, il faut faire évoluer le cadre réglementaire : le chanvre doit avoir toute sa place dans la planification écologique. »
« Il faut ramener la valeur ajoutée de tous les produits à base de chanvre jusqu'aux producteurs, conclut Franck Barbier, Président d’InterChanvre, et notamment sa capacité de stockage du carbone : 15 t de CO2/ha, soit autant que la forêt, mais en cinq mois de culture seulement et dès la première année d’implantation ».



Les débouchés

Construction : comment répondre à la RE2020 ?
Contraindre à décarbonner la construction grâce aux matériaux biosourcés 

Pour le secteur du bâtiment, le chanvre permet de proposer un produit en circuit court qui apporte un grand confort de vie : excellente isolation par rapport à la chaleur ou au froid extérieurs avec 70 % d’économie de chauffage selon l'étude du CEREMA, résistance au feu (classement EI 240 soit 4h de résistance), recyclable en fin de vie. « Nos objectifs sont de trouver des alternatives aux ressources non renouvelables (comme le sable) qui s’épuisent, de maximiser les circuits courts pour limiter les émissions de carbone, d’offrir une qualité de vie aux habitants, de maîtriser les coûts de construction et de soutenir les filières, précise Fabien Guisseau de Grand Paris Aménagement, premier aménageur d’Ile-de-France. Le chanvre comme matériau de construction répond à peu près à tous ces objectifs. Pour augmenter la part des matériaux biosourcés dans les constructions, nous allons réécrire les cahiers des charges imposés aux constructeurs à qui nous cédons des terrains. Pour cela, nous avons besoin de savoir quelle part la filière chanvre peut prendre dans cette augmentation de l'utilisation des matériaux biosourcé. »



Sensibiliser et former les acteurs 

« La rénovation énergétique est un enjeu majeur pour les architectes, rappelle Yolaine Paufichet, conseillère nationale de l’Ordre des architectes. La construction en chanvre a de sérieux atouts pour y répondre grâce à ses qualités d’isolant. En Île-de-France, un comité de liaison des matériaux biosourcés a été initié au conseil régional de l'ordre des architectes pour soutenir ces matériaux biosourcés via la sensibilisation des acteurs de la construction. Huit propositions ont été faites à l’échelle locale (soutien à l’installation des unités de production et de transformation, ajout de critères d’éco-conditionnalité dans les aides publiques, identification de la cartographie des ressources régionales) et nationale (création d’un seuil minimal de stockage du carbone, révision des critères du Label Bâtiment biosourcé, création d’un dispositif de fiscalité verte au bénéfice des entreprises vertueuses et d’un bâti-score pour valoriser l’effet des matériaux sur la santé).
Développer ce mode constructif passe aussi par la formation dans les établissements secondaires, les écoles d'architecture, et bien sûr les entreprises du secteur, un défi important. »



Préfabriquer les murs en béton de chanvre 

« Pour pouvoir saisir ce marché en plein développement, la préfabrication en atelier des murs en béton de chanvre avec une ossature bois permet de solutionner le problème du temps de séchage sur chantier », explique Arthur Cordelier, directeur de Wall’up préfabriqué. Le futur de la construction en chanvre passera par la production hors site (pour le confort des salariés et une construction en toute saison) et par des produits modulables pour optimiser les coûts. En savoir plus sur Wall’up : newsletter N°8 (Rubrique Les Débouchés/Construction/Deux trophées régionaux de la bioéconomie)



Plasturgie : Quels gains environnementaux grâce à la plasturgie ?
Déjà 100 000 t de CO2 économisées 

« Depuis cinq ans, des véhicules circulent avec un biocomposite plastique (fibres naturelles du chanvre combinées à un thermoplastique) à l’intérieur de l’habitacle, plus léger que les matériaux habituellement utilisés, précise Pierre Demortain, directeur d’APM, entreprise créée par Faurecia (technologie automobile) et Interval (chanvrière). 14 millions de véhicules (17 modèles) déjà en circulation en bénéficient, ce qui a évité l’utilisation de 6 500 t de ressources non renouvelables et l’émission de 100 000 t de CO2 grâce à l’allègement des véhicules (gain de poids pour les pièces avec chanvre allant jusqu’à 25 %). » Aujourd'hui, grâce au plastique recyclé et au chanvre en charge dans la composition, la matière première est passive.



Convaincre au-delà du secteur automobile 

On peut donc produire des plastiques vertueux ! « C’est sur cet aspect que nous communiquons auprès de nos clients pour les convaincre d’utiliser ces bioplastiques à base de chanvre. » Pour intéresser d'autres secteurs que celui de l'automobile, APM propose un composé contenant 60 % de chanvre facilement utilisable dans les chaînes de production sans modifications de process. Pourquoi l'utilisation de ce bioplastique ne se développe plus vite ? « Nous faisons face à une résistance au changement. Mais BMW vient de réaliser un spot publicitaire en expliquant que le chanvre est la biomasse qui capture le plus de CO2. Cela va nous aider à convaincre d’autres utilisateurs.  »



Prouver les atouts environnementaux des bioplastiques 

« Dans le secteur de la plasturgie, il n'existe pas de normes, ni de labels pour les produits biosourcés contrairement à celui de la construction, souligne Pierre Bono, directeur de FRD. Il faut prouver le caractère biosourcé des bioplastiques et l'assertion environnementale. Le bâtiment a 10 ans d'avance sur la filière plasturgie avec les Fiches de Données Environnementales et Sanitaires (FDES) et les ACV obligatoires. APM a cependant réussi à démontrer la recyclabilité de ces composés et leur compatibilité avec les filières de fin de vie des polymères. Le gros enjeu maintenant est de continuer à pouvoir mettre en avant le stockage du carbone réalisé par le chanvre. Or il semblerait qu'au niveau européen, la réglementation veuille supprimer cet atout du calcul de l'ACV ! »



Textile : quels débouchés possibles pour le chanvre ?
Un avenir aussi prometteur que pour le lin 

« Le chanvre, comme le lin, peut constituer une réponse aux aspirations sociétales et à l’engagement croissant des marques de mode premium et luxe en matière de développement durable, estime Marie-Emmanuelle Belzung, déléguée générale de la Confédération Européenne Lin et Chanvre (CELC). On prédit au chanvre une trajectoire de développement identique à celle du lin. Les gains sont réels mais il faut le prouver aux grandes marques et les rassurer. » La première ACV a été déterminée récemment : la fibre de chanvre a un impact sur le changement climatique 3 à 10 fois inférieur aux autres fibres textiles (voir la newsletter InterChanvre N°14 Rubrique textile). « Cette ACV reprend les critères du PEF », précise Denis Druon, président de The Flax Compagny. « L’habillement est la 2e cause de pollution mondiale, explique Pascal Mortoire, directeur de La Chanvrière, coopérative impliquée dans le chanvre textile. Pour répondre à la croissance importante de la population mondiale (+ 3,5 milliards d’habitants dans 15 ans), à celle encore plus importante du besoin en fibres et aux défis environnementaux, le chanvre, le lin et d’autres fibres ont un grand avenir. Nous devons être présents sur ce marché. »



De grandes marques s’y intéressent 

Levis lance un jean en chanvre, il veut sortir du tout coton, cherche à diversifier ses matières premières. C'est un signe fort. A la recherche de matières premières locales et durables (car le prix des matières premières traditionnelles, du transport et de la main-d’œuvre étrangère explose), le Slip Français a également lancé un boxer et un polo avec 30 % de chanvre français.
En conclusion, la fibre de chanvre est dotée d’une très haute performance écologique, est testée et approuvée. Mais la durabilité à un prix qu'il faut payer à sa juste valeur pour rémunérer les producteurs de chanvre. Le chanvre doit donc viser les produits à valeur ajoutée (milieu ou haut de gamme) pour se développer dans le secteur du textile.



Alimentation : quels sont les intérêts du chènevis français pour l’industrie alimentaire ?
Un super-aliment plaisir 

La graine de chanvre (appelée aussi chènevis) représente 11 % du poids total de la plante. « Ses atouts : sa teneur en protéines (24 % de la graine entière, 30 % de la graine décortiquée et 50 % de la graine déshuilée), la présence des 8 acides aminés essentiels, son ratio oméga 6/oméga 3 (environ 4) très proche des recommandations du PPNS, un profil très complet en micronutriments et l’absence d’allergènes contrairement à d'autres protéines végétales », souligne Camille Berrocal de NutriMarketing. « Le chanvre est non seulement un super-aliment mais en même temps, un aliment plaisir, ce qui est rare », complète Christophe Latouche fondateur de L’Chanvre qui développe des produits alimentaires à base de chanvre depuis 20 ans.



Faire changer les habitudes du consommateur 

Comme pour les autres débouchés du chanvre, le problème est de convaincre les consommateurs de manger du chanvre, c'est-à-dire de changer leurs habitudes. « Pour y parvenir, nous travaillons le chènevis pour proposer des produits faciles à utiliser dans des recettes rapides à réaliser », explique Christophe Latouche. InterChanvre a également élaboré des menus pour les cantines scolaires et d’Epahd ainsi qu'un livre de recettes accessibles sur le site de l’association (Lien).



Les molécules du chanvre : un nouveau débouché prometteur ?
50 % de compléments alimentaires 

L’extraction des molécules de la fleur de chanvre permet d’obtenir de nombreux composés, principalement des cannabinoïdes (dont le CBD) et des terpènes. Depuis deux ans, InterChanvre conduit des actions pour accompagner l’évolution du cadre réglementaire qui interdisait (jusqu’à l’arrêté du 31 décembre 2021) d’utiliser les fleurs et les feuilles du chanvre. « Tout reste à créer ou presque sur le marché du CBD et des cannabinoïdes, estime Grégory Dubourg, directeur de Nutrikéo et membre fondateur de l’Union des Industriels pour la Valorisation des Extraits de Chanvre (UIVEC). 50 % de ce futur marché serait occupé par des compléments alimentaires pour ses propriétés relaxantes, anti-inflammatoires et anti-douleur, sevrage tabagique et récupération musculaire. »



À aborder avec prudence 

« Nous sommes attentifs à ce marché qui constitue une nouvelle opportunité de production, souligne Olivier Joreau, président de l’Union des Transformateurs de Chanvre (UTC). Mais nous restons prudents. D’après des premiers essais, il semble que la quantité de molécules ne soit pas assez importante en conduite de plein champ avec le chanvre industriel classique pour rentabiliser l’extraction. La conduite culturale semble a priori différente selon le débouché visé. Cela passera vraisemblablement aussi par de nouvelles variétés. Il faudra également s’assurer que c’est un plus pour le producteur de chanvre. Un comité scientifique (Inrae, Terres Inovia, Iteipmai, Hemp-it ADN, FRD, Plantik Biosciences et Leaf) a été créé par InterChanvre pour accompagner ce développement.»



Également sous forme de médicament 

« L’usage médical des molécules du chanvre devrait être légalisé en mars 2023, précise Frantz Deschamps, président de Santé France Cannabis, structure créée en juin 2021 avec le soutien d’InterChanvre. Actuellement, 2 000 patients sont en expérimentation. Ça sera un médicament prescrit par un médecin et délivré en pharmacie. Il faut démarrer de façon urgente des travaux de recherche pour produire à terme ces médicaments. Il reste cependant encore un certain nombre de freins à lever, notamment réglementaires, pour que ce marché puisse voir le jour en France. »



Économie

La France, 3e producteur mondial de chanvre 

Au niveau mondial, la Chine est la première zone de production de chanvre avec 65 000 ha, surfaces en légère baisse entre 2020 et 2021, vraisemblablement en raison de la crise sanitaire et parce que le pays mise principalement sur le débouché textile. Avec 54 500 ha, l'Europe constitue le deuxième pôle de production avec la particularité de développer tous les débouchés. Le continent nord-américain (Canada et USA) produit 51 000 ha, surfaces également en baisse pour les mêmes raisons qu’en Chine, à savoir un seul débouché (le CBD). Ces deux pays producteurs cherchent maintenant à diversifier les usages du chanvre. La Russie produit 13 000 HA avec des surfaces en hausse.
L'Union Européenne a perdu 8 % de surface en 2020 comparé à 2019 mais la dynamique reste toujours très importante grâce au développement de multiples débouchés. Le chanvre est cultivé dans de nombreux de pays. Mais les plus actifs en termes de développement de surfaces sont surtout ceux qui diversifient les débouchés (France, Allemagne, Estonie, Croatie…).
Avec 21 700 HA en 2022 pour 1 500 producteurs, la France est le premier producteur européen (37 % des surfaces européennes) et troisième au niveau mondial. Les surfaces ont été multipliées par cinq en 30 ans grâce au développement des expertises dans de nombreux débouchés. Le pays compte six chanvrières historiques, dont deux vont tripler leur capacité de transformation ; trois autres sont en cours de construction (en Atlantique, Isère et Occitanie), prouvant la dynamique de la filière française.



Au-delà des frontières

Comment le chanvre peut-il s’intégrer dans les politiques européennes ? 


« Le Pacte Vert a fixé des objectifs à long terme pour atteindre la neutralité carbone en 2050 avec une réduction de 35 % des émissions de gaz à effet de serre en 2035, rappelle Irène Tolleret, députée européenne, siégeant notamment à la Commission Agriculture. La stratégie Farm to Fork définit ce que l'agriculture européenne et l'alimentation vont mettre en œuvre pour atteindre ces objectifs. Elle contient 27 textes législatifs dont un certain nombre dans lesquels le chanvre peut s'inscrire complètement. »
Œ C’est déjà le cas pour les textes sur la réduction des pesticides (le chanvre n’en utilise pas) et le stockage du carbone (15 t de CO2/ha/an comme la forêt). « Nous travaillons en ce moment sur un nouveau modèle économique pour rémunérer cet atout carbone et apporter un revenu supplémentaire aux agriculteurs. Une législation spécifique sera également présentée en 2023 pour augmenter la teneur en carbone des sols des terres agricoles. »
 L’Europe devra également atteindre 20 % de terre en agriculture biologique d’ici 2030. « Objectif difficilement atteignable en raison du prix des aliments bio pour le consommateur dans un contexte inflationniste. Il faudra donc certainement compter sur des cultures hors certification bio, non utilisatrices de phytos pour y parvenir. Le chanvre peut être un énorme atout. »
Ž Dans le cadre de la réforme de la Pac (qui doit aussi contribuer aux objectifs du Pacte Vert), 15 pays (dont la France) ont intégré le chanvre dans leur Plan Stratégique National. Cette culture va donc continuer à bénéficier des aides couplées qui s'ajoutent aux aides découplées.
 Côté alimentation, un texte européen est prévu pour 2023 sur la durabilité des systèmes alimentaires. Le chanvre devrait s'y inscrire sans problème.
 En dehors de l’agriculture et de l’alimentation, l’Union Européenne devrait ouvrir la voie à l'utilisation en cosmétique des molécules issues du chanvre, aujourd'hui interdites, via une modification de la réglementation.
« Pour conclure, je peux vous dire que je ne suis pas la seule eurodéputée à soutenir le chanvre. Il y a un large soutien politique du Parlement européen pour votre secteur. »



2e journée du congrès All Hemp 

Après cette première journée très riche et ouverte à tous, les professionnels de la construction, de l’alimentation et des molécules ont pu approfondir l’usage du chanvre dans ces débouchés traités lors d'événements distincts en simultané. Ces journées organisées en partenariat avec l'ordre des architectes d'Ile-de-France et l'UIVEC (Union des Industriels pour la Valorisation des Extraits de Chanvre ) ont permis de créer des espaces de dialogue pour approfondir les sujets. D’après l’enquête réalisée auprès de chaque participant, 58% de ceux assistant à la journée Alimentation pensent utiliser le chènevis par la suite et 42% vont l’étudier. Pour la journée Construction, ils sont respectivement de 27 % et 73 %.



Revue de presse

Premières retombées presse du Congrès

1er juin Newsletter de la France Agricole : améliorer la marge des producteurs de chanvre
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4 juin CDURABLE.info : Miser sur le chanvre pour une économie décarbonée : succès du congrès All hemp 2022
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Agenda 

A venir

15 septembre : Colloque FRD (InterChanvre est partenaire)

13 octobre : Intervention sur le Chanvre par InterChanvre au salon MEDAGRI



Ça s’est passé

2 juin : Intervention lors d'une audition au Conseil Économique Social et Environnemental (CESE) Lien

3 juin : Inauguration d'Hemp It adn

14 juin : La journée LCBio avec visite de Safilin

15 juin : Assemblée Générale de Construire en Chanvre à Paris. Le nouveau Président est désormais Philippe Lamarque.

21 et 22 juin : Colloque EIHA à Bruxelles avec 2 interventions de Construire en Chanvre et de Cavac Biomatériaux

28 juin : 2e rencontre du Pôle européen du Chanvre à Troyes

28 juin : Salon AMIF : signature de l’accord de partenariat des matériaux biosourcés

1er juillet : 1 an de Wall'up préfabrication à Aulnoy

2 juillet : Inauguration de Le Costil réalisé par Anatomie Architecture

4 juillet : Soirée bio et géo sourcés à l'ordre des architectes d'IdF

7 juillet : Festival Can IA, l'agence de Quentin Pichon et ses associés

7 et 8 juillet : Les 24h du Pole IAR (désormais B4C bioeconomy for change)

13 mai au 13 Juillet 2022 : Biennale d'architecture et de paysage d'Ile-de-France



© photos de cette newsletter par le photographe Alain Goulard

 

Newsletter du Chanvre n°14 : février 2022

Les Hommes de la filière

Nathalie Revol, cheville ouvrière d’une future filière chanvre textile française en fibre longue

Née en Haute-Marne, pas très loin de la Chanvrière, Nathalie Revol a toujours eu du chanvre dans son champ de vision. En 1997, elle créée une entreprise de confection de vêtements en chanvre. En 2016, elle pousse la porte de l’association « Lin et Chanvre Bio » (LCBio) qui souhaitait construire une filière chanvre textile française sur le modèle du lin. Elle devient chargée de mission pour piloter les essais chanvre. Depuis 2017, elle teste des variétés, densités de semis, itinéraires techniques et périodes de récolte. S’il n'existe pas de filière chanvre textile en France en dehors de celle du chanvre cotonnisé, c’est par manque de matériel pour paralléliser le chanvre au champ et le couper en deux longueurs d’un mètre. En 2019, Nathalie Revol fait venir une machine de Chine pour paralléliser les tiges. En 2021, second pas franchi avec le test d’un prototype de matériel capable de paralléliser et de couper les tiges. « 2022 sera encore une phase de R&D et nous espérons lancer cette filière textile en 2023 sur le bassin de production du lin. Les producteurs normands sont très intéressés par cette diversification. » Une fois enroulées au champ, les fibres sont défibrées dans les unités régionales de teillage du lin pour pouvoir ensuite être utilisées par les filatures de lin. « La France n’avait plus de filature. Mais plusieurs sont aujourd’hui en construction notamment en Alsace, dans les Hauts de France et en Normandie.» Nathalie Revol organise chaque année une journée de rencontre professionnelle de LCBio et tous les deux ans, un voyage d'étude pour que les producteurs puissent visiter des filatures, des ateliers de tissage, de teinture, de confection…. afin de mieux comprendre les contraintes de l’aval de la filière.



Les débouchés

Construction
Premier immeuble R+8 en béton de chanvre

La construction d'un immeuble de huit étages (R+8) en béton de chanvre vient de s’achever à Boulogne-Billancourt pour le bailleur Immobilière 3F. Ce projet a été suivi par le bureau d’études LM Ingénieur et NXNW Architectes. C'est le premier bâtiment de 25 m de hauteur en France construit ainsi, une solution totalement reproductible et personnalisable à toutes les typologies architecturales. Le promoteur a choisi le béton de chanvre pour ses qualités thermiques. Ses propriétés isolantes vont permettre de réduire la consommation énergétique (estimée à 20 € de gaz/mois pour un T3 de 60 m²) et donc les charges pour les locataires. Le béton de chanvre va également permettre de réduire les émissions de gaz à effet de serre (niveau carbone 2) : le bâtiment est éligible au label E+C- (bâtiment à énergie positive et réduction de carbone).

Photo © NXNW


45 logements sociaux en béton de chanvre à Trilport 

La première résidence de l’écoquartier de Trilport conçue par Karine Lopes du cabinet d’architecture Zetta Green pour Le Foyer Rémois a été inaugurée en décembre dernier. Comportant 45 logements sociaux (T2 à T4) pour une surface de plancher de 2 860 m2, cette résidence a été construite en béton de chanvre projeté sur 38 à 46 cm d’épaisseur sur une ossature porteuse poteau/poutre/plancher traditionnelle en béton, avec un enduit à la chaux pour finition extérieure. 680 m³ de béton de chanvre ont été nécessaires pour ce chantier ; le chanvre provenait de la SAS Planète Chanvre située à moins de 20 km permettant ainsi d’obtenir un excellent bilan carbone. L’isolation des cloisons intérieures a également été réalisée avec de la laine de chanvre. Les premiers résidents devraient prendre possession de leur logement début février.



Manifeste sur la construction en chanvre 

Afin d’informer les équipes des candidats en campagne pour les élections présidentielles sur les enjeux de l’éco-construction, Construire en Chanvre a conçu un Manifeste (https://www.construire-en-chanvre.fr/documentation#manifeste) détaillant les cinq propositions réalistes à mettre en œuvre : l’exemplarité (faire de la commande publique un levier de la massification des filières biosourcées), la formation, les aides (MaPrime rénov par exemple), la communication pour faire connaitre nos solutions constructives et le soutien pour développer l’industrialisation de notre filière.



Alimentation
Natexpo : le chanvre a le vent en poupe 

Le salon Natexpo, qui a eu lieu à Villepinte en octobre 2021, constitue le point de ralliement très attendu des professionnels français et internationaux du secteur de la bio. C’est dans un contexte très favorable aux produits bio et vecteur d’innovations dans le domaine que 2 500 exposants et marques ont présenté leurs produits et leurs services aux milliers de visiteurs français et internationaux. Et le chanvre faisait partie des fortes « tendances » mises en avant par les organisateurs. De nombreux exposants ayant intégré le chènevis dans leur stratégie de développement commercial proposaient un large panel de produits allant du lait à base de chènevis aux graines entières torréfiées. Une telle mise en avant du chènevis témoigne du fort engouement des « cannavores » français et internationaux pour des produits plus naturels, responsables et locaux.



Textile
Une ACV calculée pour la 1ère fois pour le chanvre textile français 

Dans quelques années en Europe et aux USA, chaque vêtement aura un score (le score PEF ou Product Environnemenat Footprint) qui prend en compte 16 catégories d’impact de l’activité humaine sur la planète (dont l’empreinte carbone) mesurées tout au long du cycle de vie des produits. Il existe aussi un classement américain (HIGGS) de toutes les fibres textiles par rapport à l'empreinte environnementale, auquel se référent toutes les grandes marques. Le chanvre y est très mal situé car évalué sur une production chinoise des années 2000. Dans ce contexte, Flax Company(1) a missionné le bureau d'études Evéa, spécialiste du cycle de vie des produits, pour déterminer l’ACV de la fibre cotonnisée de Chanvre Marmara Original, première fibre de chanvre français pour le textile certifiée durable. « Les résultats de notre étude devraient faire remonter le chanvre textile dans ce classement », souligne Denis Druon de The Flax Company. Les données de l’ACV sont transmises aux fabricants de vêtements utilisant du chanvre cotonisé Marmara pour calculer l’ACV globale de chaque vêtement.
(1) structure qui fait le lien entre producteurs de matières premières (lin, chanvre…), filatures et grandes marques de vêtements



ACV : le chanvre textile français mieux placé que d’autres fibres classiques 

Dans le cadre de cette étude, des comparaisons ont été réalisées avec d'autres fibres textiles. « Mais il faut être prudent car, pour une même fibre, l’ACV peut être extrêmement différente selon la zone de production », souligne Denis Druon.

Fibres textiles Lieu de production t de CO2 produite par t de fibre Score FEP
Chanvre cotonnisé Marmara Original France 1,2 213
Coton Inde 10 5 715
Coton Bangladesh 6,7 5 637
Polyester Inde 4,3 450
Viscose Inde 3,2 403

L’impact global du coton est 26 fois plus important que le chanvre. La fibre de chanvre a un impact sur le changement climatique 3 à 10 fois inférieur aux autres fibres textiles. « Cette étude devrait permettre au chanvre de pouvoir entrer véritablement dans le monde professionnel du textile, et non plus rester au stade amateur », estime Denis Druon.



Coperni défile au milieu du chanvre 

A l’automne dernier, lors de la Fashion Week de Paris, le chanvre a été porté à l’honneur par la marque Coperni créée par Sébastien Meyer et Arnaud Vailland, deux avant-gardistes. Et ce n’était pas le défilé printemps-été 2023 qui était proposé, mais bien 2033 ! Le tout au milieu d’un champ de chanvre, reconstitué pour l’occasion à partir de plants provenant de « 91530 Le Marais », une ferme multidisciplinaire mêlant agriculture et culture avec notamment des plantations de bambous et de chanvre. Pour Sébastien Meyer et Arnaud Vailland, « ce décor original a une double connotation : celle de la détente, de la relaxation, mais également le fait que le chanvre soit une plante d’avenir car il s’agit de la meilleure alternative au coton. »



Energie
La paille de chanvre bientôt transformée en énergie 

L’entreprise sarthoise Qairos Energies, créée en juillet 2019, va implanter à Trangé (Sarthe) une première unité de production d’hydrogène, de méthane et de CO2 liquide à partir de la pyrogazéification des pailles de chanvre cultivé localement. L’objectif est de créer un écosystème de production et de distribution de gaz vert fonctionnant en économie circulaire. Ce projet de 20 M€ sera doté d’une capacité nominale de production de 5 MWh, en corrélation avec les besoins du territoire du pôle métropolitain Le Mans Sarthe. 150 à 200 agriculteurs produiront les 10 000 t de paille de chanvre annuelles nécessaires au bon fonctionnement de l’unité. Qairos achètera aux producteurs la plante entière, dont elle valorisera toutes les parties. L’utilisation d’une partie de la tige pour l’énergie constituera un débouché supplémentaire qui s’ajoutera aux débouchés actuels. La construction devrait démarrer courant 2022. Le 17 novembre dernier, le PDG de Qairos Energies et le directeur général délégué de GRDF ont signé une convention de partenariat pour expérimenter l’injection de méthane de synthèse produit dans le réseau de GRDF. Cette étape importante ouvre la voie à la future tarification du méthane de synthèse nécessaire au bouclage du modèle économique du démonstrateur tant que les débouchés de l’hydrogène pour la mobilité ne sont pas suffisants. A terme, d’autres unités de production similaires verront le jour sur le territoire avec une production d’hydrogène et de méthane adaptée aux besoins locaux, avec une capacité maximale de 3,5 t/jour d’hydrogène ou de 450 Nm3/h de méthane. »



Sur le terrain

Création d’un conseil scientifique pour la production de fleurs 

Pour accompagner au mieux les agriculteurs qui souhaitent produire des fleurs de chanvre, un nouveau conseil scientifique a été créé, piloté par InterChanvre. Il comprend l'Inrae, Terres Inovia, l’Itepmaï, Hemp it ADN, FRD, Plantik Biosciences et Leaf. Plantik Biosciences est une société agri-biotech qui développe des technologies génomiques et moléculaires innovantes pour accélérer la sélection végétale. Elle a créé une plateforme de découverte génétique pour le chanvre. Leaf est un laboratoire spécialisé sur le chanvre qui veut définir des terroirs de production comme c'est le cas pour le vin en Bourgogne par exemple. Trois groupes de travail ont été constitués. Le premier, composé d'Hemp it ADN, de l'Inrae, de Leaf et de Plantik Biosciences, travaille sur la génétique à savoir la recherche et la qualification des variétés du catalogue européen qui est maintenant ouvert aux producteurs français. Le second, composé de l’Itepmaï, FRD et Terres Inovia, se focalise sur l'itinéraire technique du chanvre à destination de la production de fleurs. Le troisième groupe composé des chanvrières travaille sur la mécanisation de la récolte des fleurs. Ces trois groupes de travail vont définir leur feuille de route au premier trimestre dans l’optique du prochain conseil scientifique qui aura lieu le 10 mars.



Economie

Label bas carbone : une évaluation pas adaptée au chanvre 

InterChanvre a lancé une étude sur la captation du carbone par la culture de chanvre avec l'objectif que le label bas carbone du chanvre puisse apporter aux producteurs une valeur ajoutée supplémentaire. Cette étude réalisée par l'Inrae avec l'outil « Grandes cultures » conçu par Arvalis et AgroSolutions a été restituée en septembre dernier. Les résultats ne sont pas à la hauteur de ce qu'InterChanvre espérait car l'outil de calcul n'est pas adapté au chanvre. En effet, il ne prend en compte que les 30 premiers centimètres du système racinaire. Or celui du chanvre atteint jusqu'à 2 m de profondeur. InterChanvre va donc contacter Arvalis et AgroSolutions pour voir comment faire évoluer l'outil et essayer d’obtenir des financements auprès du ministère de l'Agriculture pour le développement d'un outil plus approprié.



CBD : production maximale entre fin floraison et maturité des graines 

FRD a poursuivi les travaux engagés en 2020 sur la qualité des pailles au stade optimal de récolte des fleurs pour le CBD. La collecte des échantillons a eu lieu du 9 juillet au 1er octobre 2021, à raison d’un prélèvement par semaine sur une variété (F75) et un lieu d’essai (dans l’Aube). Suite aux analyses des cannabinoïdes (CBD, THC, CBG) et à une estimation des quantités de CBD à l’hectare, quatre stades post-floraison (pleine floraison au 16 août) ont été sélectionnés pour analyses des pailles, fibres et granulats correspondant au 26/08, 03/09, 10/09 et 17/09. Dans les conditions de l’essai, la production de CBD maximale à l’hectare est atteinte pour une récolte entre le stade fin floraison (10 jours après la pleine floraison) et le stade début de maturité des graines. Fin floraison, les fibres ont déjà atteint leur maturité avec un risque potentiel de lignification en début de maturité des graines. Les propriétés des fibres à ces stades les rendent aptes pour les différents marchés techniques. Les stades tardifs (ici à partir du 17/09) seraient cependant à éviter pour le débouché textile si l’augmentation des taux de lignine observés est confirmée.



Réglementation

Récolte de fleurs et de feuilles : une partie du nouvel arrêté suspendu 

Suite à la révision de l’arrêté de 1990, le cadre réglementaire du chanvre évolue, via un nouvel arrêté publié fin décembre, pour permettre aux producteurs français de récolter l’inflorescence de la plante. Cette autorisation, dont l’expérimentation était demandée depuis fin 2017 par InterChanvre, va permettre le développement de nouveaux marchés français, notamment liés au CBD. Toutefois, l’Etat ne prévoit pas de système de contrôle spécifique des parcelles de chanvre destinées au CBD, notamment pour s’assurer du respect du taux de THC. Or, la culture du chanvre, quels que soient les débouchés envisagés (et à fortiori ceux de la fleur), doit être pleinement maîtrisée, c’est-à-dire exempte de risque de dérive vers des plantes produites en vue de faire usage ou commerce de la molécule psychotrope (THC). A noter que le 7 janvier dernier, le Conseil constitutionnel a débouté l’Association française des producteurs de cannabinoïdes (AFPC), selon laquelle cet arrêté était anti-constitutionnel. Mais le 24 janvier, le juge des référés du Conseil d’État annonce avoir suspendu, à titre provisoire, l'interdiction décidée par le gouvernement de commercialiser à l’état brut des fleurs et feuilles de cannabis, dont la teneur en THC est inférieure à 0,3%.  Le Conseil d'État se prononcera définitivement sur la légalité de l’arrêté contesté d’ici plusieurs semaines ou mois.



Au-delà des frontières

Surfaces européennes de chanvre 

Dans l'optique du prochain congrès d’InterChanvre, l’interprofession a missionné le pôle IAR pour réaliser une carte des surfaces européennes de production de chanvre, ces données n’étant pas disponibles par ailleurs.



Revue de presse

26/01/2022 Challenges : CBD, dérivé du cannabis : le Conseil d'Etat donne de l'air à la filière… qui reste inquiète

21/01/2022 Les Echos : L’objet éthique : La Trucker Jacket de Levi’s

15/01/2022 Ouest France : Le boom des semences de chanvre en Anjou

12/01/2022 Batirama : Le premier collectif R+3 en béton de chanvre de Seine-et-Marne

06/01/2022 La Nouvelle République : Et si l’Indre se remettait à produire du chanvre ?

06/01/2022 Actu.fr/Occitanie : Le textile à partir de chanvre, une filière d’avenir pour le pays, encouragée par la région Occitanie

05/01/2022 Le Figaro : Interdiction de la vente des fleurs de chanvre CBD : la fin de l’âge d’or du marché ?

04/01/2022 L'Usine Nouvelle : Cette salle de sport a été construite avec du chanvre

03/12/2021 France Info : Cannabis médical : où en est l’expérimentation en France ?


Agenda

A venir

3 mars : Journée du chanvre sur le stand de Terre Oléopro au Salon de l’Agriculture à Paris-Porte de Versailles.

30 et 31 mai : 2ème Congrès du Chanvre (All Hemp) organisé par InterChanvre sur le thème « Quelles solutions pour obtenir la neutralité carbone ? »

13 juin : 3ème rencontre (après deux rencontres en 2021) sur le chanvre dans le cadre des Groupes de dialogue civil (GDC) à la Commission européenne, focalisée sur le CBD et le THC.


Ça s'est passé

8 février 2022 : Intervention d’InterChanvre au Sénat dans le cadre d’une matinée sur le Made in France.

3 février 2022 : Pour la première fois, le Sénat a mis le chanvre au cœur de son débat avec le Gouvernement, débat inscrit à l’ordre du jour par le groupe Ecologiste-Solidarité et Territoires dans le cadre de la semaine du contrôle du Sénat. Mme Brigitte Bourguignon, ministre déléguée chargée de l’Autonomie, a représenté le Gouvernement durant ce débat. Les sénateurs ont pu alerter le Gouvernement sur l’urgence d’obtenir des règles professionnelles, sur le besoin d’intégrer le chanvre dans le Plan Protéines ou de réindustrialiser l’industrie du textile de chanvre, même si le cœur du débat a surtout porté sur l’évolution réglementaire suspendue.


2 Février 2022 : InterChanvre a rencontré l’EIHA pour étudier le champs des possibles pour la filière chanvre

31 janvier 2022 : Présentation de la filière Occitan avec une introduction macroéconomique d’InterChanvre et le développement de la filière textile dans la région.

16 décembre 2021 : Les Assises du cannabis thérapeutique organisées par Santé France Cannabis (qui encadre et développe la filière cannabis thérapeutique et dont InterChanvre est membre) au Ministère de la Santé et des Solidarités. L’objectif était de faire comprendre que le cannabis thérapeutique est un vrai enjeu et qu’il est nécessaire que l’ANSM autorise les industriels à expérimenter la production. Ces assises ont permis de favoriser le dialogue entre toutes les parties prenantes du sujet : patients, professionnels de santé, décideurs publics et acteurs économiques. Les intervenants ont identifié au cours des différentes tables rondes les enjeux clés post expérimentation et les moyens d’y répondre. Tous les sujets essentiels ont été abordés : le cadre et la définition des standards de production et de fabrication, le statut de ces nouveaux produits de santé, le circuit de distribution, leur évaluation et les modalités d’accès au marché.

13 décembre 2021 : Les Rencontres du chanvre en Normandie organisées par la chambre régionale d’agriculture ont rencontré un vif succès avec plus de 80 personnes présentes. Nathalie Fichaux y a présenté toute la filière chanvre.

24 novembre 2021 : Rencontres du Pôle européen du chanvre à Troyes au cours desquelles Nathalie Fichaux, directrice d’InterChanvre est intervenue pour présenter la filière chanvre et toutes les actions conduites par l’interprofession pour le collectif.

8 et 9 novembre 2021 : AG de la CELC (Confédération européenne du lin et du chanvre) à Paris au Musée de la Mode, un musée partenaire de la CELC, AG à laquelle ont participé Nathalie Fichaux, directrice d’InterChanvre, Franck Barbier, Président d’InterChanvre et Benoit Savourat, président de la Chanvrière.

 

Newsletter du Chanvre n°13 : octobre 2021

Les Hommes de la filière

Sarah Lafitte ou le béton de chanvre à la suédoise

En 2016, Sarah Lafitte a co-fondé Houseofhemp.se avec Peter Holmdahl pour développer les ventes de béton de chanvre en Suède. « Mon histoire avec le chanvre a commencé quand mon compagnon, suédois, a croisé Daniel Daviller de BCB Tradical en Allemagne lors d'une rencontre sur le chanvre, culture qu’il voulait implanter sur quelques hectares en Finlande. Notre objectif est également de retranscrire le savoir-faire français et son écosystème, c’est-à-dire construire une filière chanvre industriel en Suède. Nous réalisons actuellement des tests avec du chanvre produit en Suède à partir de semences d’Hemp-it pour fabriquer un béton de chanvre local et convaincre les institutionnels et les acteurs privés de l'opportunité de développer une telle filière en Suède. Nous avons également produit en Suède à Göteberg des panneaux préfabriqués en béton de chanvre pour une école publique (Hoppet) qui se veut être « zéro énergie fossile » pour sa construction. » Sarah Lafitte a également créé en Suède « Nordic Hemp Building School » pour tous les pays nordiques en partenariat avec l’Ecole Nationale du Chanvre en France. « L'objectif est de préparer les futurs professionnels au savoir-faire et aux réglementations professionnelles de la construction en chanvre.»



Les débouchés

Construction
Des locaux en béton de chanvre pour EDF Energie Nouvelle

Les équipes de la prochaine base de maintenance du premier parc éolien offshore de France de la filiale Energie Nouvelle d’EDF vont bientôt emménager à la Turballe dans un bâtiment R+2 en béton de chanvre d'une surface de 2 000 m². « EDF Energie Nouvelle souhaitait un bâtiment biosourcé, bas carbone, avec un certain confort d'été, précise Margaux Pétillon de Can-Ia, cabinet d’architectes qui a conçu le bâtiment. Nous leur avons proposé le béton de chanvre pour répondre à cet objectif. » Le béton de chanvre, projeté sur le site par l'entreprise LB Eco Habitat, a été utilisé en façade sur une ossature bois, avec une finition en bardage bois grisé. 80 m³ de béton de chanvre ont été nécessaires. L’isolation thermo-acoustique des cloisons intérieures a été réalisée avec du Biofib’Trio de Cavac Biomatériaux, un matériau en chanvre, lin et coton ; un enduit chaux-chanvre a été utilisé pour la finition. Après 11 mois de travaux, le bâtiment est terminé.

Photo © CAN-Ia


Le béton de chanvre fait son entrée dans le CAP Maçon 

Le 15 mai dernier est paru au Journal Officiel l’arrêté du 30 mars 2021 portant sur la révision du référentiel du CAP Maçon. Dans le cadre de la transition énergétique, celui-ci introduit la réalisation d’ouvrages en matériaux biosourcés (dont le béton de chanvre fait partie) et géo-sourcés. Pour l’introduction des matériaux bio et géo-sourcés dans le référentiel, l’éducation nationale a confié la rédaction de la nouvelle version à une équipe pluridisciplinaire dont a fait partie Jean-Luc Roulin, professeur de maçonnerie au lycée Lumière à Luxeuil-les-Bains (Haute-Saône) et président de l’association Bourgogne-Franche-Comté Chanvre (délégation régionale de Construire en Chanvre). « Avec ce nouveau référentiel, l’Education nationale a répondu à une demande des professionnels du bâtiment exprimée via la Capeb et la FFB », souligne Jean-Luc Roulin. « Le spécialiste des matériaux géo-sourcés était une personne de la Capeb. C’est grâce à ce travail en commun avec tous les acteurs du bâtiment que ce nouveau référentiel a pu être validé. » Ce dernier est applicable depuis la rentrée 2021.



Plasturgie
Un véhicule futuriste composé de chanvre 

Aptera Motors a conçu un véhicule futuriste à trois roues, propre, écologique, économique et durable : il est composé de chanvre et fonctionne à l’énergie solaire. La carrosserie est réalisée à partir de trois couches de matériaux mêlant chanvre, carbone et Kevlar. Ce composite rend la voiture plus légère et par conséquent, moins énergivore. Ce véhicule futuriste sera commercialisé fin 2021 avec près de 10 000 véhicules dès 2022. Son objectif est d’atteindre la vente de 20 000 voitures chaque année et de continuer à développer sa flotte en déclinant ses modèles.
Cliquez ici pour pour plus d’informations



Sur le terrain

Textile : un prototype de récolte très prometteur en Normandie... 

L'association normande "Lin et Chanvre Bio" souhaite relancer une filière chanvre textile français (de l'agriculteur au fabricant de vêtement) en s’appuyant sur le modèle de la filière lin textile. Pour être défibrées sur une ligne de teillage, les tiges de chanvre doivent être coupées en deux longueurs de 1 mètre et être bien parallélisées au champ pour un rouissage homogène. Les machines habituellement utilisées pour récolter le chanvre ne conviennent pas au débouché textile sauf pour produire de la fibre courte (4 à 5 cm) utilisée pour du chanvre cotonnisé. Après avoir testé une faucheuse/paralléliseuse chinoise en 2020 comme solution transitoire, le 20 août dernier, un prototype automoteur financé par la région Normandie en collaboration avec la coopérative linière du Nord de Caen et conçu en six mois par la société belge Hyler, a été testé. L'alignement et la coupe en deux longueurs d’un mètre sont très satisfaisants. Quelques réglages et modifications sont en cours afin de tester à nouveau le prototype dans des chanvres hauts (supérieurs à deux mètres) dès cet automne. « C'est un pas de géant pour la construction de la filière chanvre textile fibre longue», a précisé LCBio.



... et un second dans l’Aube 

De son côté, la Chanvrière et Cretes, leader mondial de la construction de machines de défibrage de chanvre, ont joint leurs efforts pour construire également une machine de récolte de chanvre à andins parallélisés. Les équipes ont réalisé avec succès des tests en juillet et août derniers : plusieurs hectares de chanvre rouissent déjà au sol dans l’Aube devant la nouvelle usine de La Chanvrière pour être utilisés dans l’industrie textile. Des techniques innovantes permettent de faucher les tiges de chanvre en deux étages et de les déposer au sol en andins déjà parallélisés. « C’est une première mondiale à échelle industrielle », précise la Chanvrière. Les têtes des plantes sont coupées pour obtenir des tiges d’une longueur constante et régulière, prêtes pour une utilisation dans le process textile. Les deux entreprises, qui procéderont à des essais complémentaires, engagent dès maintenant des plans opérationnels pour des surfaces industrielles en 2022.



Varenne de l’Eau : InterChanvre répond au ministère de l’Agriculture 

Lancé en mai 2021, le Varenne agricole de l’eau et de l’adaptation au changement climatique vise à identifier des solutions concrètes et à établir une feuille de route opérationnelle. L'objectif est de se doter des outils nécessaires à l’adaptation et à la protection des agriculteurs face aux aléas du changement climatique, en complément des premières mesures mises en œuvre dans le cadre du volet agricole du plan France Relance. Dans ce cadre, InterChanvre a rédigé une note pour répondre aux questions du Ministère de l’agriculture adressées à chaque filière : quels sont les impacts majeurs liés au changement climatique pour le chanvre ? Quels sont les leviers en amont et en aval mobilisés par la filière chanvre pour faire face, entre autres à une diminution potentielle des rendements ? Quels sont les besoins identifiés par InterChanvre pour accompagner les changements nécessaires ? Quels sont les risques et menaces pour la filière chanvre et a contrario les opportunités à saisir ?
La note est disponible sur demande auprès d'InterChanvre.



Economie

Future Pac : l’aide couplée pour le chanvre serait maintenue 

Le Conseil, le Parlement Européen et la Commission Européenne ont trouvé fin juin dernier un accord global sur les trois textes composants la réforme de la Pac. Une adoption formelle des textes en cours de finalisation doit encore avoir lieu au Parlement Européen lors de la séance plénière de novembre. Les États Membres travaillent actuellement à la rédaction de leur Plan Stratégique National (PSN) qui devra préciser l’utilisation des mécanismes de soutien prévus par la future Pac dans chaque pays et la contribution de ceux-ci aux objectifs environnementaux fixés par le Green Deal. En France, une première version du PSN circule dans laquelle l’aide couplée pour le chanvre est maintenue et la culture du chanvre encouragée dans le cadre de l’éco-régime rémunérant la diversification des cultures. Une version finalisée du PSN français fera l’objet d’une consultation des parties prenantes à l’automne avant soumission pour validation auprès de la Commission européenne en décembre 2021.



Réglementation

Récolte de fleurs et de feuilles : la réglementation évolue 

Suite à plusieurs mois de travaux interministériels et à la décision de la Cour de justice de l’Union européenne, le cadre réglementaire du chanvre va évoluer très prochainement avec la révision d’un arrêté datant de 1990 qui a été notifiée en juillet dernier à la Commission européenne. L’enjeu est d’autoriser les agriculteurs à récolter les feuilles et les fleurs de chanvre, et non plus uniquement la fibre et les graines. Cette autorisation, dont l’expérimentation était demandée depuis fin 2017 par InterChanvre, va permettre le développement de nouveaux marchés français, notamment liés au CBD. Cet arrêté n’autorise pas le commerce de la fleur et de la feuille sous forme entière, seulement la production contractualisée d’extraits de chanvre. A noter que seuls des agriculteurs actifs au sens de la réglementation européenne et nationale en vigueur pourront cultiver des fleurs et des feuilles de chanvre. Les États membres et la Commission européenne ont trois mois pour émettre des avis ou des observations sur le projet d’arrêté qui ne peut pas être officiellement adopté avan t la fin de cette période (21 octobre) qui pourrait être prolongée en cas d’avis circonstancié d’un des acteurs. En fonction des remarques de la Commission et des autres États membres, l’arrêté devrait pouvoir entrer en vigueur début 2022. Le ministère de l’Agriculture travaille à l’élaboration d’outils de communication et de contrôle de cette nouvelle production.



Revue de presse

13/09/2021 Futura Santé :
De quoi parle-t-on lorsqu'on évoque le CBD ?

31/08/2021 LaFranceAgricole :
Un prototype d'arracheuse pour faire renaître le chanvre textile

25/08/2021 Actu.fr :
Maison : des panneaux préfabriqués en béton de chanvre chez Wall'up en Seine-et-Marne

20/08/2021 Le Moniteur :
Du béton de chanvre au geste architectural. A Paris, l'enveloppe d'un immeuble de six étages est entièrement composée d'un matériau biosourcé, respectueux de l'environnement.

02/08/2021 Sud-Ouest :
Le chanvre, une filière en pleine construction

26/07/2021 Emploi Environnnement.com :
Les matériaux biosourcés font leur entrée dans les formations du bâtiment

06/07/2021 Réussir :
Le pôle Innov'Alliance fait le point sur les multiples facettes du chanvre et du cannabis


Agenda

A venir

14 et 15 octobre : Assemblée Générale de Construire en Chanvre à Paris en présentiel pour un moment de convivialité.


Ça s'est passé

21 au 23 Septembre : Première vision
Cet événement incontournable de la mode présente de plus en plus de chanvre textile sous différentes formes et d'origine diverses. En photo, le stand de Kingdom, premier filateur au monde, présentant uniquement du fil de chanvre.


15 au 17 juillet Forum Bois Construction
Malgré une date de programmation estivale et les contraintes sanitaires, le 10e Forum International Bois Construction a généré plus de 6 800 visiteurs (multiplié par 3 comparé à la précédente) dont 90 % de professionnels. Toute la chaîne de valeur de l’économie, de décision et de la formation de la construction bois et biosourcée était réunie pour la première fois à Paris. Le ministre de l’Agriculture y a annoncé des initiatives importantes pour le développement de la construction biosourcée.

 

Newsletter du Chanvre N°12 : juin 2021

Les Hommes de la filière

Karine Lopes, architecte éco-conceptrice, fan du chanvre

Après avoir travaillé onze ans en tant qu'architecte, Karine Lopes a créé le cabinet d’architecture Zetta Green en décembre 2020 en Seine-et-Marne. « Depuis toujours, l’éco-conception, et donc l’utilisation de matériaux biosourcés, est ma priorité, raconte Karine Lopes. Avec plus de dix ans d’utilisation de ces matériaux, j’ai maintenant de vrais retours d'expériences sur leur pertinence et leurs avantages. Le chanvre (laine ou béton de chanvre) est le matériau biosourcé que nous utilisons dans chaque projet pour ses nombreuses qualités d’isolation. Nous réalisons de plus en plus d’opérations en béton de chanvre car la filière est mature. Elle permet de répondre à de nombreuses problématiques. De plus, les instances de contrôle se forment de plus en plus et les maîtres d’ouvrage sont désormais au fait de cette technique et de ces avantages, et ils y trouvent leur intérêt. »
Dernier projet de Karine Lopes : la conception de 45 logements sociaux à l'intérieur d’un éco-quartier à Trilport (Seine-et-Marne). « Le souhait de la municipalité était d'utiliser le plus possible de matériaux biosourcés, notamment du chanvre, souhait auquel le bailleur social a répondu avec une ossature porteuse poteau/poutre/plancher en béton et un remplissage des façades en béton de chanvre projeté sur 38 cm d’épaisseur environ. Grâce à cela et à un approvisionnement en chanvre local avec une usine à moins de 20 km (Planète chanvre), le bilan carbone est excellent malgré le classement actuel défavorable du béton de chanvre. »

Photo © La Chambre de Noire


Les débouchés

Construction
Le béton de chanvre préfabriqué passe à la vitesse supérieure

A Nantes, le projet Caserne Melinet (réaménagement du quartier de l’ancienne caserne) va faire la part belle au béton de chanvre. Ce projet, qui comprend cent logements et des commerces, affiche des objectifs environnementaux importants à savoir choisir des matériaux pour leur faible empreinte carbone. Trois cabinets d'architectes sont associés pour la conception de ces 100 logements dont CAN-Ia pour son expertise en matière de béton de chanvre. Le choix s'est en effet porté sur des façades en béton de chanvre préfabriquées recouvertes d'un enduit traditionnel à la chaux sur une structure en bois. Le béton de chanvre a été choisi pour son confort thermique en été comme en hiver. Les bâtiments les plus hauts comporteront six étages (R+6). Si des bâtiments R+8 ont déjà été réalisés en béton de chanvre à Paris et ailleurs, ici la nouveauté réside dans l’utilisation d'une structure entièrement en bois (plancher, poutres, poteau) et d'un béton de chanvre préfabriqué. La préfabrication n'avait jamais été envisagée jusqu'à présent pour des quantités aussi importantes (300 panneaux préfabriqués de 10 à 20 m2 chacun en moyenne). La construction devrait démarrer en 2022 pour une livraison août 2024.

Photo © Ramdam et Palast


Des videos pour tout savoir sur le béton de chanvre 

Pour tout savoir sur le béton de chanvre, retrouvez les six videos réalisées par Luc Van Nieuwenhuyze :



Plasturgie : Première mondiale pour le NAFILean STIFF sur la nouvelle 308 

APM, co-entreprise créée par la coopérative Interval et l'équipementier automobile Faurecia, continue son développement grâce aux plastiques renforcés par des fibres de chanvre qu'elle produit pour différents clients. Pour les applications automobiles, APM a commencé à produire son nouveau grade NAFILean STIFF pour la nouvelle Peugeot 308 récemment annoncée. Peugeot est le premier constructeur à intégrer cette matière, après avoir également été le premier à intégrer la matière NAFILean sur la précédente génération de 308 en 2013. Cette seconde génération de matériau, plus légère de 11%, est une alternative aux matières chargées fibres de verre, et avec un module de traction similaire (3500 Mpa). Intégrant 20% de chanvre, NAFILean STIFF sera utilisée pour des pièces structurelles de tableau de bord injectées, pour un poids total de plus de 5 kg, représentant l'introduction de 1 kg de fibres de chanvre par véhicule. Au-delà de ce gain de poids, avec seulement 1,6 kg de CO2/kg de matière produite, elle offre une réduction des émissions de CO2 de 40 % comparé aux matières polypropylène contenant 20% de fibres de verre.



Plasturgie : Replay du Webinar du 8 avril 2021 "Fibres naturelles & Plasturgie" organisé par APM et FRD 

Retrouvez ici le Webinaire Intervenants : Jean-Marie Bourgeois-Jacquet, ingénieur business développement chez APM, et Pierre BONO, directeur général chez FRD-Codem

  • Étapes clé de la préparation des fibres végétales
  • Réalité des composites biosourcés
  • L’automobile : exemple d'un marché utilisant massivement des composites biosourcés
  • Perspectives de développement dans d'autres secteurs applicatifs



Alimentation : Tendance au snacking « végétal », une place à prendre pour le chènevis 

« Les changements de mode de consommation liés à la recherche de gain de temps, notamment des plus jeunes générations, ont également impacté le marché du snacking, le faisant évoluer de gourmandise facultative et culpabilisante à prise alimentaire pratique et incontournable, faisant partie intégrante de l’équilibre alimentaire », souligne Béatrice de Reynal, nutritionniste, dont l’agence NutriMarketing (alix@nutrimarketing.fr) a récemment réalisé une étude prospective sur le snacking. « Pour répondre aux nouvelles attentes des consommateurs pressés, les produits se sont adaptés tant par leur forme, toujours plus pratique, que par leur composition, plus simple, naturelle et saine. Ainsi, le périmètre des produits de snacking s’est considérablement élargi. Aux traditionnels chips, crackers, pop-corn, graines, confiseries, barres chocolatées, biscuits et soft drinks, viennent s’ajouter des yaourts, compotes, fruits et légumes. Avec les tendances actuelles vers la végétalisation de l’alimentation, les consommateurs sont en recherche de snacks plus sains, moins sucrés et salés, moins gras, mais aussi, riches naturellement en protéines : par cet aspect, la protéine de chanvre et le chènevis décortiqué, qui ont naturellement un bon rapport Oméga 6/Oméga 3, ont toute leur place. En outre, leurs saveurs sont très agréables et ne présentent pas d'arrière-goût comme certaines autres protéines végétales.»



Textile : Un premier label pour le chanvre cotonnisé durable 

Le chanvre peut être utilisé soit en fibres longues comme le lin pour obtenir un tissu 100 % chanvre ou en fibres cotonnisées pour être mélangé à hauteur de 20 à 30 % à d'autres fibres (coton, polyester, viscose, …). « À la demande de grandes marques comme Levis, Tommy Hilfiger …, nous avons élaboré un cahier des charges pour produire du chanvre cotonnisé et durable », explique Denis Druon de The Fax Company, structure qui fait le lien entre producteurs de matières premières (lin, chanvre…), filatures et grandes marques de vêtements. Un label a été créé pour certifier la durabilité des fibres de chanvre "France Hemp Fibers*" par InterChanvre. Ce chanvre certifié issu de différentes chanvrières est ensuite transformé dans une usine près de Dunkerque, de façon mécanique et sans eau, donc durable, pour lui donner des caractéristiques semblables à celles du coton. Il est ensuite livré à des filatures de coton pour être mélangé à d'autres fibres. La certification des chanvrières sur la qualité de leurs fibres ajoutée à la certification de l’usine de cotonnisation a permis à la qualité de chanvre cotonnisé « Marmara Original » d’être la première fibre de chanvre certifiée durable. De son côté, La Chanvrière planche sur un second label de chanvre cotonnisé durable qui sera prêt pour la récolte de chanvre 2021. Il offrira une traçabilité de toute la filière, du champ de ses producteurs à la fibre cotonnisée, et répondra aux attentes de ses clients (transformation 100 % mécanique, respect de l'environnement et des droits de l'homme).
*Marque déposée en cours de validation.



Sur le terrain

Des semis perturbés par la pluie et le froid de mai 

« J'ai semé mon chanvre le 29 avril au lieu de la date habituelle du 8-10 mai car les sols étaient bien réchauffés et une semaine de beau temps était annoncée, ce qui est favorable à une levée rapide », explique Jean-Michel Glémot, producteur en Ille-et-Vilaine pour AgroChanvre. « Du 8-10 mai jusqu'à 26 mai, les petites pluies continuelles et les températures basses ont ensuite stoppé les semis. » Pour que le chanvre puisse lever facilement, la température du sol doit en effet être supérieure à 10 °C. C’était le cas fin avril, mais pas vraiment entre le 8 et le 26 mai, date à laquelle près de 50 % des surfaces n’étaient toujours pas semées. Grâce au beau temps de fin mai, au 1er juin tous les semis étaient terminés en Ille-et-Vilaine et en Mayenne. Chez Jean-Michel Glémot, le chanvre, qui a levé en 5-7 jours, était au stade quatrième paire de feuilles le 26 mai et lui arrivait au genou le 1er juin (photo). « Nous observons également des problèmes récurrents de dégâts de pigeons dans la région. Depuis plusieurs années, j'utilise des sacs bleus suspendus à 1,40 m du sol avec des ballons de baudruche à l'intérieur pour effrayer les pigeons pendant les quatre-cinq jours nécessaires à la levée du chanvre jusqu’à la 1e paire de feuille. »



Economie

Le chanvre vise le Label Bas Carbone 

Dans le but de contribuer au Label Bas Carbone (LBC) pour les grandes cultures, InterChanvre a missionné l’Inrae afin d'évaluer les capacités de séquestration de carbone induites par la culture du chanvre. Ce travail a pour objectif de fournir les données complémentaires au modèle SIMEOS-AMG (Outil de modélisation des teneurs et stocks en carbone organique des sols). Les chanvrières seront donc mobilisées pour déterminer les itinéraires et rotations types caractérisant leur bassin de production pour ajuster les données à la réalité du territoire et à ses conditions pédoclimatiques. Le rapport de l’Inrae est attendu pour septembre.



Réglementation

CVO : La stratégie d’InterChanvre validée 

La stratégie formalisée dans le nouveau Plan filière chanvre et le plan d’actions de l’interprofession InterChanvre ont été à nouveau validés par le Ministère de l’agriculture pour trois ans (jusqu’en 2023). Voici le nouvel arrêté.



Cannabis médical : lancement de Santé France Cannabis 

L'association Santé France Cannabis créée par Interval et CanMed pour structurer une filière de production de cannabis médical a été lancée officiellement le 10 mai dernier. Elle rassemble l'ensemble des acteurs représentatifs de cette future filière dont les producteurs de chanvre via la coopérative Interval. Son objectif est de permettre la mise en place d’une filière française de production de cannabis thérapeutique en engageant dès maintenant un dialogue de confiance avec les autorités publiques. L'État souhaite une concertation afin de définir un cahier des charges pour la production de cannabis médical. InterChanvre soutient Santé France Cannabis pour s'assurer que la production puisse bénéficier également aux producteurs. A noter que le décret autorisant l'expérimentation sur la production de cannabis médical est en cours de validation.



Exploitation des fleurs et du CBD : seulement en 2022 

La France va autoriser la récolte des fleurs de chanvre mais les textes réglementaires ne seront en vigueur qu’à partir de la récolte de 2022. Le cadre légal et la sécurisation de la production doivent être annoncées très prochainement par les services du Premier ministre et le ministère de l’agriculture. Le nouvel arrêté remplaçant celui de 1990 qui limitait la valorisation du chanvre aux seuls fibres et graines devrait prévoir l’autorisation de la culture, la récolte et l'utilisation industrielle de toutes les parties du chanvre. Avant d’être publié, les textes règlementaires devront être notifiés à la Commission européenne pour une période de consultation d’un minimum de 3 mois permettant aux Etats membres de l’Union européenne et à la Commission d’émettre des observations ou des avis circonstanciés sur le contenu des arrêtés (les avis circonstanciés pouvant potentiellement entrainer une modification du contenu des arrêtés et un prolongement de la période de consultation). Nous ne savons toujours pas s’il y aura un ou deux arrêtés au moment de la rédaction. Par ailleurs, les institutions européennes devraient clarifier le statut non stupéfiant du CBD et définir les niveaux de THC autorisés dans les produits finis par débouché (cosmétique, alimentaire...). En revanche, les fleurs et les feuilles de chanvre ne pourront pas être commercialisées sous forme entière.



Au-delà des frontières

Le leadership du chanvre français exposé à la Commission Européenne 

La Commission Européenne organise régulièrement des Groupes de Dialogue Civil pour approfondir certains sujets. En 2021, deux sont dédiés exclusivement au chanvre : le 26 avril dernier sur ses différents débouchés et normalement à l'automne prochain sur les molécules qui en sont issues (CBD, THC). Le 26 avril dernier, sont intervenus Stéphane Borderieux au titre du Copa-Cogeca pour présenter les chiffres de la production de chanvre au niveau français, européen et mondial ainsi que le débouché alimentaire, Hervé Pottier, de Cavac Biomatériaux pour la construction, Jean-Marie Bourgeois-Jacquet d’APM pour la plasturgie et Nathalie Fichaux, directrice d’InterChanvre pour le textile. Ces interventions ont ainsi pu démontrer le leadership français du chanvre sur ces différents marchés en Europe.



Revue de presse

31/05/2021 TMC – Quotidien avec Yann Barthès :
Rencontre avec le plus gros fournisseur de CBD d’Europe.

27/05/2021 Le Moniteur :
Wall’up inaugure l’ère industrielle du béton de chanvre.

27/05/2021 Le Journal du Grand Paris :
Wall’Up préfa : une première usine de panneaux bois en béton de chanvre à Aulnoy.

19/05/21 Construction 21 :
Performance énergétique des bâtiments : une étude montre que le béton de chanvre consomme très peu d’énergie.

17/05/2021 Paris Match :
Levi's, le géant américain du denim mise aujourd’hui sur le chanvre cotonisé, une nouvelle matière à faible impact environnemental.

11/05/2021 Réussir :
Une association pour développer la filière française de cannabis médical.

07/05/2021 RTL :
Michel Cymès vante les bienfaits des graines de chanvre pour votre santé.

05/05/2021 LSA :
Boissons : des nouveaux ingrédients plus natures.

22/03/2021 La France Agricole :
L’interprofession alerte les producteurs de chanvre sur la récolte des fleurs.


Agenda

A venir

15 juin : 7e rencontre des filières textiles lin bio et chanvre à Creuly sur Seulles (Calvados).

Du 15 au 17 juin : Les Culturales organisées par Arvalis sur Terralab à Betheny près de Reims (Marne).

18 juin : Lancement de la boutique « Chanvre en Gâtinais » à Vallery (Yonne) : vente d’accessoires de mobilité (trousses et pochettes, chaussures, sac à dos de randonnée et de ville), des produits alimentaires (huiles, graines, confitures), des produits de décoration maison et des utilitaires de jardin.

25 juin : Ekopolis organise une conférence sur les matériaux biosourcés pour le lancement, entre autre, de son Atlas des acteurs biosourcés pour l’Île-de-France, une cartographie en ligne recensant plus de 250 entreprises des matériaux biosourcés au service des professionnels franciliens ! Une intervention de Construire en Chanvre y sera donnée.

Du 28 juin au 2 juillet : Journées Expertise et Construction du Cerib en visio-conférence (conférences de 30 min). Le jeudi 1er juillet de 9h à 9h30, Philippe Munoz interviendra pour Construire en Chanvre sur le comportement au feu des façades en béton bio-sourcé avec Christophe Tessier du Cerib.

Du 15 au 17 juillet : Forum Bois Construction au Grand Palais éphémère à Paris avec un panorama des réalisations Bois/Chanvre dans la session inaugurale présenté par InterChanvre/Construire en Chanvre.

14 et 15 octobre :Assemblée générale de Construire en Chanvre à Paris en présentiel pour un moment de convivialité.

Ça s’est passé

10 juin
Journée valorisation des matériaux biosourcés en Hauts-de-France organisée par le Codem « Du Biosourcé pour le bâtiment en Hauts-de-France : Vers la massification des solutions biosourcées pour la construction et la rénovation ». Cet événement a réuni plus de 250 personnes captivées par les conférences et ateliers.

27 mai
Inauguration de Wall'up à Aulnoy (77), la première usine de préfabrication de murs à ossature bois et béton de chanvre. Cet événement a réuni plus de 150 personnes. Retrouvez ici le replay de l'événement.

19 mai
Marjolaine Meynier-Millefert, députée de l’Isère, rapporteure de la mission d’information sur la rénovation thermique des bâtiments et membre du Conseil supérieur de la construction et de l’efficacité énergétique (CSCEE), est venue en Seine-et-Marne visiter en avant-première l’éco-quartier de Trilport en construction (photo) et Wall’up, la première usine de préfabrication de murs à ossature bois et béton de chanvre.

10 mai
Lancement de la nouvelle collection unisexe d’été 2021 « l’été́ en chanvre » d’Ifa sur sa e-boutique avec des vêtements 100% chanvre entièrement fabriqués en France.

 

Newsletter du Chanvre N°11 : mars 2021

Les Hommes de la filière

Pascal Mortoire, DG de La Chanvrière

Après un parcours dans plusieurs grands groupes agroalimentaires, notamment à l’international, Pascal Mortoire a pris la direction générale de La Chanvrière de l’Aube en 2016. « Ce qui m’a motivé : une plante porteuse de valeurs sociétales très intéressantes, un acteur majeur de la filière, et enfin la mission, à savoir développer des projets structurants pour la France et même l'Europe, précise Pascal Mortoire. Ces projets, ce sont d’une part d’identifier de nouveaux débouchés (textile, nutrition…) et construire la première chanvrière européenne, voire mondiale, en capacité pour positionner le chanvre comme un produit industriel important en sécurisant l'approvisionnement de nos clients industriels. L'essor du chanvre ne se fera que s’il offre des prix compétitifs afin d'être utilisé dans des produits de consommation courante (plats cuisiné, jeans, voitures…). » Après 28 M€ d’investissement, la nouvelle usine de La Chanvrière est entrée en fonctionnement fin février. Elle traitera à terme 90 000 à 100 000 t de paille de chanvre par an (contre 45 000 à 50 000 t auparavant) grâce à deux lignes de défibrage, trois lignes d'affinages (une première en Europe) et quatre lignes de conditionnement. Autre mission de Pascal Mortoire : la contribution au pôle européen du chanvre créé et animé par Benoit Savourat, président de la chanvrière. « L’objectif est de créer des synergies entre les acteurs locaux d'un territoire (recherche, traitement du chanvre, technologie...) qui connaissent bien le chanvre depuis longtemps et La Chanvrière, afin de développer toutes les utilisations possibles du chanvre au niveau européen pour créer des courants d’affaires supplémentaires. »



Les débouchés

Construction : Des immeubles sociaux en béton de chanvre

Le béton de chanvre n’est pas réservé qu’à la construction de maisons individuelles. Ce matériau innovant commence à être plébiscité pour des immeubles de plusieurs étages. BCB Tradical, fabricant de chaux et de béton de chanvre, intervient dans plusieurs projets d’immeubles pour des bailleurs sociaux en région parisienne. Deux sont en phase de finition : un immeuble R+5 pour Paris Habitat dans le 18ème à Paris et un second en R+8 pour Immobilière 3F à Boulogne-Billancourt, 1er immeuble R+8 en béton de chanvre. De nombreux autres projets sont en cours de discussion. « Chez les bailleurs sociaux, les choses sont en train d’évoluer en terme de choix de matériau de construction, explique Daniel Daviller, DG de BCB Tradical. Le béton de chanvre a été choisi pour son bilan carbone plus favorable, son confort d’été et sa durabilité plus importante que les matériaux traditionnels. Même s’il existe un surcoût éventuel à la construction en projection, les bailleurs misent sur les coûts d’entretien moindres et sur le long terme. Enfin, le confort et les économies d’énergie à l’usage pour les locataires sont également un argument de poids. »

Maître d’ouvrage : Paris Habitat
Maître d’œuvre : Barrault Pressaco
Bureau d’étude structure thermique : LM Ingénieur
Bureau d’étude économie : ALP
Bureau d’étude fluides : Atelux
Bureau de Contrôle : BTP Consultant
Coordonnateur SPS : Acor études
Entreprise générale : Tempère Construction

© photo : Richard Thomas


Construction : Succès de l'essai LePir 2 

L’essai Lepir 2 (résistance au feu du béton de chanvre) réalisé en octobre dernier par le Cerib est très concluant. Le rapport d’essai montre que :

  • l’enrobage de béton de chanvre permet de retarder la combustion des ossatures bois.
  • l’enduit extérieur évite toute inflammation du parement et reste présent pendant la durée d’essai (une heure).
  • la jonction façade rideau/plancher bois massif (CLT) reste étanche pendant tout l’essai.

Ces résultats sont obtenus sans avoir besoin de mobiliser de protection complémentaire au niveau de la finition intérieure. A partir de l’analyse fine des résultats et en reprenant les informations capitalisées sur l’ensemble du programme d’essais de résistance au feu, la conformité de la façade ossature bois remplie de béton de chanvre est justifiée dans le cadre de l’Appréciation de Laboratoire n°02090 pour une durée de 61 min. Cette conclusion fait l’objet d’une importante étendue du domaine d’application :

  • Possibilité d’augmenter l’épaisseur de la façade, les sections d’ossature et les hauteurs d’étages, de diminuer les espacements entre les montants et les entraxes des fixations façade/plancher.
  • Conclusions applicables :
    • pour tout couple validé de béton de chanvre « mur » et pour toute finition intérieure dans la limite des exigences réglementaires.
    • en configurations « façades rideaux » (planchers CLT, solivages ou béton) et « entre planchers » (planchers CLT et béton).
    • pour toutes menuiseries quelles que soient leurs positions (à l’exclusion de l’applique extérieure).

Les variantes autorisées au niveau des encadrements de fenêtre feront l’objet d’un travail ultérieur. Une large communication sur ces résultats a eu lieu le 19 janvier lors d’une conférence de presse qui a été relayée dans le cadre de nombreux articles (27 parutions référencées à ce jour : voir revue de presse en fin de newsletter).



Construction : Cavac Biomatériaux signe un partenariat avec Siniat 

Cavac Biomatériaux vient de signer un partenariat avec Siniat, un des leaders mondiaux de la fabrication de plaques de plâtre, autour de ses panneaux d’isolation à base de chanvre (Biofib’trio). « Ce partenariat valide pour les professionnels des systèmes constructifs permettant d'utiliser les matériaux biosourcés dans pratiquement toutes les habitations et tous les établissements publics, ce qui n'était pas le cas auparavant », souligne Hervé Pottier, DG de Cavac Biomatériaux. « Cela permettra de répondre à beaucoup de demandes de bureau d'études pour la construction de bâtiments publics. » Avec Biofib’Trio, Siniat pourra ainsi proposer une offre de matériaux biosourcés qu'il n'avait pas auparavant et ainsi accéder au marché de la construction biosourcée Pour Cavac Biomatériaux, c'est l'opportunité de développer les débouchés de ses panneaux d’isolation à base de chanvre. « Grâce ce partenariat, nous rentrons dans la cour des grands », conclut Hervé Pottier.



Construction : Un label maintenant disponible pour la chènevotte en vrac 

Déjà existant pour la chènevotte en sac, le référentiel pour labelliser la chènevotte en vrac est maintenant validé. Il précise les caractéristiques à atteindre par le produit telles que la masse volumique, la granulométrie, le taux d’humidité, le taux de poussière, la couleur... Du granulat de chanvre labellisé va maintenant pouvoir être livré en vrac aussi bien chez les industriels que chez les poseurs. Cela signifie plus de sacs plastiques ni de palettes en bois, comme c'est le cas pour le granulat de chanvre en sac. L'empreinte carbone du produit est ainsi réduite. C’est un avantage vis-à-vis de l’éco-taxe prévue par la loi Economie Circulaire du 10 février 2020 applicable dès janvier 2022. Elle comprend des obligations concernant la gestion des déchets sur les chantiers. La labellisation de la chènevotte en vrac est aussi techniquement la solution d'avenir pour massifier les volumes d'utilisation du granulat de chanvre. C'est la phase incontournable pour améliorer le système de mécanisation de la pose du béton de chanvre pour qu’il soit accessible à plus de poseurs. Dernier avantage : le vrac favorise l'utilisation de la chènevotte sous label dans la préfabrication.



Textile : Des masques anti-covid en chanvre 

GéoChanvre propose des masques anti-covid en chanvre à usage unique, bio-compostables, conformes à la catégorie UNS 1 avec 98 % de filtration et 100 % Made in France grâce au chanvre français. L’entreprise apporte ainsi une réponse innovante à la problématique des déchets générés par les masques jetables. GéoChanvre a déjà vendu 1,5 millions de masques : les collectivités et les entreprises ont été séduites par cette solution qui commence à faire des adeptes auprès des particuliers. Un modèle pour les enfants à partir de 6 ans est également proposé. Basée dans l’Yonne, Géochanvre est une entreprise spécialisée dans la conception et la fabrication de toiles en fibres naturelles françaises. Le chanvre est produit par EuroChanvre à moins de 200 km de son usine. Géochanvre produit elle-même le feutre, grâce à son procédé breveté, qui permet de lier les fibres de chanvre uniquement avec de l’eau sous pression. Ce procédé permet de produire un non tissé sans liant, sans colle, sans additif. Pour répondre rapidement à la demande, Géochanvre a investi dans des machines de découpe laser lui permettant ainsi de produire 5 000 masques par jour.



Alimentation : quatre chanvrières certifiées Chènevis français 

Les quatre chanvrières (Cavac, EuroChanvre /Interval, La Chanvrière et Planète chanvre) auditées en novembre et décembre dernier par l’organisme indépendant de certification Ocacia ont toutes obtenu le label « chènevis français ». Ainsi, elles garantissent le zéro phyto, l'origine et la traçabilité de leurs graines.

Pour d'informations, accédez au PDF



Alimentation : des recettes avec du chanvre pour la restauration collective 

Cinq semaines de menus pour la restauration collective (scolaires et seniors) contenant des recettes utilisant le chanvre (huile, graines, protéines) ont été élaborées par le docteur en nutrition Béatrice de Reynal pour InterChanvre. Ces menus accompagnés de quinze recettes complètes intégrant du chanvre et des recommandations pour les diététiciennes ont été envoyés en février à toutes les chanvrières. Objectif : apporter des solutions aux collectivités locales pour la mise en application de la loi Egalim au 1er janvier 2022. Les chanvrières n'ont plus qu'à proposer ces menus et recettes sur leur territoire pour développer une restauration collective saine et locale. Exemples de recettes : nuggets de blé, petits pois, lentilles corail au chènevis & huile de chanvre, tofu de chanvre, pesto d’ortie au chanvre, chou-fleur au chènevis et huile de chanvre...



Sur le terrain

Réduction de l’aide couplée pour le chanvre 

Pour la campagne 2020, le montant unitaire de l'aide à la production de chanvre a été fixé à 96 euros par l’arrêté du 2 février 2021. Pour mémoire, il était de 112 € pour la campagne 2019 et de 96,5 € en 2018. Le montant global dédié au chanvre est constant et se répartit sur les surfaces françaises : plus il y a de surfaces, moins le montant de l’aide couplée à l'hectare est élevé.



Economie

Recherche de valeur ajoutée : l’étude FRD se poursuit 

Une valorisation potentielle du chanvre pour le CBD pourrait consister à récolter uniquement les inflorescences des plantes et à conserver la paille pour d’autres valorisations. La première étude de FRD réalisée en 2020 sur deux territoires (Ouest et Est de la France) et deux variétés a permis de qualifier les matières premières (CBD, THC, chènevotte et fibres) d’un chanvre récolté à trois stades de la floraison. Si la qualité du CBD avec seulement 0,04% de THC et de la chènevotte issus de ce chanvre permet de les utiliser sur tous les marchés traditionnels, il n’en est pas de même pour la fibre qui est encore en pleine formation à ce stade de la culture. En 2021, l’étude va se poursuivre pour étudier la qualité de toutes ces matières premières au stade fin floraison + 10 à 15 jours.



Réglementation

La récolte des fleurs est toujours interdite 

Un certain nombre de formations sont proposées aux producteurs de chanvre (à des coûts non négligeables) pour produire des fleurs de chanvre. InterChanvre rappelle que, pour l’instant, il est toujours interdit de récolter les fleurs de chanvre en France tant que le nouvel arrêté qui doit remplacer celui de 1990 n’est pas sorti. Sa rédaction est en cours et coordonnées par la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (MILDECA). Nous recommandons donc aux producteurs d’attendre pour tout type d’investissement. Nous vous informerons de la sortie du nouvel arrêté, a priori à la fin du 1er semestre, via les réseaux sociaux d'InterChanvre (FaceBook, Linkedin et Twitter).



L'expérimentation sur le cannabis médical vient de démarrer 

L’expérimentation du cannabis médical (CBD, THC) démarre en France ce mois-ci. Les formations officielles et obligatoires à la prescription du cannabis médical sont validées et disponibles sur le site de l’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé). Plus de 4 500 professionnels de santé vont être ainsi formés, un dispositif unique et indispensable pour assurer aux patients une accessibilité réelle à ces produits pharmaceutiques.



Au-delà des frontières

Les écho-régimes de la future Pac : une opportunité pour le chanvre ? 

Dans le cadre de la future Pac, le 14 janvier dernier, la Commission Européenne a proposé aux États Membres une liste indicative d’une cinquantaine d’éco-régimes possibles. Ce sont de nouvelles aides à l’hectare destinées à rémunérer les pratiques en faveur de l’environnement et du climat, allant au-delà des exigences actuelles fixées par la conditionnalité. Leur contour n’est pas encore complètement figé car il fait notamment partie des points actuellement négociés en trilogue au niveau européen. Les États Membres bénéficient d’une plus grande autonomie et sont appelés à rédiger un Plan Stratégique National (PSN) qui doit notamment participer à remplir les objectifs du Green Deal européen. Dans le cadre de ce PSN, les États Membres vont mettre en avant les éco-régimes et potentiellement les programmes opérationnels qui seront éligibles. En France, le PSN est en cours de rédaction, de même que les arbitrages notamment sur les bénéficiaires des programmes opérationnels et le type d’aides (à l’exploitation, à la parcelle) intégrées dans le dispositif des éco-régimes. Les éco-régimes ou les programmes opérationnels pourraient être des opportunités pour les producteurs de chanvre à usages industriels grâce à ses atouts environnementaux.



THC : le taux maximal autorisé en discussion 

Au niveau européen, le taux de THC maximal autorisé dans le cadre de la PAC est limité à 0,2%. Dans le cadre des négociations en trilogues visant à conclure la réforme de la PAC, cette limite doit encore être débattue. En effet, un compromis doit à présent être trouvé sur la base des positions arrêtées par chacune des institutions européennes à savoir :

  • un maintien du taux de THC maximal à 0,2% comme proposé par la Commission Européenne et validé par le Conseil
  • un passage du taux de THC maximal autorisé à 0,3% comme proposé par le Parlement Européen.

Les négociations sur ce sujet sont traitées dans le cadre des réunions de trilogues techniques par des représentants des trois institutions. La position finale des institutions devra ensuite être validée en trilogue politique (à plus haut niveau) avant d’être officiellement adoptée par les institutions européennes. L’objectif de la Présidence portugaise du Conseil est de conclure les négociations concernant la réforme de la PAC au premier semestre 2021. La future PAC n’entrera en vigueur qu’au 1er janvier 2023 après une période de transition de deux ans.



Revue de presse

Un certain nombre d’articles sont parus suite au rapport de la mission d’information parlementaire sur le cannabis. En voici quelques-uns :

Europe 1 - 10 février : LE DOSSIER DU JOUR - Pourquoi la production naturelle de CBD n'est pas (encore) autorisée en France.

Libération - 11 février : Cannabis du «bien-être» : les parlementaires appellent à la suppression de l’interdit.

LeMonde.fr - 11 février : Sur le CBD, des députés veulent faire une fleur à l’industrie du cannabis.

France Bleu Moselle – 11 février : Vente de CBD, le cannabis "bien-être", en France : le député Ludovic Mendès dénonce une situation "ubuesque".

France Inter – 11 février : Caroline Janvier : "Le cannabis bien-être ne contient que du CBD qui est un relaxant"


Suite à la conférence du 19 janvier sur l’essai Lepir 2, de nombreux articles sont parus dans la presse nationale et régionale.

Construction Cayola - 19 janvier : Cerib : résultats de l’essai au feu sur une paroi de béton de chanvre

L’Echo Républicain - 20 janvier : Le Cerib avait réalisé des tests de résistance au feu en octobre.

Batirama - 21 janvier : Béton de chanvre : la construction biosourcée passe avec succès les essais au feu.

Batiweb - 21 janvier : Béton de chanvre : des essais au feu concluant.

Construction 21 - 21 janvier : Béton de chanvre et feu de façade : retour d’expérience sur le comportement au feu.

Batiweb - 22 janvier : Béton de chanvre : des essais au feu concluant.

Usine Nouvelle - 23 janvier : En prouvant sa résistance au feu, le béton de chanvre vise des bâtiments plus hauts.

Le Moniteur quotidienne + Flash Info - 27 janvier : Passage du feu : le béton de chanvre relève le défi haut la main.

Agra Fil - 29 janvier : Biomatériaux : vers un débouché élargi pour le béton de chanvre après un test réussi.

AGPB - 29 janvier : Biomatériaux : vers un débouché élargi pour le béton de chanvre après un test réussi.

Batiweb - 1er février : Béton de chanvre : des essais au feu concluants.

Agra Presse Hebdo - 1er février : Le béton de chanvre gagne de la hauteur.

Terres et Territoires – 2 février : Biomatériaux : vers un débouché élargi pour le béton de chanvre après un test réussi.

Le Moniteur Hebdo Technique et Construction durable – 2 février : Passage du feu : le béton de chanvre relève le défi haut la main.

Réussir - 3 février : Les débouchés du béton de chanvre dans la construction élargis grâce à un essai au feu réussi.

Batiweb - 3 février : Béton de chanvre : des essais au feu concluants.

Horizons Centre Île-de-France - 5 février : Centre d’essais au feu : résistance au feu d’une paroi de chanvre.

L’Exploitant agricole - 5 février : Test réussi pour le béton de chanvre.

La Moselle agricole - 5 février : Biomatériaux : vers un débouché réussi pour le béton de chanvre.

Batiweb - 5 février : Béton de chanvre : des essais au feu concluants.

Batimag - 8 février : Le béton de chanvre passe l’épreuve du feu.

L’Agriculteur provençal - 12 février : Le Béton de chanvre gagne de la hauteur.


Agenda

A venir

18 mars 2021 (11h-12h30) : Webinar sur la rénovation de bâtiments en matériaux biosourcés co-animé par le CODEM, Biofib’isolation et Toerana Habitat. Programme : présentation du « Guide de la rénovation à l’aide de matériaux biosourcés » du Codem, Retour d’expériences et illustrations de chantier. Inscription par email auprès de Stephane Lagreve.

8 avril 2021 (10h-12h) : Webinar sur le thème « fibres naturelles et plasturgie » co-animé par FRD et APM. Au programme : Étapes clé de la préparation des fibres végétales, Réalités des composites biosourcés, Exemple d’un marché utilisant massivement des composés biosources (chanvre) : l’automobile, Perspectives de développement dans d’autres secteurs applicatifs. Inscription par email auprès de Antoine Gasparutto.

5 mai 2021 : inauguration de Wall up à Aulnoy (77) avec la participation de la présidente de la région Ile de France, Valérie Pécresse.

10 juin 2021 : Journée valorisation des matériaux biosourcés en Hauts-de-France organisée par le Codem. Intervention de Daniel Daviller de BCB Tradical sur l’exemplarité de la structuration de la filière béton de chanvre. Inscription par email auprès de Guillaume Delannoy.

L'Assemblée Générale de Construire en Chanvre initialement prévue en juin est repoussée le 14 octobre et la matinée du 15 pour espérer la tenir physiquement en région parisienne.

15 au 17 juin 2021 : Les Culturales d’Arvalis auront lieu sur la plateforme Terralab à Betheny près de Reims (Marne). Un espace dédié au chanvre sur le stand de Terres Inovia permettra de découvrir la culture et les évolutions réglementaires sur place.

30, 31 août et début septembre 2021 : Forum International Bois Construction au Grand Palais Éphémère en bois à Paris.

 

Newsletter du Chanvre N°10 : novembre 2020

Les Hommes de la filière

Luc Van Nieuwenhuyze, animé par la formation à construire en chanvre

Luc Van Nieuwenhuyze s'installe en tant que plâtrier en 1984 et travaille pendant dix ans sur des bâtiments neufs. « En 1994, j’ai suivi une formation sur le bâtiment ancien qui m’a amené à découvrir les techniques de construction avec des matériaux biosourcés, notamment le chanvre », raconte-t-il. En 1998, il devient artisan chef d'entreprise pour la restauration et l'entretien du bâti ancien dans le Maine-et-Loire. « Dès 2004, au sein de Construire en Chanvre, avec cinq autres membres de l’association, nous avons élaboré une formation pour les formateurs de la construction en chanvre. » C’est le début de son implication dans la formation. Lui-même devient formateur, expert et conseil en bâtiment ancien en 2009. Depuis 2018, il participe à la Commission Formation de Construire en Chanvre aux côtés de Gérard Lenain et a piloté l’élaboration d’une formation pour la maîtrise d'œuvre proposée depuis fin 2019. Cette année, il a coordonné la rédaction du Tome 2 (technologies des chantiers en chanvre) du guide des bonnes pratiques. Depuis un an, il est missionné sur l’élaboration de la partie « formation au béton de chanvre » dans le cadre d’une opération du CF2B : la formation « Bâtisseur-euse Biosourcé ». En juin 2020 il est devenu co-président du CF2B. Le 6 octobre dernier, il est nouvellement élu au conseil d’administration de Construire en Chanvre aux côtés de Quentin Pichon. * Collectif des filières biosourcées du bâtiment



Les débouchés

Le chanvre textile classé « patrimoine immatériel »

Les savoir-faire du chanvre textile sont désormais classés à l’inventaire national du « Patrimoine culturel immatériel en France ». La fiche ci-jointe, à retrouver également sur le site du Ministère de la Culture, qui décrit tous ces savoir-faire peut être mise à jour chaque année si besoin.


Construction
Du béton de chanvre pour le nouveau site d’Hemp-it 

Occupé par les salariés depuis juillet 2020, le siège social d’Hemp-it (500 m² de bureaux plain-pied) fait la part belle au chanvre. « Les murs ont en effet été réalisés en béton de chanvre sur ossature bois, projeté sur place par LB Eco Habitat », explique Quentin Pichon de l’agence d’architectes et d’ingénieurs Can-ia qui a conçu le projet. 70 m³ de béton de chanvre ont été nécessaires. Toutes les cloisons intérieures sont isolées thermiquement et acoustiquement avec des panneaux Biofib’Trio (chanvre-coton-lin) de Cavac Biomatériaux. Les finitions sont réalisées avec un enduit chaux-chanvre en intérieur et un enduit sable-chaux et un bardage en bois en extérieur. Grâce aux propriétés hygrothermiques du béton de chanvre, la climatisation du bâtiment n’a pas été nécessaire. Côté chauffage, il dispose juste d'un appoint en cas d'hiver très froid. Le laboratoire (400 m² de plain-pied), dont la construction vient de démarrer cet automne pour une livraison en juillet 2021, sera doté des mêmes caractéristiques que le siège social excepté pour les finitions qui ne comporteront pas d’enduits.


Grand succès de l’Essai Lepir 2 

Après avoir prouvé qu’un mur en béton de chanvre sans finition peut résister quatre heures à des températures atteignant 1 200 °C en face exposée, d'où un classement EI 240 (Etanchéité Isolement), Construire en Chanvre a réalisé un essai LEPIR 2(1) le 16 octobre dernier au Cerib (Centre d’études et de recherches de l’industrie du béton). « Cet essai s’inscrit dans la continuité du programme d'essais au feu réalisés pour l’évolution des Règles Professionnelles avec le soutien financier du programme Pacte, précise Philippe Munoz, référent Construire en Chanvre pour ce programme. Une façade en béton de chanvre de 30 cm d'épaisseur, de 5,75 m de large et 6,55 m de haut (deux étages), avec une ossature bois noyée et une finition extérieure avec un enduit chaux-sable a été soumise à un feu très violent pendant une heure. « L’objectif était de voir comment se comportait la façade en termes de propagation des flammes, de vérifier que le feu ne se diffuse pas par la jonction entre la façade et le plancher entre les deux étages et de s’assurer que la température ne dépasse pas 180 °C sur la face supérieure de ce plancher ». Le 12 novembre dernier, la façade était toujours debout (photo ci-jointe). Dans un premier temps, le Cerib produira le rapport d’essai (attendu semaine 47) puis l'appréciation de laboratoire qui va décliner l'ensemble des situations pour lesquelles les résultats de cet essai seront applicables. La vidéo en accéléré réalisée par Construire en Chanvre et postée sur les réseaux sociaux a atteint plus de 35 000 vues ! Deux médias présents lors de l’essai (Le Moniteur et l'Echo Républicain) ont également relayé l'événement. Le Cerib communique aussi sur cet essai.
(1)Local expérimental pour incendie réel à 2 niveaux


Plasturgie
APM : une nouvelle stratégie pour développer l’usage des composites en chanvre 

« Pour développer l'utilisation de matériaux plastiques chargés en chanvre, il nous faudrait réaliser systématiquement une pré-étude complète pour chaque utilisation afin de valoriser les bénéfices apportés par le chanvre dans chaque cas et adapter le moule de fabrication de la pièce à ce nouveau matériau, ce qui n’est pas envisageable pour nous et surtout pour nos clients », explique Jean-Marie Bourgeois-Jacquet d’APM*. APM va donc proposer aux plasturgistes une matière composée de 60 % de chanvre (le NAFIBoost™) qu’ils pourront mélanger à leurs plastiques habituellement utilisés (polyéthylène ou polypropylène) pour obtenir un matériau incorporant de 10 à 20 % de chanvre selon leurs besoins. Les plasturgistes pourront ainsi s’approprier ce matériau en le testant et en l’adaptant à leurs contraintes. Cette nouvelle stratégie devrait faciliter le déploiement de l’utilisation des matériaux composites renfermant du chanvre. « Cela peut s'adresser à tous ceux qui utilisent actuellement du plastique et qui cherchent des matériaux plus vertueux. Les matériaux chargés en chanvre améliorent la rigidité des pièces et réduisent l'empreinte carbone de la matière finale. Si vous remplacez 10% de polyéthylène ou de polypropylène par du NAFIBoost™, vous diminuez d’autant le niveau d’émissions de CO2. » En proposant un matériau standard à 60 % de chanvre et en utilisant le principe de dilution, l'objectif d’APM est également d’en limiter le surcoût et rendre la technologie abordable à de nouveaux secteurs.
*co-entreprise d’Interval et Faurecia


Alimentation 
Des audits en cours pour les labels « chènevis français » et « fibre durable »

Du 12 novembre au 11 décembre, quatre chanvrières (Planète chanvre, EuroChanvre, Cavac et La Chanvrière) sont auditées par l’organisme de certification Ocacia pour obtenir la certification « chènevis français » lancée en février dernier et « fibre durable » lancée récemment pour répondre aux attentes sociétales. Le cahier des charges pour le label « fibre de chanvre durable » comporte les mêmes exigences que celui du « chènevis français » hormis celles concernant la transformation qui doit être entièrement mécanique, c'est-à-dire sans utilisation de chimie. Lors des audits de certification, l'organisme certificateur examinera donc le process de défibrage des chanvrières afin qu'elles obtiennent en parallèle la certification « fibre de chanvre durable ». Trois semaines à un mois seront ensuite nécessaires pour que les quatre chanvrières soient officiellement certifiées.


Mairie de Paris : bientôt du chènevis dans les assiettes ? 

Audrey Pulvar et Jacques Baudrier, adjoints à la Maire de Paris, ont été invité par InterChanvre à visiter Planète Chanvre le 13 novembre dernier pour découvrir les débouchés du chanvre dans le secteur du bâtiment et pour ses débouchés alimentaires via le chènevis. En effet, la Mairie de Paris souhaiterait incorporer du chènevis dans les menus de la restauration hors foyer (cantines scolaires, hôpitaux, Ehpad...) de la capitale. Béatrice de Reynal, nutritionniste, propose des recettes de plats incluant du chènevis décortiqué, de l’huile ou de la farine de chanvre fortement protéinée. Celles-ci seront présentées au conseil d’administration d’InterChanvre le 23 novembre pour validation avant diffusion. L’objectif d’InterChanvre est que chaque chanvrière fasse la promotion de ces recettes à base de chènevis auprès des collectivités de leur territoire pour faire entrer le chanvre dans leurs menus. Ainsi elles répondront aux exigences de la loi Egalim (incorporer au moins 50% de produits de qualité, durables et locaux), et aux recommandations du 4e Programme National Nutrition Santé (augmenter la ration des fruits à coque dont fait partie le chènevis).



Sur le terrain

2020 : une campagne atypique

Les rendements en graines et en paille devraient baisser de 10 à 20 % par rapport à la moyenne en raison de la sécheresse exceptionnelle. « De fin mars à fin septembre, nous avons eu seulement l'équivalent d'un mois de précipitations », rappelle Franck Barbier, président d’InterChanvre. Mais cela cache des disparités. En sols profonds, les rendements devraient rester quasi à l'identique tandis qu’en sols superficiels, ils pourraient chuter de 40 % environ. « Malgré tout, comparé à d'autres cultures de printemps pour lesquelles les pertes de rendement peuvent aller jusqu'à 60 %, le chanvre tire encore une fois son épingle du jeu. » Les graines ayant été récoltées en conditions sèches jusqu'au 23 septembre, la qualité est au rendez-vous. En revanche pour la paille, elle est plus hétérogène. « De la paille a pu être récoltée blanche jusqu'au 23 septembre pour les débouchés isolation et papeterie. Pour le textile et la plasturgie, les pailles soumises au rouissage ont reçu beaucoup de pluie en octobre. En revanche, lors de la première quinzaine de novembre, nous avons pu continuer de récolter ces pailles grâce à une météo exceptionnelle, ce qui est rare à cette époque. » En Seine-et-Marne et dans la Marne, un peu de sur-rouissage est observé sur les dernières récoltes. La Vendée est la région qui s'en sort le mieux à tous les niveaux avec des pluies très bénéfiques en août et une récolte de paille précoce avec un rouissage plus homogène.



Economie

CVO : montant en baisse et collecte directe

Le montant de la CVO (Contribution Volontaire Obligatoire) et le plan d’actions de la filière associé à ce financement sont renégociés tous les trois ans avec le Ministère de l’Agriculture après une présentation du bilan des trois années passées. C’est le cas actuellement sur la campagne 2020-2021. Jusqu’à présent, la CVO (0,70 €/kg de semence) était facturée aux producteurs par Hemp-it qui la reversait ensuite à InterChanvre.  La commission CVO d’InterChanvre a décidé pour les trois campagnes à venir de réduire la CVO à 0,60 €/kg. Les chanvrières adhérentes à l’UTC (Union des Transformateurs de Chanvre) prélèveront la CVO de leurs producteurs, contribueront à cette redevance et la reverseront directement à InterChanvre. La commission CVO a en effet décidé que les chanvrières pourraient prendre en charge un pourcentage de cette CVO, pourcentage que chacune pourra définir. Pour les chanvrières non-adhérentes à l’UTC, Hemp It poursuivra la collecte de la CVO pour la reverser à InterChanvre.


Plan de relance : InterChanvre prend position 

Dans le cadre du Plan de relance présenté par le Premier Ministre pour faire face à la crise économique, InterChanvre a diffusé au gouvernement et aux parlementaires une note de position au début de l’été afin de contribuer à cette relance durable de l’économie française. Elle s’articule notamment autour de trois débouchés du chanvre (la construction, l’alimentation et le textile) pour lesquels l’interprofession demande un soutien sous différentes formes afin de les développer. Les propositions de la filière ont été présentées auprès de différents conseillers ministériels suite au remaniement gouvernemental de juillet.
Si une part des sommes de ce Plan de relance sera distribuée sous forme de baisses d’impôts, d’augmentations d’allocations ou de subventions budgétaires directes, pour obtenir un certain nombre des montants alloués, les acteurs économiques devront déposer des dossiers dans le cadre d’appels à projets. Pour le secteur agricole, citons le soutien aux agroéquipements, à la structuration de filière et le déploiement d’un Plan protéine. Les guichets pilotés par le ministère de l’Agriculture doivent ouvrir en décembre. L’interprofession est à votre disposition pour vous présenter plus en détail les mesures du plan de relance.



Réglementation

La mission d'information parlementaire rend ses premiers rapports

Fin septembre, le rapport d’étape sur le cannabis thérapeutique est favorable à une modification du code de la santé publique pour autoriser la culture de variétés à taux de THC supérieur à 0,2% et la valorisation de la plante entière en vue d’un usage thérapeutique. Les députés reprennent les éléments mis en avant par InterChanvre lors de son audition du 3 juin : « cultivé « in door », c’est-à-dire en enceintes climatiques avec conditions contrôlées, le cannabis médical n’offrirait pas de revenu aux agriculteurs mais bénéficierait aux laboratoires. » A noter que pour avoir un retour d’une partie de ces bénéfices vers les agriculteurs, Interval souhaiterait réaliser cette production « in door » et s’est associée à un laboratoire et un distributeur pharmaceutiques au sein du consortium CanMed afin de créer une filière de production de « cannabis thérapeutique ».
Le 7 octobre dernier, InterChanvre et Hemp-it ont été auditionnées par la mission parlementaire dans le cadre du cannabis bien-être pour démontrer les capacités de la filière chanvre à mobiliser son savoir-faire pour valoriser l’inflorescence et à absorber une hausse de la demande en cas d’évolution réglementaire. L’interprofession a rappelé la nécessité de conserver un taux de THC maximal à 0,2% afin de ne pas nuire à l’image du chanvre. Le rapport d’étape de la mission parlementaire sur le cannabis bien-être doit être rendu fin novembre. InterChanvre demande également de ne plus parler de « cannabis bien-être » dans les rapports, mais plutôt des molécules comme le CBD.


La qualité des pailles récoltées à floraison en test chez FRD 

Une valorisation potentielle du chanvre pour le CBD pourrait consister à récolter uniquement les inflorescences des plantes et à conserver la paille pour d’autres valorisations. De ce fait, quelle pourrait être la qualité des fibres et des chènevottes contenues dans ces pailles récoltées à des stades encadrant la floraison ? Cette qualité va-t-elle convenir aux débouchés habituels ? Telles sont les questions auxquelles s’attelle actuellement FRD* à la demande d’InterChanvre. Des échantillons de paille ont été prélevés dans deux bassins de production distincts après une récolte au stade floraison. Les rendements en fibres techniques et en chènevotte ont été mesurés. « Pour les fibres, plutôt destinées aux secteurs du bâtiment, de la plasturgie et du textile, nous analysons actuellement les propriétés chimiques, morphologiques et mécaniques, précise Arnaud Day, directeur scientifique de FRD. La composition chimique de la chènevotte (utilisée dans le bâtiment ou comme litière) sera également analysée comme pour les fibres et complétée par la mesure de la densité apparente. » Les résultats de cette expérimentation seront connus fin novembre et transmis par InterChanvre à la mission parlementaire d’information sur les usages du chanvre et du cannabis afin de pouvoir apporter des éléments factuels de la valeur ajoutée possible.
* Fibres Recherche Développement



Au-delà des frontières

Réforme de la Pac : des points en discussion notamment pour le chanvre

Malgré la pandémie, les institutions européennes ont poursuivi les négociations sur la Pac. InterChanvre a donc pu organiser plusieurs rencontres notamment avec la Commission européenne, les députés européens mobilisés sur la Pac et les Représentations permanentes des pays pertinents à Bruxelles. Le Parlement européen et le Conseil de l’UE ont pu, chacun de leur côté, adopter une position la semaine du 19 octobre 2020. Désormais, ils vont entamer des négociations avec la Commission européenne afin de parvenir à un compris final sur les trois règlements de la Pac post-2020. Ces négociations démarrées le 10 novembre pourraient durer jusqu’au printemps 2021. Plusieurs points de divergences sont sur la table. Parmi ceux-ci : le pourcentage maximal de THC (0,3 % pour le Parlement et 0,2 % pour le Conseil comme proposé par la Commission Européenne) et l’inclusion du chanvre parmi les produits auxquels des normes de commercialisation spécifiques s’appliquent (proposée par le Parlement européen, à valider par le Conseil et la Commission). Les aides couplées feront également l’objet de discussions. Le pourcentage alloué aux aides couplées (15 % actuellement) pourrait rester identique. Le montant précis dépendra du budget de la Pac et de la répartition de ces aides par chaque Etat Membre.

Pixabay

Le chanvre, une opportunité pour le Green Deal 

L’UE a pour objectif d’être le premier continent neutre pour le climat avec des émissions nettes de gaz à effet de serre nulles en 2050 en rendant l’économie durable. Pour ce faire, l’UE a élaboré un Pacte vert (Green Deal) comportant un plan d’actions pour promouvoir l’utilisation efficace des ressources en passant à une économie propre et circulaire, restaurer la biodiversité et réduire la pollution. Tous les secteurs de l’économie devront passer à l’action. Pour l’agriculture, la stratégie Farm Fork (de la Ferme à la table) a été présentée en mai 2020 pour rendre les systèmes alimentaires plus durables. Des stratégies vont ainsi être élaborées pour chaque secteur. Dans un rapport intitulé « Le chanvre, une opportunité pour le Green Deal européen », InterChanvre a mis en avant les atouts du chanvre dans trois secteurs (construction, textile, alimentation) et émis des propositions pour y développer la part du chanvre. Pour obtenir ce document, vous pouvez le demander à contact@interchanvre.org



Revue de presse

France Inter 1er Novembre

Plein champ sur le chanvre pour découvrir les atouts alimentaires du chanvre avec notamment la présentation du dernier livre de Linda Louis de recettes à base de chanvre.


Site de l’Agence de l’eau Seine-Normandie Lin bio et chanvre, 8 octobre

« La Normandie berceau de la filière textile relocalisée ! ».


L’Ardennaise 25 septembre

« Utiliser le chanvre dans la construction, c’est possible ». Interview de Benoit Savourat, président de La Chanvrière.


La France Agricole 16 septembre

« Je diversifie l’assolement et mes revenus avec du chanvre », témoignage d’un producteur en Seine-et-Marne.


Le Monde Plan B
(reportages sur le terrain avec celles et ceux qui relèvent les défis environnementaux)
du 24 août

Pourquoi la France se remet massivement au chanvre ? Interventions de Franck Barbier, Benoit Savourat et Arnaud Day.


France 3 Hauts de France 9 juillet

En visite à l'usine Faurecia de Méru dans l'Oise jeudi 9 juillet, le ministre de l'Économie Bruno Le Maire a confirmé l'orientation verte prise par Emmanuel Macron au lendemain du second tour des municipales : "tous nos choix seront guidés par la volonté d'accélérer la transition écologique."



Agenda

Ça s’est passé

29 octobre : Assemblée générale de la CELC (Confédération européenne du lin et du chanvre) exceptionnellement sur une demie journée et en visioconférence.

6 octobre : Assemblée générale de Construire en Chanvre en visioconférence. Ont été élus ou réélus au conseil d’administration : Quentin Pichon, Nathalie Fichaux, Daniel Daviller, Luc Van Nieuwenhuyze et Mouloud Belhoui. Un grand merci aux deux administrateurs sortants : Jean Marc Naumovic et Claude Eichwald.

4 septembre 2020 : Forum et Concours d’Innovation EnergieSprong. Le projet Wallkite qui regroupe plusieurs acteurs et repose sur la préfabrication d’un mur manteau isolé en kit a été primé lors de ce concours. L’innovation principale repose sur la possibilité d’assembler le mur en kit au plus près du chantier et de réduire les impacts du transport de grands modules. Ce projet utilise un isolant thermo-acoustique bio-sourcé Biofib de Cavac Matériaux. Félicitations à Cavac Biomatériaux !

 

Newsletter du Chanvre N°9 : juillet 2020

Les Hommes de la filière

Franck Barbier, nouveau président d’InterChanvre

Après six années à la présidence d’InterChanvre, Dominique Briffaud passe le témoin à Franck Barbier élu lors du conseil d’administration du 18 juin dernier. Agé de 49 ans, Franck Barbier est producteur de chanvre en Seine-et-Marne et président de Planète Chanvre depuis 2018. Ingénieur agroalimentaire de l’Isara-Lyon, il s’est installé sur l’exploitation familiale en 2004 après avoir passé près de dix ans dans l’agro-alimentaire chez Mac Cain en usine et chez un industriel du secteur des biscuits sucrés, diététiques et biologiques en tant que responsable production. Au sein de Planète Chanvre, Franck Barbier gère la partie transformation et débouchés. « Mon expérience en industrie agro-alimentaire est complémentaire de mon métier d’agriculteur », précise le nouveau président.

© photo Alain Goulard

Créer de la valeur ajoutée

La présidence de Dominique Briffaud a permis de donner plus de visibilité à la filière avec la rédaction d’un premier Plan Filière fin 2017, l’organisation du 1er Congrès international du Chanvre (All Hemp) en février 2019 et de nombreux rendez-vous politiques tant au niveau français qu’européen. L’objectif de Franck Barbier est de capitaliser sur cette visibilité pour « créer et redistribuer de la valeur ajoutée aux producteurs et aux transformateurs de la filière chanvre dans son ensemble. 2020 est une année charnière pour positionner durablement le chanvre dans le Green Deal européen et le Plan de relance de l’économie française.»
Cet été, le nouveau président ira à la rencontre des producteurs en circuits courts en Bretagne et en Nouvelle Aquitaine pour connaître leurs attentes. Il rencontrera également les producteurs de semences d’Hemp it. Cet hiver, il présentera les actions d’InterChanvre lors des assemblées générales des chanvrières.


Sur le terrain

Les Lives de la filière chanvre

Depuis le 6 mai, InterChanvre a organisé huit Lives de trente minutes environ pour montrer la mobilisation des acteurs de la filière chanvre durant la crise sanitaire. Toutes les étapes de la chaîne de valeurs sont présentées au travers d’interviewes de spécialistes sur chaque thématique :

- le semis de chanvre avec Cédric Minet, producteur en Seine-et-Marne (6 mai)
Visualiser la retransmission (11 minutes).


- la production de semences avec Marc Sourdeau, agriculteur-multiplicateur (19 mai)
Visualiser la retransmission (19 minutes).


- la transformation du chanvre en biomatériaux chez Cavac Biomatériaux sur avec Hervé Pottier directeur (29 mai)
Visualiser la retransmission (23 minutes).


- la qualification des matières premières chez FRD avec Arnaud Day (8 juin)


- le chanvre alimentaire avec Béatrice de Reynal, nutritionniste (15 juin)


- le chanvre dans le textile avec Pascal Mortoire de la Chanvrière de l’Aube (25 juin)
Visualiser la retransmission (30 minutes).


- le chanvre pour la construction avec Quentin Pichon, ingénieur et architecte de Can-ia (29 juin)


- le chanvre pour la plasturgie avec Pierre Demortain et Jean-Marie Bourgeois-Jacquet d’APM (6 juillet)


Après une présentation de l’intervenant et de sa structure, chaque live s’est focalisé sur les atouts du chanvre pour le marché visé et les perspectives d’avenir. C’est une véritable opportunité de montrer le dynamisme et l’innovation de chacun des membres de la filière chanvre.
Ces Lives sont progressivement mis en ligne sur la chaîne YouTube d’InterChanvre. Vous pouvez déjà y retrouver les trois premiers Lives.

N'hésitez-pas à vous abonner en cliquant ici pour être informé(e)(s) des nouveaux épisodes disponibles.

Après la trêve estivale, de nouveaux épisodes vous seront proposés sur les autres débouchés et spécificités du chanvre.

Revue de presse

Actu.fr du 4 juillet 2020

Les agriculteurs des Fermiers de Loué cultivent le chanvre qui fera rouler les bus du Mans.
Article à visualiser en cliquant ici.


Agra 26 juin 2020

Le chanvre français prépare le virage de la fleur.


Hors-Série Sciences et Vie du 17 juin 2020

Le vrai pouvoir des plantes (77 stars de la phytothérapie au crible de la science) avec un zoom sur le cannabis médical (p 62-63).


Circuit Cultures mai-juin 2020

(p 24-25) : « Une plante magique en recherche de notoriété ».


Le Betteravier français du 28 avril 2020

(p 20) : Entretien avec Jacques Martin, président de la coopérative des multiplicateurs Hemp it « Les semences françaises de chanvre en plein essor ».


La France Agricole du 17 avril

le dossier « Un nouvel élan pour la chimie du végétal » réalise un focus sur le chanvre (p 46-47).


Agenda

Assemblée Générale de Construire en Chanvre : 6 octobre 2020 au 2-4 Impasse Lamier à Paris (11e)

Report du 10e Forum international Bois Construction (FBC) : prévu initialement du 14 au 16 avril 2020 avec un focus sur la construction en chanvre, il aura lieu du 15 au 17 juillet 2021 au Grand Palais Éphémère en bois en plein centre de Paris sur le Champs-de-Mars. La 11e édition se déroulera en avril 2022 à Nancy et Epinal.

 

Newsletter du Chanvre N°8 : 6 avril 2020

Les Hommes de la filière

Jacques Martin, producteur de semences et président d’Hemp-it

« La production de semences de chanvre existe sur l’exploitation familiale depuis 1976 », raconte Jacques Martin, producteur dans le Maine-et-Loire et Président de Hemp-it (coopérative des producteurs de semences). « Le Maine-et-Loire, où 1 500 HA de multiplication de semences sont implantées, fait partie de la zone protégée : le chanvre industriel y est interdit pour éviter toute pollinisation croisée. C’est un avantage concurrentiel que seule la France possède ! La production de semences certifiées de chanvre est vitale pour la filière européenne. C’est d’abord le premier maillon. En Europe, il n’existe pas de structures capables de fournir à la filière française les volumes et la qualité de semences nécessaires. La réputation de notre production est également reconnue hors de nos frontières. En 2019, nous avons exporté 70 % de notre production. Jusqu’en 2018, nous étions plutôt autour de 25 %. Nous misons aussi sur le développement du chanvre industriel en France. Hemp-it va se doter d’une nouvelle usine opérationnelle en 2021 qui pourra traiter 3 000 t de semences certifiées en complément des 2 000 t de l’usine actuelle qui est saturée ».


Les débouchés

Construction
Deux trophées régionaux de la bioéconomie

Wall’up et LB Eco Habitat ont reçu le Trophée régional de la bioéconomie respectivement en Ile-de-France et en Bretagne en février dernier. Récemment créée, Wall’up est constituée de deux chanvriers (Planète Chanvre et Gâtichanvre), trois spécialistes franciliens de l'ossature bois (Meha Charpente, Paris Charpente et Aux Charpentiers de France), de Christophe Lubert de LB Eco Habitat à l’origine du procédé et de Philippe Lamarque, président de Construire en Chanvre Ile-de-France. Une usine va être construite à Aulnoy (Seine-et-Marne) avec une capacité de production de 70 000 m² de panneaux préfabriqués en béton de chanvre. La pose du premier module est prévue en septembre 2020 pour un objectif de mise en service début 2021. Parallèlement, LB Eco Habitat a reçu le Trophée régional Bretagne pour sa technique de béton de chanvre préfabriqué et l’inscription de ce projet dans une logique de territoire (Terres de sources) avec du chanvre produit et transformé en Bretagne. Chacun des treize lauréats régionaux, dont trois autour du chanvre avec LCBio en Normandie (voir brève Débouchés textile ci-dessous), a participé au concours national.


L’Ecole du chanvre relance son MOOC 

Le MOOC (formation à distance) de l’Ecole du chanvre sur la construction en chanvre redémarre le 30 mars sur https://www.mooc-batiment-durable.fr/. Le formateur, Rémy Chorda, président de l’Ecole nationale du chanvre, est un artisan aguerri dans l'utilisation de ce matériau. Cette formation à distance et gratuite permet de mieux connaître les atouts et caractéristiques du mélange chaux-chanvre, les différentes possibilités d'utilisation, les supports admissibles, les techniques de mise en oeuvre et les règles professionnelles. D’ordinaire, la formation est découpée en quatre semaines avec un nouveau chapitre par semaine afin de rythmer l’apprentissage. En raison du confinement, le MOOC est entièrement ouvert dès le premier jour. Libre à chacun de le suivre en trois jours ou en trois semaines. Des ressources variées sont proposées : vidéos de cours, focus techniques animés et commentés, interviews, documents de référence sélectionnés ainsi que de nombreuses activités (exercices, quiz, débat, forum entre professionnels…).


Plasturgie
Le chanvre poursuit sa conquête de l’automobile 

APM, co-entreprise de l’équipementier automobile Faurecia et de la coopérative Interval, poursuit sa croissance grâce à la production de plastiques intégrant du chanvre, à destination de fabricants de pièces de structure pour l’automobile. L’utilisation du chanvre dans ce secteur est en plein développement. Grâce à ses propriétés thermo-mécaniques améliorées, la matière plastique NAFILean, qui intègre 20 % de chanvre, permet de réduire l’épaisseur des pièces et donc la quantité de plastique utilisée. Combiné à une densité réduite, NAFILean allège le poids des pièces jusqu’à 25%, réduisant ainsi l’impact environnemental des véhicules (voir graphique) Dès la fin 2020, APM commercialisera une nouvelle génération de matière plastique plus rigide (NAFILean STIFF), avec toujours 20 % de chanvre, pour deux nouveaux modèles de véhicule. Cette matière recyclable offre une alternative plus légère au polypropylène chargé en fibres de verre tout en gardant une rigidité similaire (3 500 MPa). APM propose également des matières combinant plastique recyclé et fibres de chanvre, toutes aussi performantes et vertueuses.


Textile
Le chanvre entre chez Ikea 

Après les premières chaussettes à base de chanvre vendues chez Décathlon depuis novembre 2019 (voir la news ici), le chanvre de La Chanvrière a conquis Ikea avec deux produits commercialisés depuis début 2020 : la housse de coussin Heddamaria et les rideaux Brandnäva réalisés avec 20 % de chanvre et 80 % de coton. « Nous avons cotonisé les fibres de chanvre avec un procédé 100 % mécanique, et non chimique comme en Chine, mis au point par notre R&D pour que celui-ci soit mélangeable au coton afin de produire des fils puis des tissus », précise Pascal Mortoire, directeur général de La Chanvrière. Les deux produits sont en vente dans tous les magasins Ikea et sur leur site web. « La housse de coussin et les rideaux sont composés d'un mélange de coton et de chanvre, sans teinture et non blanchi », souligne Ikea sur son site web. « Le chanvre apporte au tissu une texture irrégulière et douce au toucher, une beauté rustique et durable. »


Coup de cœur du jury pour le jean 100 % chanvre 

Le jean 100 % chanvre français de Lin et Chanvre Bio (LCBio) a reçu le prix du coup de cœur du jury des Trophées nationaux de la bioéconomie au SIA le 24 février dernier. L'association normande (https://linetchanvrebio.org/) souhaite relancer une filière chanvre textile français (de l'agriculteur au fabricant de vêtement) en s’appuyant sur la filière lin textile. Le chanvre est alors défibré sur ue ligne de teillage. Avec ce prototype, LCBio a prouvé la faisabilité d’un tel jean. Reste à trouver une solution mécanique pour couper les tiges de chanvre en deux longueurs d’un mètre et les paralléliser au champ pour un rouissage homogène. Des premiers tests avec une faucheuse chinoise modifiée ont donné de bons résultats. LCBio doit aussi prouver la rentabilité d’une telle production pour les filateurs, teilleurs et agriculteurs en travaillant maintenant avec deux tonnes de chanvre (et non plus 500 kg). Pour poursuivre ces objectifs, LCBio vient d’obtenir un financement de l’Agence de l’Eau Seine-Normandie pour deux années d’essai supplémentaires.


Sur le terrain

Naissance de Hemp it ADN

Créée en décembre 2019 et dédiée à l’innovation variétale, Hemp-it ADN est portée par Hemp-it (coopérative de producteurs de semences) et la FNPC (Fédération Nationale des Producteurs de Chanvre). Depuis 1960, la sélection variétale du chanvre est portée par les agriculteurs. Aujourd’hui, douze variétés sont proposées. « Pour en créer une nouvelle, huit à dix ans sont nécessaires », expliquent Jacques Martin, président de Hemp-it ADN et Stéphane Borderieux, président de la FNPC. « Notre objectif est d’accélérer cette création car elle est indispensable pour répondre à la diversification des débouchés du chanvre : fibres techniques pour l’automobile, le textile, chènevis pour le marché alimentaire… Aujourd’hui, seules deux variétés protégées sont très riches en fibres techniques. Il nous en faudrait plus, avec des caractéristiques répondant aux besoins techniques de chaque débouché. Nous devons également regarder les débouchés de demain comme celui du cannabis thérapeutique. Un comité d’organisation scientifique et technique a été constitué pour définir les priorités des activités R&D et innovation variétale à dix ans et mettre en place des programmes de sélection adéquats. »

© Cj.com

Semence de chanvre : une culture très technique 

En production de semences de chanvre, la faible densité de semis (1 à 1,3 kg/ha contre 40 à 50 kg/ha en chanvre industriel) implique un désherbage minutieux à l’aide d’herbicides pour maintenir la parcelle propre. Des essais sont en cours depuis trois ans, en collaboration avec la Fnams, pour tester la faisabilité du binage afin de supprimer l’usage des herbicides. Une surveillance des altises est également indispensable jusqu'à ce que la plante atteigne les 20 cm de haut (trois semaines après le semis). Pendant les trois à quatre semaines de floraison, les plants mâles (environ 10 % des plants) doivent être retirés manuellement afin d’obtenir des semences les plus pures possible. Cette pureté est contrôlée par la coopérative Hemp-it deux fois par semaine. Au moment de la récolte (septembre-octobre), la date optimale pour chaque parcelle est fixée par Hemp-it. Objectif : récolter avec un taux d’humidité compris entre 25 et 35 %. Les variétés riches en fibres sont plus difficiles à récolter que les autres. La récolte est séchée à part égale par les producteurs équipés et Hemp-it.


Nouveau guide culture du chanvre 

Le nouveau guide technique culture du chanvre de Terres Inovia est en cours de finalisation. Parmi les nouveautés, le périmètre de la culture sera étendu aux Dom-Tom. Le guide comprendra également une présentation d’InterChanvre et une partie prospective afin d’être complet. L’objectif est d’en faire un document de référence pour tous ceux qui se posent des questions sur le chanvre d’un point de vue technique.


Economie

Covid-19 : fonds de solidarité pour les entreprises impactées

Un fonds de solidarité, financé par l'État, les régions et les collectivités d'outre-mer, a été prévu pour les entreprises particulièrement touchées par les conséquences économiques, financières et sociales de la propagation de l’épidémie de covid-19 et des mesures prises pour limiter cette propagation. Sur demande, le fonds pourra octroyer une aide forfaitaire de 1 500 € (ou égale à la perte de chiffre d'affaires si celle-ci est inférieure) ou une aide complémentaire de 2 000 € si l’employeur (au moins 1 salarié) est dans l'impossibilité de régler ses dettes à 30 jours et s’est vu refuser un prêt de trésorerie par sa banque. A noter que les entreprises exerçant des activités dans le domaine de la transformation et de la commercialisation des produits agricoles ne peuvent céder, en tout ou partie, ces aides à des producteurs primaires. Détail du décret du 30 mars 2020 et de son application. L’Union européenne met par ailleurs à disposition 37 milliards d’euros provenant des fonds structurels et des fonds d’investissements européens afin de soutenir les Etats membres dans la lutte contre l’épidémie de COVID-19. Plus d'informations sur le site du gouvernement.


Charte d’engagement du chènevis français signée 

Le 24 février dernier, au SIA, la charte d’engagement du Label chenevis français a été signée par InterChanvre, la FNPC, Hemp-it, Hemp-it ADN, les chanvrières (La Chanvrière, InterVal, Cavac, GatiChanvre, Planète Chanvre, AgroChanvre) et Terres Inovia. Tous les signataires s’engagent à respecter le cahier des charges du label « chènevis français » dont l’objectif est de défendre l’origine et la qualité de la production française. Il comprend cinq engagements majeurs : une filière 100 % française de la production de semences à la première transformation, l’absence de traitement chimique en culture, une traçabilité de la semence à la seconde transformation, un investissement dans la R&D et le développement de nouveaux marchés, et enfin une production durable. Le logo du label « chènevis français » sera apposé sur le chènevis et les produits finis. Cette charte reste ouverte à tous les acteurs du chanvre qui souhaiteraient l’intégrer. Vous pouvez nous contacter si vous désirez obtenir le cahier des charges.

Charte du chènevis français


A quoi sert le budget de la CVO ? 

Depuis 2003, les actions d’InterChanvre sont financées par la Contribution Volontaire Obligatoire (CVO). Elle est actuellement de 0,70 €/kg de semences certifiées achetées. Elle sert à répondre aux quatre objectifs qu’ont fixé les producteurs (via la FNPC) et les industriels (via l’UTC) à InterChanvre : fédérer la filière et ses acteurs, assurer la représentation du secteur pour défendre la filière et ses acteurs, favoriser les actions de recherche et promouvoir les qualités environnementales du chanvre, de la filière et de ses marchés. Depuis un an, la priorité a été mise sur le lobbying et l’intelligence économique afin de défendre davantage les intérêts des producteurs et de développer de nouveaux marchés.

Cliquez ici pour obtenir plus d’informations sur la CVO.

Réglementation

RDV positifs avec les députés et la DG Santé

Le 29 janvier, InterChanvre a été auditionné par douze députés de la mission d’information « Réglementation et impact des différents usages du cannabis », particulièrement intéressés par les aspects écologiques de la filière chanvre. Plusieurs députés ont reconnu l’importance de ne pas déstabiliser la filière actuelle. Ils ont cherché à comprendre si les nouveaux usages liés au cannabis représenteraient une menace ou une opportunité. Le 28 février, InterChanvre a rencontré la Direction Générale de la Santé (DGS), rattachée au Ministère correspondant, dans le cadre de la mise en œuvre de l’expérimentation du cannabis thérapeutique par l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). Celle-ci prévoit 16 000 à 50 000 patients potentiellement bénéficiaires du cannabis thérapeutique en cas de généralisation de l’expérimentation. L’interprofession souhaite promouvoir une filière française dans ce cadre. Lors du lancement de l’expérimentation prévu en septembre 2020, le Ministère de la santé déploiera une communication sur le sujet pour faire de la pédagogie et expliquer que le cannabis ne sera autorisé que dans le cadre strictement médical. Le Ministère de l’agriculture, présent à ce RDV, a précisé que seule l’interprofession était représentative de la filière française du chanvre.


Au-delà des frontières

Pac : InterChanvre poursuit son action de lobbying

InterChanvre a pu rencontrer au premier trimestre tous les acteurs politiques ciblés avec le cabinet de lobbying à Bruxelles pour remplir les objectifs expliqués dans la newsletter précédente (y mettre le lien). Eric Andrieu (S&D, France), rapporteur sur le règlement « organisation commune des marchés »-OCM souhaite créer un club d’eurodéputés autour du chanvre, ainsi qu’une exposition, ce qui va permettre de faire de la pédagogie. En terme de calendrier, la nouvelle Pac pourrait être adoptée au Parlement européen au plus tôt en juin 2020. Cependant, avec la crise sanitaire actuelle et le Green Deal (pacte vert), il est possible que la transition dure une année de plus. Nous vous tiendrons informés via les réseaux sociaux en attendant la Newsletter de l’été.


Revue de presse

Plateau du GNIS au SIA « Semences Mag » le 25 février

Emission TV consacrée au chanvre et à tous ses débouchés (voir rubrique Agenda ça s’est passé).

Conférence de presse au SIA le 25 février

Intervention de Nathalie Fichaux, directrice d’InterChanvre, de Jacques Martin, président de Hemp-it et Yves Christol directeur d’Invo Food Tech sur les marchés du chanvre et les perspectives de développement d’une filière de production française du cannabis thérapeutique. Une trentaine de supports ont relayé l’information, principalement à partir de la dépêche AFP : Agra, Terre-net.fr, France 3 régions (Communiqué de presse à voir ici), Cannawee.com, Métro, Doctissimo, La Provence, Boursedirect.fr, La Croix ….


Agenda

A venir

11 et 12 juin 2020 : Assemblée générale de Construire en Chanvre, si c’est possible.

18 juin 2020 : Assemblée générale d’InterChanvre au siège à Paris.

15 au 17 juillet 2020 : 10e Forum international Bois Construction (FBC) à Paris (Grand Palais), initialement prévu du 14 au 16 avril 2020, avec un focus sur la construction en chanvre.

Ça s’est passé 
25 Février

InterChanvre au SIA sur le plateau TV du Village Semence du GNIS pour une émission consacrée au chanvre avec Nathalie Fichaux, directrice d’InterChanvre, Jacques Martin, Président de Hemp-it, Yves Christol, directeur d’InVivo Food & Tech et le député Jean-Baptiste Moreau. L’interprofession a rappelé que le chanvre, culture vertueuse sans pesticides et sans irrigation, offre plusieurs matières premières à valoriser (chènevis, fibre, chènevotte). L’ensemble des acteurs français demande de pouvoir expérimenter une filière de production du cannabis thérapeutique sous atmosphère contrôlée. Jacques Martin, président du semencier Hemp-it, précise « être prêts à développer des variétés françaises pour ces usages ».


 

Newsletter du Chanvre N°7 : décembre 2019

Les Hommes de la filière

Hervé Pottier à la direction de Cavac Biomatériaux

Depuis le 1er octobre 2019, Hervé Pottier remplace Olivier Jadeau (qui a fait valoir ses droits à la retraite) à la direction de Cavac Biomatériaux. Il dirigeait auparavant une entreprise spécialisée dans la distribution de matériaux de construction auprès des grandes surfaces de bricolage et des négoces. C’est en 2009 qu’il met un pied dans le chanvre. « Nous recherchions des produits d’isolation. Nous avions par ailleurs déjà des contacts dans le domaine des produits biosourcés. » C’est ainsi qu’il rencontre Cavac et les produits isolants BioFib. Dix ans plus tard, la passion qu’ont les acteurs de cette filière l’a poussé à postuler. « C’est aussi un retour aux sources (mon grand-père était agriculteur) et à ses valeurs. En entrant dans cette entreprise, j’ai pris conscience du savoir-faire humain et industriel et de l’importance des développements (notamment la multitude de débouchés). Mon objectif est maintenant d’accélérer le travail et d’être plus présent sur le marché de la fibre technique, le tout en assurant la traçabilité et la stabilité de nos produits.»


Les débouchés

Construction
Cavac Biomateriaux : dix ans déjà !

Cavac Biomatériaux vient de fêter ses dix ans. Tout est parti en 2009 de la volonté du groupe coopératif Cavac de créer une nouvelle filière basée sur le chanvre qui aille du champs au chantier. Ainsi naît Cavac Biomatériaux avec un investissement dans une unité de transformation (défibrage et nappage pour produire des isolants). En 2016, elle investit dans une nouvelle activité : la micronisation du chanvre sous forme de poudre ultrafine pour remplacer la charge minérale dans les mélanges résines/PVC de la plasturgie. Cavac Biomatériaux, c’est aujourd’hui 15 000 t de paille défibrée, 1,2 million de m² d’isolants (une production multipliée par trois depuis 2014). Une grande partie du chiffre d’affaires est réalisée par le débouché fibres pour l’isolation et le béton de chanvre. Ses autres débouchés : la fibre technique pour l’automobile et la papeterie, le paillage horticole et la litière, la plasturgie. L’entreprise a reçu cette année le Trophée national de la bioéconomie des mains du Ministre de l’agriculture.


Première toiture en béton de chanvre préfabriqué 

Nouvelle avancée pour la préfabrication en béton de chanvre avec la réalisation de la première toiture (80 m² sur 4 pentes) par l’entreprise Burg sur une maison d’habitation dans le Tarn et Garonne. « Dans notre région, les températures élevées en été rendent les combles isolées classiquement peu habitables sans climatisation », précise Dominique Burg, habitué au béton de chanvre. « C’est pour cette raison que j’ai proposé le béton de chanvre à ce client qui ne souhaitait pas de climatisation. » Une toiture en béton de chanvre nécessite des panneaux plus isolants et plus légers que des panneaux de murs. La charpente doit être un peu plus renforcée que pour une toiture classique. Dominique Burg, qui a aussi testé le béton de chanvre projeté, a finalement choisi la préfabrication pour ses multiples avantages. « La toiture est réalisée à l’abri dans les meilleures conditions et se monte très vite sur le chantier, mettant ainsi le bâtiment hors d’eau plus rapidement qu’une toiture classique. La préfabrication permet de gérer le séchage plus sereinement ; les autres corps de métiers peuvent ainsi intervenir très vite après la pose. Cette technique réduit aussi les risques sur le chantier vis-à-vis des ouvriers (moins de salariés en hauteur). »


Textile
Du chanvre dans les chaussettes Décathlon 

On note un réel regain d’intérêt de l’industrie textile pour le chanvre. Ainsi, depuis mi-novembre, dix magasins Décathlon vendent sous leur marque les premières chaussettes à base de chanvre. Une histoire qui a commencé en avril 2018 entre La Chanvrière (LC) et Décathlon. « Beaucoup de marques de textiles cherchent à réduire l’impact environnemental de leur production jugée très polluante », précise Olivier Robert, responsable commercial de LC. « Nous avons exposé les avantages environnementaux du chanvre comparé au coton. » Décathlon souhaitait alors connaître le comportement du chanvre dans le textile pour développer une nouvelle gamme de chaussettes. Celles-ci, dont le packaging arbore une feuille de chanvre, sont produites avec 68 % de coton, 15 % de chanvre et d’autres matières. La transformation du chanvre et la production du fil sont réalisées de manière 100% mécanique, sans chimie. « La R&D réalisée depuis six mois nous permet aujourd’hui d’intégrer jusqu’à 30 à 55% de chanvre. » La Chanvrière travaille sur le débouché textile depuis plusieurs années et de nombreux projets sont en cours d’aboutissement. « Décathlon va nous donner un bon coup de projecteur pour le développement du chanvre en textile. » Par ailleurs, l’Association Lin et Chanvre Bio a réussi à concevoir un jean 100 % chanvre et 100 % français (production du chanvre, filage, tissage et confection).


Alimentation
Bientôt un cahier des charges finalisé pour le label et une charte

Alexandre Aquilon, apprenti ingénieur agronome de Montpellier SupAgro, a intégré InterChanvre en octobre dernier pour développer le débouché alimentation humaine. Ayant passé quatre ans en médecine avant de bifurquer vers l’agronomie, il a l’avantage de bien connaître les aspects nutrition sur le plan scientifique. Il s’attelle en premier lieu à finaliser le cahier des charges « chènevis français » et à rédiger la charte d’engagement que devront valider la Commission Label et le Conseil d’Administration d’InterChanvre. Cette charte d’engagement constituera un véritable outil pour communiquer sur les atouts différenciants du chènevis français.


Un nouveau Plan Protéines imminent 

Selon le ministère de l’Agriculture, le nouveau Plan Protéines Végétales devrait sortir début 2020. Objectif : diversifier la sole afin de produire plus de cultures riches en protéines végétales et d’augmenter notre autonomie en protéines aussi bien pour l’alimentation animale qu’humaine. Pour la première fois, le chanvre est cité et reconnu pour sa richesse en protéines.


Sur le terrain

Trop de pluie pour la récolte de chanvre

Depuis fin septembre, les récoltes d’automne, notamment celle du chanvre, sont perturbées par une météo pluvieuse sans réel répit. Si fin novembre, le chènevis était récolté, la paille de chanvre attendait toujours de sécher pour être rentrée. Tous les bassins de production sont impactés sur plus ou moins de surfaces. « Il ne faudrait pas que ça dure encore deux-trois mois », souligne Dominique Briffaud, président d’InterChanvre. « Du vent d’Est et du froid pendant plusieurs jours seraient bienvenus pour que ça sèche. » La chènevotte va être rouie, donc d’une couleur marron et non plus blanche comme le marché le demande. Les chanvrières ont cependant des stocks de la récolte 2018 pour répondre à la demande de chènevotte de qualité. « Et il faudra certainement augmenter les surfaces en 2020 pour reconstituer les stocks. Quant à la chènevotte 2019, tant qu’elle n’est pas rentrée, difficile de faire des pronostics sur sa qualité et son débouché. »

Réglementation 

Cannabis thérapeutique : essais autorisés

L’expérimentation de traitements médicaux à base de THC ou de CBD sur des patients (3 000 a priori) souffrant de maladies graves et actuellement en impasse thérapeutique vient d’être autorisée. L’amendement déposé par le député Olivier Véran, neurologue de formation, a en effet été voté par l’Assemblée nationale et le Sénat début décembre. Pour que cette expérimentation soit effectivement lancée, le Gouvernement doit encore en organiser les modalités par voie réglementaire. Les molécules testées seront importées car leur production n’est pas autorisée en France. L’expérimentation doit durer deux ans. Si elle est concluante et si la réglementation française évolue concernant la production de ces molécules en France, une filière sera créée dans cet objectif.

CBD, THC, cannabis bien-être, thérapeutique, récréatif : de quoi parle-t-on ? 

Le CBD est une molécule non catégorisée en drogue par l’OMS, apportant une sensation de bien-être reposant. Elle est issue de la fleur de cannabis dont la récolte est interdite aujourd’hui en France. Le THC (ou tétrahydrocannabinol) est une molécule psychotrope (drogue) également issue de la fleur du cannabis. Le chanvre est une culture de plein champ sélectionnée génétiquement pour ne pas dépasser les 0,2% de THC (réglementation européenne). Les variétés autorisées sont inscrites dans le code de la santé publique. Seules les graines et les tiges sont autorisées à la récolte. Le cannabis bien-être ne contient que du CBD et 0% de THC dans le produit final. Comme il est issu des fleurs non autorisées à la récolte, la seule forme autorisée en France est sa forme synthétique. Le cannabis médical ou thérapeutique est constitué de molécules de THC et de CBD. Le ratio doit être adapté à chaque maladie ou douleur. Une vingtaine de pays au monde dont l’Allemagne, la Hollande, l’Angleterre et l’Italie le prescrivent. Le cannabis récréatif (majijuana, hashish) est une culture illégale de variétés à fort taux de THC dans les inflorescences. Les dommages sur le cerveau des jeunes (avant 25 ans) sont considérables (schizophrénie, paranoïa…). La France est le 1er pays consommateur en Europe.

RE2020 : un collectif pour les matériaux biosourcés 

Les acteurs des filières Bois, Biosourcés et Géosourcés pour le bâtiment (dont InterChanvre et Construire en Chanvre), et des experts du bâtiment se sont regroupés pour rédiger ensemble un courrier pour attirer l’attention des quatre ministères concernés sur trois points dans le cadre de la réglementation environnementale 2020 (RE 2020) en cours d’élaboration. Pour que les potentialités des solutions biosourcées puissent s’exprimer, le cadre légal et réglementaire doit prendre en compte leurs performances à leur juste valeur. Or, le calcul actuel de l’impact carbone des matériaux de construction présente un biais méthodologique défavorable aux matériaux biosourcés. Ils demandent également que deux dispositions clés soient mise en œuvre : la fixation de plafonds d’émission de carbone sur l’ensemble de la durée de vie du bâtiment au-delà desquels il n’est pas possible de construire, et un indicateur précisant la quantité de carbone stocké dans le bâtiment, assorti de niveaux minimum à atteindre.

Au-delà des frontières 

Pac 2020 et chanvre : où en sommes-nous ?

Rien n’est joué au niveau de la Pac 2020 et tout est encore possible pour la filière chanvre. La commission Environnement souhaiterait en effet ré-ouvrir quasiment tous les articles des trois règlements et notamment celui sur les plans stratégiques nationaux qui définit la politique environnementale de la Pac. La commission Agriculture et développement rural (AGRI) n’avait pas prévu une réouverture aussi large. InterChanvre, qui réalise un travail de lobbying à Bruxelles pour obtenir un certain nombre d’avancées, milite pour :

  • - le maintien du budget global de la Pac. Le résultat des négociations sur ce sujet dépendra notamment de l’accord sur le prochain budget global de l’UE.
  • - le maintien du dispositif actuel des aides couplées. Certains États Membres demandent sa suppression tandis que d’autres souhaitent une augmentation jusqu’à 23% de couplage. Un compromis proche ou égal au pourcentage actuel (15 % maximum) devrait être trouvé.
  • - le taux de THC dans le chanvre industriel limité à 0,2%. Pour le moment, il n’y a pas de débat sur cet aspect au Conseil.
  • - le maintien des règles concernant l’importation de graines et de chanvre brut (article 189). La position actuelle des États membres est de les maintenir.
  • - que le chanvre soit inclus parmi les produits auxquels des normes de commercialisation spécifiques s’appliquent.

Revue de presse 

De nombreux articles de presse papier et numériques ainsi que des émissions TV ont mis le chanvre à l’honneur ces deux derniers mois.

Novembre-Décembre 2019 : Bio Linéaire publie « Réglementation du chanvre dans les compléments alimentaires ».

Ça m’intéresse Novembre 2019 : « Les petits secrets du chanvre. »

Les Echos du 31 oct/vend 1er et samedi 2 nov : « Le chanvre prêt à décoller à la faveur de nouveaux usages. »

La Croix du 22 octobre 2019 : « En Vendée, le chanvre tient la corde », article publié suite aux 10 ans de Cavac Biomatériaux.

GEO et Sciences et Avenir du 9 octobre : « L’Ile de France, nouveau terrain de jeu du chanvre. »

9 octobre L’infodurable .fr : « La culture du chanvre pour fabriquer des écomatériaux de construction. »

22 octobre, la Chaîne Public Sénat publie un sujet sur le chanvre et les produits Biofib.

21 octobre sur BFM TV : « La culture du chanvre en plein boom en Ile de France. »

17 octobre sur France TV Télématin : « Gourmand, le chanvre en cuisine ! »

1er octobre L’Info.RE : « La Réunion positive au chanvre » au sujet de la mobilisation des agriculteurs pour lancer la filière chanvre dans l’île.

Agenda 

A VENIR

13 janvier 2020 : Etats généraux de la forêt et du bois en Ile de France à Pantin (93). InterChanvre et Construire en Chanvre Ile-de-France sont partenaires de cet événement. Pour vous inscrire https://docs.google.com/forms/d/19_Es6uGR_IMCWsbNUGix6lSuw7yYTf8-GVKAFZzMwCU/edit


Du 14 au 16 avril 2020 : 10e Forum international Bois Construction (FBC) à Paris (Grand Palais) avec un focus sur la construction en chanvre.


Ça s’est passé

24 novembre  : L’Espace éco-chanvre & fibres végétales a organisé la journée « Chanvre Saveurs-Santé » à Noyal sur Vilaine (35).


5 au 7 novembre : Congrès CELC (Confédération Européenne du Lin et du Chanvre) à Porto. Y ont été présentés le premier jean 100 % chanvre et français, ainsi qu’une étude d’intelligence économique sur la fibre textile de chanvre à l’international par le cabinet Gherzi. L’objectif était d’évaluer l’évolution du marché naissant du textile de chanvre. Pour le moment, la demande est plus forte que la capacité de production.


5 au 7 novembre : Grand succès pour le 1er sommet international de la construction biosourcée organisé par la Région Ile-de-France. Avec deux jours de conférence par des experts de niveau international et des témoignages d’élus, et une journée de visite en bus des réalisations en chanvre de la région, cet événement a mis en lumière les initiatives menées aux quatre coins de la planète. Deux temps forts : la remise du premier prix mondial des architectures contemporaines en fibres végétales et le lancement d’une communauté internationale sur la construction biosourcée.


29 et 30 octobre : Colloque européen sur la bioéconomie.


 

Newsletter du Chanvre N°6 : octobre 2019

Les Hommes de la filière

Christophe Latouche défend le chanvre comme ingrédient majeur et premium

Aujourd’hui dirigeant de L’Chanvre créé en 2002 dans les Côtes d’Armor, Christophe Latouche est tombé dans le chanvre en 1998 quand il a voulu se construire une maison écologique. Quatre ans plus tard, il se lance dans l’utilisation du chanvre en alimentation humaine, débouché qui n’existait pas en France. Il développe alors une gamme, composée d’huile alimentaire et de farine fortement protéinée. Puis il s’intéresse à la graine de chanvre décortiquée. Dans tous les cas, les produits sont réputés difficiles à conserver. « Nous avons sécurisé la production de chanvre pour obtenir une graine de haute qualité et mis au point des matériels spécifiques pour lever ce frein tout en ayant un rendement suffisant. » Résultat : huile et graines décortiquées se conservent un an. « C’est ce qui a tiré L’Chanvre vers le haut dès 2008. Aujourd’hui, nous sommes leader avec 150 t de graines transformées par an.» Troisième étape : créer une gamme de produits avec ces trois matières premières premium, comme ingrédient majeur et non comme argument marketing. « Je travaille notamment depuis 10 ans avec les coachs sportifs pour élaborer des produits répondant à leurs besoins spécifiques. » L’un d’eux (le Veg’Whey Kao) vient de se voir décerner le Trophée Argent Innovation Bio à Natexpo.


Les débouchés

Six étages en béton de chanvre

Un immeuble de six étages, construit en béton de chanvre projeté sur ossature bois, sera livré en fin 2019 à Paris (18e) pour quinze logements sociaux et deux commerces. C’est la première fois qu’un bâtiment de cette hauteur est construit en béton de chanvre. « Les règles professionnelles n’étant validées que pour des constructions à trois étages maximum, nous avons dû démontrer que ce bâtiment respectait l’ensemble des réglementations concernées, notamment en terme de sécurité incendie », précise Laurent Mouly du bureau d’études LM Ingénieur. « Pour développer la filière, nous allons devoir lever plusieurs verrous réglementaires. Mais l’expérience acquise sur des projets précédents permet d’apporter des garanties et d’élargir peu à peu l’utilisation du béton de chanvre. » «Notre chaux aérienne joue un rôle essentiel avec son taux de chaux libre très important (80%) », précise Xavier Héron de BCB Tradical qui a fourni le chanvre et la chaux. « Le béton de chanvre ainsi généré est de fait très léger (320 kg/m3) sur la structure et très performant sur le plan thermique et hygrique. »

photo Giaime Meloni

Alimentation : Kanna’bar, des barres énergétiques au chanvre 

Une toute jeune marque française fait le buzz avec Kanna’bar, une gamme de trois barres énergétiques et gourmandes au chanvre (abricot & chia, citron, et chocolat-banane) fabriquées dans un atelier à une heure de Paris. Chaque barre de 40 g contient 11% à 13% de chanvre et 7 g de protéines. Elles sont disponibles depuis début avril dans 400 Monoprix et Monop’ et depuis mai sur Kannabar.com. Le produit a rapidement conquis les consommateurs : la société a enregistré plus de 300 commandes en cinq jours à l’ouverture de son site marchand. Pour promouvoir le produit, une campagne digitale a été lancée début mai par Monoprix, notamment sur les réseaux sociaux Instagram, Facebook et LinkedIn. Plus de 100 animations seront organisées en magasin d’ici la fin d’année. Une sélection de 50 influenceurs présente également les produits à leur communauté. Kanna’bar prévoit de nouvelles références au chanvre d’ici la fin d’année.


Sur le terrain

Enquête culturale 2019 : à vos claviers ! 

Début octobre, les producteurs recevront de leur chanvrière le lien pour accéder en ligne à l’enquête culturale chanvre 2019 conduite par Terres Inovia. Ils auront jusque fin décembre pour y répondre. Une relance sera effectuée mi-novembre. L’enquête passe en revue l’ensemble de l’itinéraire cultural  : type de sol, rotation, préparation de sol, semis, fertilisation, désherbage, irrigation, récolte... Les producteurs peuvent également exprimer des souhaits de changement de pratiques, ce qui peut conduire par la suite à la réalisation d’essais. Une synthèse est réalisée par chanvrière, d’où la nécessité de disposer de réponses en nombre suffisant pour chacune d’elle. Les producteurs ayant participé à l’enquête pourront recevoir les résultats s’ils ont laissé leurs coordonnées. Ils peuvent ainsi se situer par rapport à leur zone de production. Cette enquête culturale, qui existe depuis plus de dix ans, permet aussi d’observer l’évolution des pratiques et l’impact des recommandations techniques, et de comparer les pratiques des producteurs récents avec les plus « anciens ».


Réglementation

Pac : la filière chanvre monte au créneau

InterChanvre initie un travail de lobbying à Bruxelles dans l’objectif d’obtenir la meilleure reconnaissance possible des atouts environnementaux du chanvre dans la prochaine Pac. En effet, les trois rapports adoptés en avril 2019 par la Commission européenne (dont deux intéressent InterChanvre) sont renvoyés en session plénière au plus tôt en novembre où les eurodéputés pourront déposer des amendements. Il est donc encore possible d’agir. Le 9 septembre, un RDV a déjà eu lieu avec le représentant permanent de la France auprès de l'Union européenne et deux eurodéputés de la Commission agriculture. Les 16 et 17 octobre prochains, plusieurs RDV sont également pris avec des eurodéputés. Défendre les aides couplées pour aider les producteurs est une priorité pour l’interprofession. Par ailleurs en France, InterChanvre a également engagé des actions de lobbying sur des dossiers franco-français.


Au-delà des frontières

Le chanvre maintient les Australiens au frais

Depuis trois-quatre ans, BCB-Tradical® vend des produits à base de chaux en Australie, notamment Tradical® ThermO son dernier-né, pour construire en béton de chanvre. « Les Australiens, particuliers ou institutionnels, en sont venus à ce type de construction pour ses atouts « résistance au feu » et « séquestration de carbone », raconte Daniel Davillier, DG délégué de BCB-Tradical®. Après quelques maisons construites de façon éparse, un éco-village a vu le jour il y a deux ans. « Les propriétaires viennent de passer leur première année dans leur maison. Leurs témoignages mettent en avant un troisième atout du béton de chanvre : le confort d'été. Quand il fait 45 °C à l’extérieur, leur intérieur reste à 25 °C sans climatisation. Cet atout n’avait pas été vraiment considéré au départ par les constructeurs car nous ne pouvions leur apporter de garantie par manque de références locales. Il va maintenant permettre de développer le marché de la construction en béton de chanvre dans les années à venir. »

photo BCB-Tradical®

Revue de presse

Le site web d’InterChanvre s’enrichit

Depuis cet été, la rubrique Actu/Presse du site web d’InterChanvre se dote de nouvelles sous-rubriques (lexique, FAQ et définition de sigles). Cette semaine, une carte de France interactive a été mise en ligne https://interchanvre.org/la_culture#carte_de_france. Désormais vous pouvez visualiser les surfaces de chanvre par département depuis 20 ans. Après avoir choisi l’année ou la période, les surfaces apparaissent en légende en passant la souris sur le département de votre choix. Le site est maintenant disponible en version anglaise directement pour les acteurs étrangers ou via l’onglet tout en bas de page du site français pour les acteurs de l’Hexagone.

Terres OléoPro met le chanvre à l’honneur 

Après une place de second au premier trimestre 2019, la chaîne YouTube de Terres OléoPro (avec les web-séries « Paroles de Terres » et « Puls’ ») a décroché haut la main la première place de la catégorie « services et biens de consommation courante » au second trimestre. Elle se propulse également 8ème du Top 500 toutes catégories confondues derrière Apple, l’Oréal et Bouygues Telecom. Un succès qui apporte une plus grande visibilité au chanvre puisqu’InterChanvre est partenaire de Terres OléoPro, la marque de la filière française des huiles et protéines végétales. Ensemble ils sont très impliqués dans la pédagogie au travers de vidéos révélant le travail des agriculteurs et différents acteurs de la filière chanvre. En effet, la saison 3 de Paroles de Terres a mis les projecteurs sur le chanvre avec la diffusion de quatre épisodes et de deux portraits sur le chanvre. Prochaines diffusions : « des logements en chanvre » le 15 octobre, et « des produits en chanvre » le 10 décembre qui abordera les débouchés hors alimentaire et construction.

27 septembre : Les débouchés du chanvre dans la construction et l’alimentation étaient au programme de La Quotidienne de France 5 mais en raison des grèves, le sujet de six minutes trente tourné fin août avec Construire en Chanvre Ile de France et Planète Chanvre a été reporté.

30 août : Dans son numéro sur la transition écologique, Alim’Agri, le magazine institutionnel du ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation, publie un article sur le chanvre et ses débouchés.

27 août : Dans son dossier Les Français et le bio, la newsletter du crédit agricole (créditagricole.info) met en avant les atouts environnementaux du chanvre pour le secteur de la construction.

19 juillet : Interview de Philippe Lamarque sur le chanvre dans la construction par Le Moniteur de Seine-et-Marne

17 juillet : « 8 bonnes raisons d’adopter le chanvre en cuisine » sur Femmeactuelle.fr


Agenda

A venir

11 octobre : Matinale de l’Ordre des Architectes d’Ile de France à Paris sur le thème « Des matériaux renouvelables pour des bâtiments durables » avec la chambre d’agriculture d’Ile-de-France pour les filières bois, chanvre et paille.

29 et 30 octobre : Colloque européen sur la bioéconomie organisé à Paris par l’Inra, l’Irstea et l’Ifpen en association avec les trois ministères français « Agriculture et Alimentation », « Enseignement supérieur, Recherche et Innovation » et « Transition Ecologique et Solidaire », ainsi que le Ministère Fédéral Allemand de l’Agriculture. Thématique : quels sont les besoins de recherche pour aller vers une bioéconomie durable qui intègre les limites finies de la planète ?

Ça s’est passé

1er octobre : Construire la ville-nature - Rencontres professionnelles du Pirmil-les-Isles près de Nantes
Objectif de ce projet : construire une ville responsable en matière de transition écologique. Plusieurs membres de Construire en Chanvre y ont participé activement. Affaire à suivre…


26 septembre : Cavac Biomateriaux a fêté ses dix ans. Nous développerons ce sujet dans la prochaine Newsletter du chanvre, mais nous pouvons déjà vous dire que cet événement fut fort en émotions.


24 septembre : au congrès HLM porte de Versailles, le Crédit agricole Immobilier a invité Christophe Lubert (accompagné de Sébastien Meha) à présenter la préfabrication en béton de chanvre..


20 septembre : Assemblée générale de Construire en Chanvre à Paris. Deux avancées à retenir : les caractéristiques du béton de chanvre lui permettent de demander le Titre V (reconnaissance des qualités du matériau à basses et hautes températures) ; le béton de chanvre peut également être éligible au classement El 240 (tests au feu avec une résistance de 4h réalisés dans le cadre du budget Pacte).


19 septembre : Le 5e colloque « Fibres naturelles et polymères » à l’UTT (Troyes) co-animé par APM et FRD a permis de faire un point complet sur les derniers développements dans l’utilisation des fibres naturelles dans le domaine de la plasturgie et des composites. Aujourd’hui un million de véhicules sont équipés de tableaux de bord en composite de chanvre.


11 septembre : L’assemblée générale de l’Union des transformateurs de chanvre (UTC) a fait la part belle à l’international avec des interventions sur les innovations potentielles pour le chanvre.


 

Newsletter du Chanvre N°5 : juillet 2019

Les Hommes de la filière

Christophe Lubert a conçu la préfabrication des murs en béton de chanvre

Gérant de l’entreprise LB Eco Habitat à Bédée (Ille-et-Vilaine), Christophe Lubert travaille le chanvre depuis près de 20 ans. Alors que le béton de chanvre est projeté sur les chantiers, l’idée de préfabriquer les murs germe dès 2004. « Les connaissances acquises au fil des ans, notamment sur les caractéristiques à bien surveiller pour que les panneaux supportent le transport, et l’acquisition d’un atelier en 2015 avec un pont roulant nous a permis de nous lancer. Cela s’est fait en partenariat avec le cabinet d’architecte Can-Ia. Le premier projet a été lancé en décembre 2016. Alors qu’en béton de chanvre projeté, nous ne pouvons travailler principalement que de mars à octobre en neuf, avec la préfabrication c’est possible toute l’année. C’est un gain de temps considérable, un bâtiment de 1 000 m² peut être monté en une semaine et sans générer de déchets sur place. » Depuis, deux projets ont vu le jour et d’autres sont en cours. « Il est important que l’entreprise maîtrise à la fois la production du béton de chanvre et celle de l’ossature bois. » Christophe Lubert est maintenant en pleine réflexion pour construire une usine sur Rennes.


Les débouchés

Construction : la filière dans les starting block pour les JO 2024

« La construction en chanvre a aujourd’hui dépassé le stade de la démonstration », souligne Philippe Lamarque, président de Construire en Chanvre Ile-de-France. « Elle a atteint la maturité avec ses deux techniques : la projection de chanvre sur chantier (filière humide) et la préfabrication des murs en béton de chanvre en atelier (filière sèche). » Les chantiers déjà réalisés ou en cours en Ile de France constituent une formidable vitrine pour promouvoir le chanvre dans le cadre de la construction du village olympique des JO 2024. Ainsi, à Bray sur Seine, un groupe scolaire de 1800 m² est actuellement en construction en béton de chanvre projeté sur ossature bois. A Trilport, la première pierre de 45 logements sociaux (2875 m²) vient d’être posée. Un consortium a également été créé récemment avec Planète-Chanvre, Gâtichanvre, Christophe Lubert et trois charpentiers franciliens. « Ce consortium est aujourd’hui capable de réaliser des murs préfabriqués pour tout type de bâtiments. En 2020, une usine verra le jour pour répondre aux commandes des promoteurs des JO 2024. »


Alimentation : un marché concurrencé 

350 t à 500 t de chènevis sont utilisées en France (contre 1 000 t en Allemagne) sous forme de graines, huile et farine ; s’y ajoute le volume utilisé dans les produits transformés difficile à estimer. Selon l’étude d’Ecozept pour InterChanvre, avec un marché alimentaire-santé en plein développement, il existe une réelle opportunité pour le chènevis en produits basiques et également en produits transformés, mais principalement en bio. La qualité du chènevis français s’améliore d’année en année et les transformateurs disposent d’un savoir-faire qui n’existe pas forcément dans les autres pays. Mais ils doivent faire face à la concurrence de l’Europe de l’Est et surtout de la Chine. En effet, si la France exporte plus de produits et de graines qu’elle importe, l’Europe importe au total 10 000 t de graines, surtout de Chine. Le process de décorticage chinois, breveté, permet d’obtenir des graines décortiquées de haute qualité et de la farine à 50-60 % de protéines, garantie sans gluten ni OGM, adaptée aux marchés vegan, bio ou casher. D’où l’importance pour InterChanvre de travailler au Label « Chènevis de France » afin de valoriser la production française et de garantir sa qualité.


Alimentation : le chanvre fait son cinéma 

Dans la saison 3 de Paroles de terres, la websérie de Terres OléoPro, l’épisode du mois de mai (N°15) est consacré au chanvre dans l’alimentation humaine. Corinne Heusèle, productrice en Seine-et-Marne pour Planète-Chanvre vous fait découvrir les vertus de l’huile et des protéines ainsi que les différentes possibilités d’utilisation. On y découvre également que la graine peut se manger enrobée de chocolat ou bien décortiquée pour l’apéritif. Planète-Chanvre propose d’ailleurs depuis peu de la graine de chanvre décortiquée.

Retrouvez cet épisode sur https://www.terresoleopro.com/paroles-de-terres/ (N°15).


Les 2e Trophées de la bioéconomie sont lancés 

Pour la deuxième année consécutive, le ministère de l’agriculture et de l’alimentation organise les Trophées de la bioéconomie. Ce concours doté de 20 000 € récompense des projets de filière valorisant des bioressources en substitution aux ressources fossiles. Les projets doivent s'inscrire dans l'une des trois catégories suivantes : biomatériaux, chimie biosourcée, bioénergies. Les dossiers de candidature sont à déposer dans les DRAAF avant le 15 octobre 2019. Les projets doivent offrir des débouchés innovants et non alimentaires avec des solutions abouties et favoriser la structuration de filière, en intégrant l'ensemble des étapes de l'amont à l'aval. Un lauréat sera désigné par région. Les lauréats régionaux concourront ensuite au niveau national où un lauréat sera désigné pour chacune des catégories.


Sur le terrain

Le chanvre, culture prioritaire de père en fils 

Chez Nicolas Jobard, agriculteur à Fresnay (Aube) et coopérateur de La Chanvrière, avec 50 HA sur les 300 HA que compte l’exploitation, le chanvre n’est pas une culture secondaire. Quand il s’installe en 2002, le chanvre, présent sur l’exploitation familiale depuis 1970, occupe déjà cette surface pour plusieurs raisons. « On peut en produire même sur des terres légères à cailloux où le tournesol et le maïs ne passent pas. Je peux ainsi l’implanter sur 90 % de mon exploitation. Il permet de bien gérer les adventices des cultures d’hiver (blé, colza, escourgeon). Après le chanvre, la parcelle est propre ; la marge brute du blé s’en trouve améliorée. Le chanvre permet de réduire l’usage des produits phytos. Autre intérêt : les pics de travaux (semis au printemps et récolte à l’automne) sont décalés par rapport à ceux des autres cultures. D’un point de vue économique, avec une moyenne de 5 à 6 t/ha de paille et de 8 à 13 q/ha de chènevis, le chanvre fait largement aussi bien que le colza même avec le surcoût en charges de mécanisation. De plus, il n’est pas trop lié aux cours mondiaux (sauf pour le chènevis), ce qui permet de compenser les cours du blé et du colza quand ils sont bas. Cette culture est une vraie opportunité pour nos régions intermédiaires ! »


Le site de Terres Inovia fait peau neuve 

En mars dernier Terres Inovia, institut technique en charge du chanvre, a lancé son nouveau site web. Ce qui change ? Des informations personnalisées, des actualités de campagne au fil de l’eau et une plus forte interactivité avec les agriculteurs et les techniciens. Le site propose en effet une entrée par culture dont une pour le chanvre. Une fois sur la page Chanvre, il est possible de chercher les informations techniques de références par grandes périodes de la culture (préparation de la campagne, implantation, phase végétative, maturité/récolte) ; la page s’ouvre par défaut sur la période en cours. Autre nouveauté : la possibilité de créer un compte pour y retrouver des actualités et des informations techniques de référence plus personnalisées, c’est-à-dire correspondant à ses cultures d’intérêt (sélectionnées lors de la création du compte) et à sa région.


Economie

Doublement des surfaces de chanvre entre 2011 et 2017

Si entre 1997 et 2011, la surface totale de chanvre restait comprise entre 6 000 et 9 000 ha, depuis la production connaît une hausse importante de sa sole pour atteindre 18 500 HA en 2017 grâce notamment au développement des surfaces en Maine-et-Loire, Marne, Seine-et-Marne, Vendée et Jura. Les cinq premiers départements producteurs sont l’Aube (4 981 ha), la Vendée (1 525 ha), le Maine-et-Loire (1 519 ha), la Seine-et-Marne (1 497 ha) et la Marne (1 373 ha). Ces statistiques concernant les surfaces de production par département seront bientôt accessibles sur le site d’InterChanvre.


Réglementation

Chanvre et future Pac : où en est-on ?

Suite à la recomposition du parlement européen, le projet de la future Pac risque d’être amendé cet automne, voire peut-être de repartir à zéro. De ce fait, l’application de la nouvelle Pac sera repoussée au-delà de 2021 avec, entre temps, une période transitoire avec des règles à définir. Par ailleurs, en supprimant un pays contributeur, le Brexit va réduire le budget alloué. Si l’Europe souhaite encore réduire de 5 à 15 % le niveau des aides, la France cherche à maintenir un niveau assez élevé. Pour le chanvre, qui a pour l’instant une aide couplée, l’objectif est de faire reconnaître ses atouts environnementaux pour bénéficier d’une aide à ce titre. Le communiqué du Copa-Cogeca (qui regroupe les organisations professionnelles agricoles et les coopératives européennes) du 11 juin dernier plaide déjà en ce sens : « Son utilisation dans la rotation devrait être encouragée par des paiements complémentaires pour les cultures à avantages environnementaux significatifs. » Pour défendre cette position à Bruxelles, InterChanvre va maintenant avoir recours à un cabinet de lobbyistes.


Revue de presse

27 juin 2019 : Dans un article intitulé « Ils inventent les matériaux de demain », Paris Match met en avant l’utilisation du chanvre dans l’automobile avec la société APM.

27 mai 2019 : L’Est éclair (Aube) publie l’article « Du chanvre pour désherber » qui relate le paillage de chanvre (pour empêcher la pousse des mauvaises herbes) réalisé dans une parcelle qui accueillera bientôt des vignes.

7 mai 2019 : Reportage de France 3 sur la filière chanvre dans l'Yonne avec Geochanvre, la ville d'Auxerre, la coopérative 110 Bourgogne et un producteur de chanvre.

26 avril 2019 : Article du journal Le Pays Briard sur les débouchés du chanvre visés par Planète Chanvre.


Agenda

A venir

19 septembre : 5e colloque « Fibres naturelles et polymères » à l’UTT (Troyes) co-animé par APM et FRD permettra de faire un point complet sur les derniers développements dans l’utilisation des fibres naturelles dans le domaine de la plasturgie et des composites.

20 septembre : Assemblée Générale de Construire en Chanvre à Paris

Ça s’est passé

4 et 5 juillet : les 24h du Pole IAR à l’UniLaSalle à Beauvais pour les Awards de l’innovation d’IAR 2018 et des rendez-vous d’affaires avec plus de 260 participants.


18 juin : Rencontre organisée par l’association Lin et chanvre bio à Yvetot (Seine-Maritime) : visite de parcelles de lin et de chanvre, visite du teillage d'Agylin et tables rondes dont une sur "Le Made in chanvre en France" (état des lieux de l’avancée des projets en cours dans la filière chanvre textile et perspectives). Cet événement a regroupé 160 personnes dont 20 intervenants que sur le chanvre textile, venus de France, Belgique, et Italie.

Copyright Corinne STAGEN

28 mai : Assemblée Générale du Pole IAR. InterChanvre est membre du Pôle de compétitivité pour mieux servir les intérêts de la filière chanvre.


14 mai : Séminaire stratégique d’InterChanvre. Si nous devions résumer ce séminaire en une phrase, nous dirions « Plus forts ensemble ».


10 mai : Meet-up de la Solideo (Société de livraison des ouvrages olympiques) à la CCI de Paris pour mettre en relation les promoteurs intervenant sur le village olympique des JO 2024 et les entreprises en capacité de participer à sa construction.


 

Newsletter du Chanvre N°4 (spécial congrès) : avril 2019


Crédit photo Alain Goulard

Cette newsletter N°4 fait écho au congrès All Hemp, premier événement autour du chanvre organisé en France le 5 février dernier par InterChanvre, un congrès sous le signe de la performance du chanvre à tous les niveaux, qui a réuni 150 participants. « Cette journée était un vrai défi à elle seule, défi relevé », estimait Dominique Briffaud, Président d’InterChanvre. « Rendez-vous dans deux ans ! »

Retour sur les moments forts de cette journée.

Les Hommes de la filière

Paul Delduc croit au chanvre comme matériau d’avenir en construction

« Je suis très heureux de vous dire tout le bien que le Ministre pense du chanvre comme matériau d'avenir pour la construction », lançait Paul Delduc, directeur général de l’aménagement, du logement et de la nature au ministère de la transition écologique, en clôture du congrès. « Les atouts écologiques de la culture ainsi que sa production et sa transformation créatrices d'emplois non délocalisables nous intéressent fortement. Mais également ses performances techniques qui permettent à la fois de rénover et de construire en chanvre de façon moderne. Le ministère continuera à soutenir votre filière, à l’instar des travaux de caractérisation des matériaux à base de chanvre. La future réglementation environnementale, attendue pour 2020, devrait favoriser les matières premières biosourcées. Il est important que votre filière soit présente dans les discussions qui se dérouleront en 2019. Il faudra également que le chanvre soit utilisé pour la construction des futurs villages olympiques. Nous avons encore plein de choses à faire ensemble ! »

Crédit photo Alain Goulard

Les débouchés

Construction : informons et formons les intervenants du secteur !

Comparé aux matières premières fossiles, la chènevotte et la fibre de chanvre possèdent des atouts indéniables pour le secteur de la construction : ressource renouvelable et locale, impact carbone positif, énergie verte. Mais ce sont surtout leurs performances techniques qui convainquent ceux qui les ont testées : propriétés thermiques, hygroscopiques, acoustiques, de résistance au feu, de durabilité… « De plus, réglementairement, le béton de chanvre est reconnu comme une technique courante, donc assurable », rappelle Quentin Pichon, architecte et ingénieur à CAN-ia. « Tout ce qui a été mis en œuvre depuis trente ans pour promouvoir ce mode constructif, notamment les règles professionnelles, va maintenant porter ses fruits. Les JO 2024 en sont un exemple. » Pour tous les intervenants de la table ronde Construction, développer l’intégration du chanvre dans les projets de construction, passe par l’information et/ou la formation des artisans, architectes, instructeurs de permis de construire et d’aménagement, mais également les futurs acquéreurs. C’est dans cette optique que Construire en Chanvre et InterChanvre viennent de sortir un rapport technique sur la filière Chanvre Construction et un annuaire des entreprises pour les JO 2024.

Crédit photo Alain Goulard

Plasturgie et textile : allègement, recyclabilité, performances mécaniques... 

Pour remplacer la fibre de verre, le chanvre séduit le secteur de la plasturgie par ses performances techniques plus que par son origine biosourcée. « A coût identique, la masse de la pièce est réduite et l’empreinte carbone du véhicule améliorée », explique Gérard Liraut du groupe Renault dont les planches de bord de la Megane contiennent du chanvre. « De plus, le taux de recyclabilité de ces pièces n’est pas perturbé par le chanvre alors que d’autres matériaux biosourcés ne sont pas recyclables (pneumatiques, cuir) ou difficilement (coton, laine). » « Le secteur du poids lourd commence à s’y intéresser », poursuit Karim Behlouli d’EcoTechnilin, fabricant de textiles non-tissés. « Le chanvre nous intéresse notamment pour ses performances en termes d’atténuation des vibrations, pour l’aspect esthétique, mais aussi pour sa qualité et son prix constants. En aéronautique, la première application vole aujourd’hui et en aérospatiale, un projet est en phase de R&D pour des nez de fusée grâce à ses bonnes performances mécaniques et à sa résistance au feu. »

Crédit photo Alain Goulard

Alimentation : des graines riches en protéines et en omega 3 

« Le chènevis (graine de chanvre) est une des cinq matières premières les plus riches en protéines végétales (32 %) avec autant de protéines dans 58 g que dans 100 g de steak et tous les acides aminés essentiels », précise Béatrice de Reynal, docteur en nutrition. « S’y ajoute un très bon profil lipidique : pauvre en acides gras saturés (les plus néfastes pour la santé) et riche en omega 3 avec un ratio omega 6/omega 3 de cinq (proche du ratio idéal de quatre) contre 20 dans notre alimentation habituelle. Le chènevis est également plus riche en minéraux et en vitamines que la plupart des graines. Il peut être consommé à tout âge de la vie ; aucune intolérance n’est connue à ce jour. » « Notre intérêt pour le chènevis riche en oméga 3, peu exigeant en intrants et produit localement, a abouti au lancement de deux desserts à base de chanvre en 2014 », témoigne Gwénaële Joubrel de Triballat. « Nous fondons beaucoup d’espoirs de développement sur ce marché, actuellement de niche. »

Crédit photo Alain Goulard

Sur le terrain

Pour la première fois en 2018, l’expérimentation sur la culture du chanvre (jusqu’à présent conduite par Terres Inovia) a été portée par les chanvrières. Celles-ci ont défini en janvier 2018 les axes de recherche qu’elles souhaitaient mettre en commun : expérimentation sur les mycorhizes, la fertilisation azotée… Après avoir centralisé les résultats d’essais de la campagne 2018, Terre Inovia en a présenté la synthèse en février 2019. La méthode de travail a été affinée pour cette nouvelle campagne ; la co-construction de l’expérimentation par les chanvrières fonctionne. De son côté, l’institut technique soutient, chaque année, une chanvrière en matière de conseils aux producteurs. L’an dernier, GatiChanvre, dernière chanvrière inaugurée en septembre 2017, en a bénéficié lui permettant ainsi de peaufiner les itinéraires techniques de ses producteurs.

Crédit photo EuroChanvre

Economie

Produits alimentaires à base de chanvre : boom de l’innovation depuis 5-6 ans

Selon EcoZept, bureau d’études franco-allemand missionné par InterChanvre et intervenant au congrès All Hemp, plusieurs tendances alimentaires au niveau mondial soutiennent la croissance des surfaces de chanvre : la recherche de produits sans gluten, de produits crus, riches en protéines, super-food... Le développement de nouveaux produits à base de chanvre s’est amorcé depuis 2008, avec une accélération à partir de 2013, pour atteindre un sommet en 2016. En Europe, l’innovation a vraiment explosé depuis 2015, avec l’Allemagne comme pays largement leader alors que sa production est faible (3 100 ha). 56 % du chènevis européen est dédié à l’alimentation humaine. La France cultive 16 400 HA avec 7 % des surfaces en bio en 2017 (contre 47 % au Canada, 53 % en Allemagne) et produit 9 100 t de chènevis (650 t en bio) dont 15 % seulement pour l’alimentation humaine. « Pour l’avenir, le challenge de la France sera d’orienter la production de chanvre vers le bio et l’alimentaire », estime Burkhard Shaer d’EcoZept.


Au-delà des frontières

Allemagne : une production de chènevis en pleine croissance

La filière chanvre allemande s’est reconstruite à partir de 1995, la culture étant interdite auparavant, pour atteindre 3 100 HA en 2018 et 1 000 t de chènevis dont 60 % pour l’alimentation humaine. « La demande en graines est croissante surtout en bio, mais pour de nombreux producteurs en conventionnel, le chènevis reste un sous-produit rémunéré 1 000 à 1 500 €/t contre 2 000 à 3 000 €/t en bio », explique Burkhard Shaer d’Ecozept. Le pays compte deux principaux transformateurs (Hempro et Hanf & Natur) et quelques moulins. « La production de chènevis devrait continuer de croître de manière dynamique ces prochaines années, les grands groupes agroalimentaires s’y intéressant avec des besoins en volume conséquents. Mais cette croissance potentielle dépendra aussi de la réhabilitation de l’image du chanvre et de l’amélioration de la législation. La problématique des résidus de THC et le placement sous la loi sur les stupéfiants constituent les principales barrières freinant les metteurs en marché de chènevis. »


USA : libéralisation de la culture du chanvre 

La production de chanvre aux USA a été jugulée par le système des licences par État. En 2018, 41 Etats l’autorisaient mais elle se concentrait cependant sur deux ou trois d’entre eux, avec une forte hausse de production entre 2017 et 2018 (+ 213 %). Le pays est le plus gros importateur de produits à base de chanvre dans le monde (90 % en provenance du Canada). Mais les volumes importés reculent depuis 2015 en raison de la hausse des surfaces, hausse qui devrait se poursuivre. En effet, depuis le 11 décembre 2018, le chanvre est considéré comme une culture agricole banale et non plus contrôlée ! Les USA seront ainsi bientôt en mesure d’exporter. Le chiffre d’affaires des ventes de produits à base de chanvre s’élève à 722 M€ (en 2017) dont 23 % pour un usage thérapeutique (CBD), 22 % en cosmétique, 17 % en alimentation humaine. Le chanvre est considéré comme un super-food aux USA et le bio tire aussi le marché. La qualité des protéines et leur taux élevé constituent des arguments spécifiques de vente.


La construction en chanvre se développe hors France 

« Sur le plan mondial, la France est la référence en terme de construction en chanvre grâce à plus de 25 ans d’expérience (aucun autre pays n’a ce recul), de nombreuses constructions et ses règles professionnelles », précise Daniel Daviller, vice-président de Construire en Chanvre et DG délégué de Construction Lhoist Southern Europe. « Mais certains pays progressent très vite en s’appuyant sur les avancées techniques et réglementaires françaises. Ainsi, la Chine est le premier pays en terme de nombre de brevets déposés en matière d’environnement et de durabilité. La Belgique est engagée dans une démarche de normalisation de la construction biosourcée et de réglementation thermique prenant en compte l’effet hygrothermique. Le chanvre est performant quel que soit le climat. L’Australie a construit un éco-village qui fonctionne très bien même avec 40 °C à l’extérieur. Au Japon (chaud et 100 % d’humidité), le chanvre trouve aussi sa place. En Europe, la Grande-Bretagne ou encore la Pologne s’y intéresse, de même que des pays froids comme la Suède qui avance très vite avec moins de contraintes réglementaires que la France. »

Crédit photo Alain Goulard

Revue de presse

Retombées presse du congrès

Mars 2019 : dans son dossier « La biomasse à la conquête de l’industrie », Culture Agri, le magazine de l’actualité durable, interviewe APM pour le secteur automobile et consacre une pleine page au « Chanvre candidat pour les JO de 2024 ».

Février 2019 : Version Fémina publie un article sur le chanvre dans l’alimentation.

Autres retombées presse

23 février-3 mars : Diffusion au SIA des videos de la web-série (saison 3) de Terres OléoPro sur le chanvre.

2 mars : Nathalie Fichaux, directrice d’InterChanvre, est intervenue dans Paroles d’experts sur le plateau de VillageSemence au SIA animé par Philippe Lefebvre, pour présenter la filière et les différents débouchés du chanvre, aux côtés de Sébastien Windsor, président de l’Acta (pour les aspects techniques de la culture).

10 mars : JT de TF1 du soir dans la rubrique « Demain » : le chanvre comme alternative biosourcée au plastique utilisé dans la fabrication des bouteilles.

Agenda

25 avril

Assemblée générale de Bleu-Blanc-Coeur à Angers. InterChanvre sera présent.

10 mai

Meet-up de la Solideo (Société de livraison des ouvrages olympiques) à la CCI de Paris pour mettre en relation les promoteurs intervenant sur le village olympique des JO 2024 et les entreprises en capacité de participer à sa construction.

18 juin

Assemblée générale de Construire en Chanvre à Paris, dans l’amphithéâtre de la Région Ile-de-France avec Valérie Pécresse.

Ça s’est passé

27 février : la Cavac, lauréat national des Trophées de la Bioéconomie pour ses produits d’isolation à base de fibres de chanvre, a reçu son prix des mains du Ministre de l’agriculture au SIA. Ce concours récompense des projets de filière valorisant des bioressources afin de proposer des solutions biosourcées pouvant se substituer aux ressources fossiles. Lors de cette première édition, onze lauréats régionaux avaient été sélectionnés dont Gatichanvre pour l’Ile-de-France. Sur la quarantaine de dossiers en compétition, quatre concernaient le chanvre.


3 au 5 avril : 9e Forum International Bois Construction à Nancy et Epinal avec notamment la présentation des cahiers des charges du village olympique des sportifs des JO 2024.


12 avril : Assemblée générale de l’Ordre des architectes d’Ile-de-France (Paris) sur le thème « La construction en circuit court » avec la participation de Margaux Pétillon de l’agence d’architecture CAN-ia pour présenter le bâtiment de la mairie des Sables d’Olonnes construit en circuit court avec du béton de chanvre préfabriqué. Construire en Chanvre y a tenu un stand.

 

Newsletter du Chanvre N°3 : 10 décembre 2018

Agenda

5 février 2019 : Premier congrès de la filière chanvre All Hemp

Organisé par InterChanvre, il se tiendra à l’ESIEE à Noisy Le Grand (93) de 10h à 17h30. Il s’agit d’une première internationale organisée en France. Objectif : montrer la diversité des débouchés industriels potentiels du chanvre au travers de plusieurs tables rondes (bâtiment, plasturgie, alimentation et cosmétique). L’après-midi, deux sous-commissions en simultané plancheront d’une part sur les capacités de la filière chanvre dans le secteur de la construction (avec notamment le sujet du Village Olympique 2024), et d’autre part sur le marché alimentaire (résultat d’études et tendances). Un cocktail clôturera le congrès.


Les hommes de la filière

Katia Joyeux veut former des jeunes à construire en chanvre

« Notre lycée situé à La Rochette près de Melun (Seine-et-Marne) forme des élèves de la 3e au BTS dans les métiers du bâtiment », précise Katia Joyeux, proviseure. « Nous avons le projet d’intégrer l’utilisation du chanvre dans nos formations. Tout est parti du projet d'écoquartier (plus de 2 700 logements) de la ville de Melun avec l'idée d’utiliser des matériaux biosourcés pour la construction. Brigitte Tixier, vice-présidente de Construire en Chanvre Ile-de-France et adjointe à la mairie de Melun en charge du projet, y a vu l'opportunité de créer une formation pour les jeunes de l’agglomération. J’ai rencontré, entre autre, différents acteurs de la filière chanvre locale, puis travaillé avec les professeurs sur cette idée. L’ouverture d’une Formation Complémentaire Initiative Locale (FCIL) « encadrement de chantiers utilisant des matériaux biosourcés » est en cours de validation pour former huit à douze élèves en un an en post-bac. Il reste maintenant à construire le contenu. Pour cela, nous souhaitons y associer les entreprises de la région qui utilisent déjà les matériaux biosourcés. »


Les débouchés

Dans le Var, un bâtiment public en béton de chanvre

A La Garde près de Toulon, le département du Var se dote d’une Maison de la Nature en matériaux biosourcés. Le projet, actuellement en cours de construction, est situé sur un espace naturel sensible. Les élus ont retenu un architecte qui leur a proposé le béton de chanvre comme matériau innovant, recouvert d’un enduit chaux-sable, pour respecter le cahier des charges Haute Qualité Environnementale. « Cela permettait de réduire la consommation d’énergie pour le chauffage ainsi que les émissions de gaz à effet de serre (car on stocke du carbone au lieu d’en rejeter) et d’utiliser un produit local (la chaux) », explique Daniel Bayol de DB Chanvre Construction, maître d’œuvre qui a élaboré le cahier des charges pour la mise en œuvre du béton de chanvre projeté avec ossature bois. 80 m³ ont été nécessaires pour couvrir les deux murs sur la longueur du bâtiment, soit 660 m².


Peugeot confirme son intérêt pour le chanvre 

La marque au Lion avait été une des premières à être convaincue en 2013 par les avantages d’un matériau plastique chargé en chanvre pour les panneaux de portes de sa 308. Cette fois-ci, c’est pour la nouvelle version de son modèle haut de gamme (la 508). Un matériau plastique produit par APM, avec 20% de chanvre fourni par la coopérative Interval, sera utilisé pour un élément de sa planche de bord. A la clé : un allègement de plus d’1 kg par véhicule, soit 22% de gain de masse sur la fonction concernée. A raison de 80 000 véhicules produits sur six ans, l’économie de carburant sur les dix ans de circulation de la flotte (avec 10 000 km/an/véhicule) est de 512 000 l et la réduction des émissions de CO2 de 7 500 t. Ce type de gain aide les constructeurs à répondre à la nouvelle norme WLTP relative aux émissions de CO2, entrée en vigueur au 1er septembre 2018. D’ici huit ans, plus de 13 millions de véhicules utiliseront ce type de matière permettant de réduire l’empreinte environnementale.


Cosmétique : Ho Karan chez Nature & Découverte et Séphora 

Jeune entreprise bretonne de cosmétique, Ho Karan compte à sa gamme huit produits dont The Morning Miracle (contour des yeux anti-cernes, anti-poches) son best-seller, l’huile stupéfiante pour corps, visage et cheveux et le déodorant pouvoir naturel à la pierre d’alun. Fabriqués par un laboratoire partenaire situé à Nouvoitou (Ille-et-Vilaine) spécialisé dans la cosmétique naturelle, les produits Ho Karan intègrent entre autre ingrédient, de l’huile de chanvre issue de la production bio locale. Depuis mars 2018, toute la gamme (sauf les lingettes) est accessible dans les magasins Nature & Découverte en France, en Belgique et en Suisse. Et depuis septembre 2018, les huit produits d’Ho Karan sont également référencés par Sephora on line et seront en magasin dès la troisième semaine de janvier 2019. Pour Laure Bouguen, fondatrice d’Ho Karan, passionnée par le chanvre et ce que l’on peut en faire, « ces nouveaux référencements constituent une formidable vitrine. En sortant nos produits à l’huile de chanvre des magasins bio classiques comme NaturéO, ils les rendent plus accessibles. »


Sur le terrain

Une journée découverte chez HEMP it

Le 9 novembre 2018, Hemp it, coopérative des producteurs de semences de chanvre (anciennement CCPSC) a accueilli ses administrateurs et ceux de la FNPC, les personnalités ayant contribué au déménagement et à la modernisation de Hemp it, ainsi que le cabinet d’architecture et l’agence de communication, afin de présenter la suite de son projet de réorganisation. La journée a débuté avec les discours de Christophe Février, directeur de Hemp it, et des présidents de la coopérative et de la FNPC. Elle s’est poursuivie par des ateliers organisés au sein de l’établissement et dans l’usine, afin d’illustrer le parcours des graines récoltées, de la recherche au conditionnement et à la vente de celles-ci. Une visite du laboratoire de R&D situé sur le site d’Agrocampus à Angers a ensuite permis de découvrir l’aspect « recherche » avec notamment la culture in vitro et sous serre.


© HEMP it

Economie

La filière chanvre signe un partenariat avec la filière bois

InterChanvre et l’UICB (Union des Industriels et Constructeurs Bois) s’associent pour un partenariat inédit au travers d’une convention signée en octobre. Les deux structures ont en effet la même volonté de promouvoir le recours aux solutions de construction biosourcées renouvelables (le bois et le chanvre). Les deux matériaux ont de nombreux bénéfices communs en termes de performances pour le bâtiment et de respect de l’environnement. InterChanvre et l’UICB s’engagent ainsi à promouvoir le mix bois/chanvre, l’un en structure porteuse, l’autre en solution d’isolation performante sur le plan thermique et hygrothermique. Leurs expériences et expertises, ainsi que les informations relatives à des travaux réglementaires ou normatifs en cours concernant la construction biosourcée seront partagés. InterChanvre et l’UICB mènent déjà des actions communes et mettent autour de la table des entreprises motivées pour faire évoluer les process de préfabrication pour des chantiers de grande ampleur comme les JO 2024.


Au-delà des frontières

AG de l’EIHA : nouvelle directrice et les traces de THC

Suite au départ en retraite de son animateur Mickael Karus, l’EIHA recrute une lobbyiste pour lever les freins au développement du chanvre au niveau européen. Lorenza Romanese, Italienne basée à Paris et Bruxelles, parlant français, anglais, italien et espagnol, et lobbyiste depuis des années, maîtrise tous les rouages des institutions européennes et connaît les interlocuteurs influents. Cela servira la filière chanvre. Pour la salarier et lui donner les moyens d’agir, le budget de l’EIHA va s’accroître. L’augmentation des cotisations a été votée par l’AG du 9 novembre dernier à Cologne (Allemagne). Lorenza prendra ses fonctions le 1er février 2019.


Réglementation

Récolte de l’inflorescence pour usage thérapeutique : où en est-on ?

Dans les négociations avec le Ministère pour concevoir le plan filière fin 2017, InterChanvre a demandé l’autorisation de récolter l’inflorescence du chanvre. L’objectif visé est d’apporter de la valeur ajoutée à la filière en exploitant le CBD (actif sans effet stupéfiant contrairement au THC) issu de variétés à moins de 0,2 % de THC, si cela devient autorisé. Au premier semestre 2018, plusieurs réunions inter-ministérielles (Agriculture, Santé, Intérieur, Finances) ont eu lieu afin de faire évoluer la réglementation. Le 5 décembre, Nathalie Fichaux, directrice d’InterChanvre, intervenait à l’Assemblée Nationale lors d’une table ronde sur les perspectives économiques de la légalisation du cannabis thérapeutique en France. Un groupe de travail initié par l’UTC s’est réunit le 7 décembre au Sénat avec les ministères concernés afin de faire un point réglementaire et potentiellement avancer ensemble. Tous attendent l’avis de l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament qui doit être remis mi-décembre sur les bénéfices ou pas apportés par le cannabis thérapeutique.


Revue de presse

Le chanvre et sa filière ont été mis à l’honneur sur le petit écran cet automne :

18 septembre : JT de 20h sur TF1 avec un reportage sur la construction de logements avec des matériaux biosourcés dont le chanvre.

https://www.lci.fr/green/chanvre-riz-algues-voici-les-materiaux-de-la-maison-du-futur-habitat-vegetal-2098834.html

11 octobre : JT de 13h sur France 2

https://www.facebook.com/defibresenmusique/videos/1084217045092853/

20 octobre : Reportage à 12h45 sur M6 sur les bienfaits du chanvre

https://www.youtube.com/watch?v=dCjIPUs2c3E


Ça s’est passé

6 novembre 2018 : lancement du pôle européen du chanvre à Saint-Lyé (10) 
François Baroin Président de Troyes Champagne Métropole, Jean Rottner Président de la région Grand Est et Benoit Savourat, Président du Collectif 3C Grand Est, ont lancé le projet de "Pôle Européen du chanvre", qui permettra à ce matériau d'avenir, d'accroitre sa visibilité. La filière chanvre locale est en effet appelée à devenir un secteur d’excellence, générateur d’activité et d’emplois, le chanvre présentant de véritables atouts techniques et économiques pour répondre aux nouvelles exigences industrielles, environnementales et sociétales.


20 novembre 2018

Ouverture d’un lieu d’accueil pour la petite enfance et pour les loisirs réalisé en béton de chanvre à la Ferté-Gaucher (Seine-et-Marne). Ce bâtiment symbolise la dynamique en cours à la Ferté-Gaucher. 3a2u architectes et la Maîtrise d’ouvrage ont en effet opté pour des solutions constructives en phase avec le « produire local », notamment le chanvre.


9 et 10 novembre 2018 : salon Chanvre Construction à Noyal sur Vilaine (35) 
Après la projection du film « Le chanvre à venir » et un cycle de conférences dédiés aux professionnels le vendredi, le salon a ouvert ses portes le samedi au grand public sur le thème «Venez construire votre maison en chanvre » avec une dizaine d’exposants du secteur.


22 septembre 2018 : Portes-ouvertes Chanvre Mellois 

Une centaine de personnes (grand public et professionnels) ont profité des portes ouvertes de Chanvre Mellois, groupement de producteurs de chanvre fermier des Deux-Sèvres, pour s’informer sur les caractéristiques de ce matériau pour un usage dans le secteur du bâtiment. Y intervenaient Delphine Batho (députée), Damien Marchand (Cluster Eco Habitat Nouvelle-Aquitaine) et Arthur Hellouin de Ménibus (Chanvrier en Circuits Courts).


15-16 septembre 2018 : Journée du Patrimoine (Paris) 

Pour la première fois la filière Chanvre s’exposait dans le plus beau salon du Ministère de l’Agriculture aux côtés de la filière lien déjà présentes les années passées avec la CELC (Confédération européenne du lin et du chanvre). Parmi les 9 000 visiteurs de ces deux journées, nous avons pu échanger avec certains, très intéressés et étonnés par la diversité des débouchés du chanvre.

 

Newsletter du Chanvre N°2 : 5 septembre 2018

Les hommes de la filière

Maxime Charrier, artisan en isolation, convaincu par le chanvre

Maxime Charrier a créé son entreprise (Solecobois) en 2011 à Guéret (Creuse) avec son père. Solecobois isole des bâtiments avec des matériaux uniquement d'origine végétale, notamment ceux à base de chanvre (gamme Biofib’Isolation). Pourquoi ? « Il y a d'abord le côté végétal, c'est-à-dire renouvelable, qui améliore le bilan carbone. Utiliser du chanvre, c’est aussi retrouver un matériau ancien qui a déjà fait ses preuves. De plus, en termes de durabilité, la fibre végétale est incomparable. Contrairement aux matériaux d'origine minérale qui absorbent toute humidité de l'air, le chanvre est perspirant et ne se détériore pas. Enfin, les utilisateurs de ces bâtiments et habitations ressentent réellement une sensation de mieux-être. Sans compter que pour nous, artisans, le chanvre est un produit très agréable à travailler. Nous captons de nouveaux clients par le biais d’un besoin en isolation. Nous leur expliquons ensuite l’intérêt des produits d'origine végétale. »


Les débouchés

Construction : Premier bâtiment avec des panneaux préfabriqués en béton de chanvre

Les services Informatique et QSE de Triballat Entreprise agroalimentaire familiale spécialisée dans les domaines du bio, du végétal dont le chanvre, des fromages et de la nutrition) basé à Noyal-sur-Vilaine (35), sont maintenant installés dans un bâtiment en béton de chanvre. A la clé : confort thermique, hygrométrique, sanitaire et acoustique. Quentin Pichon de l’agence CAN-ia a assuré une partie de la maîtrise d'œuvre et d’éxécution, en collaboration avec Christophe Lubert de LB Eco Habitat. 31 panneaux d’une hauteur d’un étage ont été préfabriqués dans l’atelier LB Eco Habitat de Bédée (35) avec une ossature bois et 28 cm en béton de chanvre. « C’est le premier chantier de cette envergure en préfabriqués », précise Christophe Lubert. « Cela a permis 20 à 30 % d’économie (temps de séchage, matière première...) comparé au béton projeté sur chantier. » Pour la toiture, 37 cm de béton léger (70 kg /m²) ont été projetés sur place. Le bâtiment est conforme au Label E+C- et en cours de labellisation BBCA. « Il a coûté moins de 3 % de plus qu’une solution conventionnelle », souligne Quentin Pichon. « Mais les économies de climatisation et de chauffage rééquilibrent le budget. »


Village olympique 2024 : une carte à jouer pour le chanvre 

Pour les JO 2024, plus de 3000 logements devront être construits sur 30 HA en Seine St Denis et sur huit étages. Pas moins de deux ans de travaux avec 80 chantiers simultanés. Comment y parvenir dans les délais, dans le budget et sans polluer ? 30% des gaz à effet de serre proviennent en effet de l’immobilier et l’État souhaite des JO respectueux de l’environnement. Le projet 2024 mise donc sur les matériaux préfabriqués et biosourcés. La durabilité est également un critère important dans l’attribution des marchés car ces résidences seront ensuite reconverties en logements sociaux. Sur tous ces points (réduction des émissions de CO2 lors de la construction, performances thermiques et hygrothermiques réduisant les consommations d’énergie, durabilité), le chanvre a une carte à jouer. Et ce, d’autant plus que la construction du bâtiment de Triballat a démontré grandeur nature que le béton de chanvre en préfabriqué répond aux exigences du projet en terme de rapidité de construction (moins de deux semaines de montage pour 1 000 m²).


Automobile : Renault convaincu par le chanvre 

Depuis avril 2018, Renault utilise un matériau plastique composé de 20% de fibres de chanvre pour la planche de bord de sa Mégane. Ce modèle, lancé fin 2015, est ainsi allégé de 1,25 kg, soit 23% de gain de masse sur la fonction concernée. A raison de 900 véhicules/jour produits sur trois ans, la réduction des émissions de CO2 sur les dix ans de circulation de la flotte, avec 10 000 km/an/véhicule, est de 12 500 T. La baisse de la consommation de carburant permet également de faire 103 millions de kilomètres supplémentaires pour l’ensemble de la flotte avec la même quantité de carburant. « Ce résultat est le fruit d’un travail acharné de toutes les équipes depuis quatre ans, afin de convaincre Renault d’utiliser ce type de matière innovante sur un de leur modèle phare », souligne Pierre Demortain d’APM. « L’implication des dirigeants de la coopérative Interval a été déterminante pour donner les garanties nécessaires au constructeur en termes de qualité et de réduction de l’impact environnemental (reconnu à -22% par Renault comparé aux solutions standard du marché). »


Alimentation : bientôt un cahier des charges « chènevis français » 

« Au niveau mondial, on trouve de plus en plus de chènevis avec des taux de THC et une conduite culturale d’un niveau de qualité moindre que ceux du chènevis français », explique Julien Guillon, responsable technique filière chanvre à la Cavac. InterChanvre a donc travaillé avec plusieurs chanvrières à la rédaction d’un cahier des charges « chènevis français ». Objectif : différencier la production de l’Hexagone en apportant quatre garanties, à savoir une origine France, un produit non OGM, avec un THC < 0,2 % et un taux de résidus phytosanitaires proche du zéro. « La première étape de cette démarche est d'apporter ces garanties aux acheteurs de chènevis pour le marché alimentation humaine, puis dans un second temps, de toucher le consommateur final avec l’apposition d’un logo sur les produits en rayon. C’est essentiel si on veut créer une filière et de la valeur ajoutée pour le producteur. » Ce cahier des charges, en cours de finalisation, sera diffusé aux producteurs à partir de février 2019 par les chanvrières qui souhaitent entrer dans la démarche.


Economie

En Italie, des aliments plus light grâce au chanvre

À l'issue des États généraux de l’alimentation (EGA), le gouvernement a présenté un projet de loi pour l’équilibre des relations commerciales. Objectif : rendre les prix d’achat des produits agricoles plus rémunérateurs pour les agriculteurs et améliorer les relations commerciales et contractuelles entre les producteurs, les transformateurs et les distributeurs. Pour ce faire, le projet de loi prévoit que le calcul des prix figurant dans les contrats se base sur des indicateurs de coûts de production et de prix de marché, indicateurs qui seront construits et diffusés par les interprofessions. Interchanvre travaille actuellement à la rédaction d’un contrat type avec une liste d’indicateurs qui pourront être adaptés par chaque bassin de production de chanvre en fonction de leurs spécificités (débouchés, circuits courts ou longs…). Celui-ci devrait être finalisé cet automne. Il permettra aux producteurs de chanvre, qu’ils soient en circuit court ou long, de contractualiser avec la structure à qui il vendra sa production.


Près de 30 % de surface de chanvre en plus en Europe en 2017 

En 2011, les surfaces de chanvre européennes ont atteint leur plus bas niveau depuis 1994 avec seulement 8 000 HA. Depuis, la croissance a repris très fortement pour atteindre 25 000 HA en 2015, 33 000 HA en 2016 et 42 500 HA en 2017, notamment pour répondre à la demande du marché des produits diététiques (chènevis) mais également celui de l'industrie automobile (fibres de chanvre). L'Association Européenne du Chanvre Industriel (Eiha) prévoit une croissance modérée pour les prochaines années, voire une stabilité. Les plus grands pays producteurs sont la France (dont les surfaces progressent depuis 2013), l’Estonie, l’Italie, les Pays-Bas et la Lituanie. Le Royaume-Uni et la Roumanie, acteurs importants dans les années 1995-2005, voire 2010, ont quasiment disparu du paysage. En revanche, au cours des dernières années, de nombreux pays européens, comme La Lituanie et l’Estonie, ont démarré la culture.


Réglementation

Renouvellement de la CVO

La Contribution Volontaire Obligatoire est une redevance payée par les producteurs lors de leurs achats de semences de chanvre. Son montant est voté tous les trois ans par les producteurs et les transformateurs représentés au sein du conseil d'administration d'InterChanvre. Elle sert à financer un plan d'actions également défini pour trois ans, dans un cadre réglementé par le ministère de l’agriculture (avec qui des points d’étape sont réalisés tous les trois mois), et mis en œuvre par InterChanvre. Le 5 septembre 2017, le conseil d'administration d'InterChanvre a pu voter une baisse de la CVO à 0,70 €/kg de semences (au lieu de 0,75 €/kg) grâce à l’augmentation des surfaces, ainsi qu’un nouveau plan d'actions intégrant cette fois-ci un volet communication.


Les premières actions communication du plan triennal 

Depuis fin 2017, InterChanvre a déjà modernisé son logo, refondu son site web, créé des flyers téléchargeables sur le site (www.interchanvre.org/actu_presse-documents_de_reference) par type de débouché, lancé un club des communicants du chanvre, véritable relais pour la newsletter qui a vu le jour ce printemps. Une stratégie filière a été élaborée fin 2017, base de toutes les négociations avec le ministère de l’Agriculture. Une journée du chanvre a eu lieu pour la première fois au SIA cette année. Une agence relations-presse a également été engagée pour une meilleure visibilité de la filière dans les médias avec une première conférence de presse en juin dernier. Et pour expliquer toutes les facettes de la construction en chanvre, une maquette 3D a également été réalisée. Fin 2018, sortiront sur Youtube les premières web-séries sur le chanvre.


Agenda

15-16 septembre 2018 : Journée du Patrimoine (Paris)

Le Ministère de l’Agriculture invite pour la première fois la filière Chanvre à exposer dans ses murs aux côtés d’autres filières déjà présentes les années passées comme la CELC avec le lin (Confédération européenne du lin et du chanvre).


10-11 octobre 2018 : Congrès International Eco-plasturgie (Alençon) 

A l’occasion du Congrès International Eco-plasturgie « Osez les matériaux biosourcés ou recyclés ! » organisé par la SFIP (Société Française des Ingénieurs des Plastiques) et l’ISPA (Institut Supérieur de la Plasturgie d’Alençon), APM interviendra sur le thème de « L’accélération confirmée des performances des Fibres Naturelles et la nouvelle génération de matériaux NAFILean™ ».

http://www.sfip-plastic.org/cms/wp-content/uploads/2017/12/Prog_CongresSFIP_ISPA_IMTLilleDouai_BiosourcesRecycles.pdf

Ça s’est passé

11 juillet 2018

Reportage sur le chanvre alimentaire sur France 2 (Télématin) : https://www.france.tv/france-2/telematin/581085-conso-quand-le-chanvre-se-mange.html


20 juin 2018
 

Lors de son AG, Construire en Chanvre a élu son nouveau président : Jean-Claude Daniel, actuel trésorier du collectif 3C Grand Est (la première antenne régionale de Construire en Chanvre). Le conseil d’administration est également passé de 12 à 15 membres.


10 avril au 17 mai 2018
 

L’exposition « Construire en Chanvre » dans les locaux de l’Ordre des Architectes à Paris a fait connaître les enjeux du développement de la filière chanvre aux professionnels et au grand public.

 

Newsletter du Chanvre N°1 : 3 mai 2018

Les hommes de la filière

Dominique Briffaud, président d'Interchanvre : de la production à l'utilisation

« A la recherche de cultures qui sortent des sentiers battus, je me suis lancé dans la production de chanvre en 2007. Depuis 1988, la Cavac fabriquait, via Cavac Biomatériaux, des produits à base de chanvre cultivé dans la région pour le secteur de la construction. Cela m'intéressait de vivre cette aventure du champ à l'utilisation des produits finis. Aujourd'hui, j'en cultive entre 7 et 12 HA. En tant que président de l'organisation des producteurs livrant à la Cavac, je suis administrateur de Cavac Biomatériaux pour faire le lien entre la transformation et la production. Et pour aller jusqu'au bout de mes convictions, j'ai récemment fait construire ma maison en utilisant les produits finis : du béton de chanvre pour les murs et le sol sous le carrelage, de la chènevotte et de la chaux pour le sol sous le parquet et pour le crépi dans les chambres, et des rouleaux de fibres de chanvre pour la toiture. »


Les débouchés

Du béton de chanvre pour rénover une maison traditionnelle alsacienne

Le cabinet d’architecte Eichwald (Bas-Rhin), adhérent à Construire en Chanvre, a récemment participé à la rénovation d’une maison d'habitation alsacienne du 18ème siècle de 470 m². 95 m³ de chanvre ont été utilisés sous forme de béton de chanvre projeté pour isoler les murs extérieurs (12 à 20 cm) et les planchers intermédiaires (25 cm). « Le propriétaire en avait déjà entendu parler et souhaitait en utiliser », raconte Claude Eichwald. « C'est une maison à colombages, dont les remplissages sont en brique et en torchis. Les capacités de régulation hygrothermiques du béton de chanvre font que le choix de ce matériau était cohérent avec ceux déjà en place. Cela permet d'utiliser toute une gamme d'enduits (à base de sable, chaux, terre... ) pour la finition des murs, même dans les pièces humides. Mon client souhaitait une reconstitution historique mais avec le confort moderne ! » Le chantier a été réalisé en seulement dix jours par une entreprise bretonne (Aceis) grâce à une machine spécifique de grande capacité.

La DS 7 Crossback de PSA s'habille en chanvre 

Lancée début 2018, la DS 7 Crossback de PSA a troqué la fibre de verre pour le chanvre. Cinq kilos de résines thermoplastiques composées de 20% de fibres de chanvre ont en effet été utilisés pour fabriquer la planche de bord et les panneaux d'habillage des portes (voir schéma). Sur ces parties, le chanvre apporte un allègement de 1,35 kg, soit 21% de leur poids total. « Cela peut paraître peu en valeur absolue, mais une réduction de 20% est considérée par les constructeurs automobiles comme une rupture », précise Pierre Demortain d’APM qui fabrique ces résines. « Pour répondre à la réglementation européenne, ils sont à la recherche de tout allègement possible sur chacune des parties du véhicule. » Objectif : la réduction des émissions de CO2. Elle est de 0,1 g/km pour une réduction du poids du véhicule de 1kg, soit 6 000 t de CO2 sur les dix ans de circulation des 300 000 DS 7 Crossback (qui seront produites pendant six ans) en roulant 15 000 km/an.


Au-dela des frontières

En Italie, des aliments plus light grâce au chanvre

A l'instar de l'oeuf ou encore du sérum du lait, les protéines du chanvre ont des propriétés émulsifiantes qu'un industriel italien a exploitées pour remplacer l'oeuf afin de produire une mayonnaise « végétale ». La graine de chanvre est utilisée entièrement mais après un broyage qui libère la partie protéique. Ce produit est vendu dans les grandes surfaces italiennes au rayon bio. Le chanvre s'invite également à l'apéritif avec une préparation à tartiner pour toasts à base de courgettes et de graines de chanvre. Celles-ci apportent à la fois des bonnes protéines et des bonnes matières grasses. Ce produit, présenté à BioFach, le salon international des produits bio à Nuremberg, a été primé. «Le chanvre commence à entrer dans la composition de produits industriels car il apporte un goût nouveau, des propriétés fonctionnelles et permet un véritable rééquilibrage nutritionnel », souligne Pascal Mortoire de La Chanvrière. « C'est la première fois qu'il est utilisé de cette façon. C'est une réelle nouveauté ! »

Des grands sportifs se musclent aux protéines de chanvre 

A Gouarec en Centre Bretagne, Christophe Latouche est à la tête de L'Chanvre, spécialiste des produits alimentaires à base de chanvre bio. Depuis peu, il touche des consommateurs plus exigeants : les grands sportifs. « Je travaille avec un nutritionniste qui conseille des sportifs de l'ultra-trail, des marcheurs en montagne, des marathoniens… », raconte Christophe Latouche. « Ceux-ci recherchent une alimentation très riche en protéines car elles constituent la base des muscles qu'ils doivent entretenir quotidiennement.» Or les graines décortiquées et la farine de L'Chanvre contiennent respectivement 31 % et 45 % de protéines, à comparer aux 10-12 % de l'oeuf et aux 15-18 % des produits carnés, tout en ayant les mêmes acides aminés essentiels. «Lors de la Coupe de l'América 2017, certains marins les ont également utilisés comme repas de substitution. Le chanvre est un produit exceptionnel au niveau nutritionnel, une caractéristique qui commence à être enfin reconnue !»

Agenda

8 au 11 mai 2018 : Interzoo à Nuremberg (Allemagne)

Pour la seconde fois, la Chanvrière va promouvoir la litière de chanvre sur le plus grand salon commercial d'Europe dédié aux animaux de compagnie de tout type, de la nutrition aux équipements en passant par leur bien-être.

30 mars 2018 : Club de Biofib'isolation (Vendée) 

Une fois par an, Biofib’isolation (une des marques de Cavac Biomatériaux) accueille ses nouveaux adhérents, c'est-à-dire les utilisateurs d'isolants biosourcés à base de chanvre, notamment par une visite de l'usine pour leur faire découvrir la fabrication de ses produits isolants.

26 février 2018 : Journée du chanvre au Salon 

Pour la première fois au SIA, le chanvre s'est exposé avec tous les experts des différents débouchés de la filière. Invité également à la table ronde de la bioéconomie sur le stand du Ministère de l’agriculture, le Président d’InterChanvre a défendu le plan d’actions de la filière repris en partie dans celui de la bioéconomie : village olympique en matériaux biosourcés, mesures incitatives sur les isolants…